Les Fêtes de l’inégalité sociale

Qu’il fait bon aller marcher dans les quartiers riches de Montréal.

Avant même la tombée de la première neige, on y aperçoit de belles décorations qui annoncent, cette année encore, le temps des Fêtes.

On comprends que dans les quartiers riches comme Mont-Royal, Westmount ou Baie d’Urfé, les décorations ne viennent pas d’un “magasin du dollar”, bien au contraire. Chaque pièce de décoration semble avoir été choisie avec soin, pour embellir les lieux. C’est beau et franchement, ça donne dans la féérie.

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On aimerait que ce soit comme ça partout.

Avec des lumières et des décorations scintillantes qui soulignent ce moment de l’année où Noël et le Jour de l’an sont censés être l’apogée des réjouissances. Pour les uns, les riches et les membres de la classe moyenne aisée, c’est en effet un temps heureux mais pour les autres, pour une majorité appartenant à la classe moyenne pauvre ou carrément aux pauvres, c’est un épisode qui envoie des messages contradictoires.

Alors que les riches n’auront aucune difficulté à payer leur loyer et leurs comptes, les pauvres vivront l’épouvantables stress de boucler leur “fin de mois” et quel moment plus cruel que le 1er janvier car les comptes du début du mois, comme le loyer, n’attendent pas. Pas d’argent? Pas de loyer. C’est aussi simple que ça et pour un riche, cette réalité n’est qu’une vue de l’esprit mais pour un pauvre, c’est assez pour rendre le temps des Fêtes invivable.

Pas surprenant qu’autant de pauvres aient une humeur massacrante, dans le temps des Fêtes!

Imaginez les riches qui habitent les belles banlieues qui profitent de leur suprématie économique pour multiplier les fêtes bien arrosées et les montagnes de cadeaux luxueux, sans oublier les beaux voyages dans le Sud ou dans des “resorts” pour gens riches.

C’est à des années lumières des pauvres qui fêtent à peine, sans décorations et sans repas spécial parce qu’il vivent… dans la pauvreté.

Au Québec, les Fêtes sont devenues un formidable observatoire des inégalités sociales.

Alors que les députés de l’Assemblée nationale viennent de se voter des augmentations de salaire dépassant les 50%, il y a le ministre libéral Sam Hamad qui part en guerre contre “les méchants” assistés sociaux en promettant de leur couper au moins 50% de leur maigre prestation mensuelle, souvent sous la barre des 700$. C’est d’une arrogance sans fin.

Certes, il y a des assistés sociaux qui ont abusé du système mais la majorité des pauvres qui demandent cette aide de dernier recours en ont vraiment besoin alors Sam Hamad a beau vouloir “améliorer les choses”, il ne fera qu’augmenter la disparité économique entre les gens de SA classe sociale, les riches et les pauvres, dont il ne fait pas partie et dont il ne connaît pas la réalité.

Et cette infamie économique a lieu juste avant les Fêtes, comme pour ajouter l’insulte à l’injure.

Joyeux Noël, les pauvres… et arrangez-vous avec votre pauvreté, dirait sûrement Sam Hamad, en riant et en buvant son champagne, avec ses bons amis libéraux qui ont reçu leurs belles grosses nominations partisanes dans des postes parmi les plus lucratifs de la fonction publique. Entre amis riches, c’est naturel de s’aider mais les pauvres, eux, qu’ils s’organisent tout seuls.

Et au fond, c’est là un message très important.

Si les pauvres veulent arrêter d’être pauvres, ils doivent faire comme les riches et unir leur forces — s’aider entre-eux, comme les riches le font si souvent.

La disparité économique continue de prendre de l’ampleur, au Québec.

Les riches s’enrichissent (gagnent tous les “avantages économiques et fiscaux” de la croissance économique) et les pauvres s’appauvrissent (incapables de capitaliser sur le taux de croissance de l’économie, étant trop pauvres pour “posséder” quoique ce soit).

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C’est une situation qui rend même des riches mal-à-l’aise. Tellement qu’on les voit changer pour des véhicules moins luxueux parce que ça paraît mal quand un patron entre au travail avec son VUS Porsche et que ses 14 employés arrivent en autobus ou avec de vieux véhicules rouillés qui tombent en morceaux. On remarque plus facilement que la redistribution de la richesse n’a lieu que dans une infime mesure, dans cette organisation. Et c’est de plus en plus mal vu parce que les riches sont éventuellement pointés du doigt et qualifiés de profiteurs.

Plus encore, certains riches veulent à tout prix cacher leur mode de vie jet-set alors ils voyagent continuellement pour ne pas que les gens qui les connaissent ici s’aperçoivent qu’ils en mènent large, économiquement-parlant.

À chacun sa réponse à la disparité économique mais aussi bien les riches que les pauvres perdent lorsque les pauvres s’appauvrissent.

Plus il y a de pauvres, moins l’économie fonctionne parce que nous sommes dans une économie de service. Déjà qu’environ 800,000 Québécois partent pour le Sud à chaque année, le Québec est encore plus pauvre quand ces riches “snowbirds” nous quittent, le temps d’aller prendre un long bain de soleil.

Les pauvres savent aujourd’hui qu’il ne peuvent compter sur personne, sauf sur eux-mêmes.

Les pauvres savent aussi que les plans des riches pour leur “venir en aide” sont des plans foireux qui ne les aident pas vraiment mais qui les poussent encore plus dans la pauvreté avec des “régles” conçues pour les freiner au lieu de leur donner des ailes (comme les règles de l’assurance-chômage qui empêchent un travailleur sans emploi d’améliorer son sort en plus de recevoir son assurance).

Logiquement, si les pauvres et la classe moyenne pauvre veulent arrêter de souffrir, économiquement, socialement et sur tous les autres fronts, ils vont devoir se regrouper et faire fructifier leurs avoirs ensemble.

Que ce soit avec des coopératives (entreprises et coops d’habitation) ou encore avec des organisations sans but lucratif qui canalisent des ressources susceptibles d’entrainer un enrichissement quelconque, les pauvres doivent sortir de leur mutisme et faire comprendre que leur vie vaut autant que celle d’un riche, même si tout porte à croire que ce n’est pas le cas.

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Pour le gouvernement, on en a eu la preuve récemment, le bonheur de la famille Beaudoin-Bombardier (qui a une fortune personnelle de près de 4 milliards de dollars) vaut IMMENSÉMENT PLUS que celui des “pauvres” du Québec car le gouvernement leur a donné 1,32 milliards de dollars via une co-entreprise et un autre 2 milliards de dollars via la Caisse de dépôt et de placements ce qui est bien plus que les quelques 400 millions de dollars pour l’aide sociale (qui sera probablement coupée à 200 millions, grâce aux “efforts” de Sam Hamad et de ses sinistres complices libéraux qui “mangent du pauvre” en se levant le matin).

Ainsi, on constate le “deux poids, deux mesures”, au Québec.

Des cadeaux publics pour les riches et des miettes pour les pauvres.

Disons que ceux qui n’arrivent pas à voir l’évidente disparité dans ces gestes du gouvernement du Québec ont avantage à diversifier leurs sources d’information pour mieux comprendre la réalité des pauvres et pourquoi ils pourraient faire partie de la solution, s’ils obtenaient les mêmes AVANTAGES ÉCONOMIQUES que les riches.

Le temps des Fêtes continue d’être une fête d’abord commerciale et ensuite, très loin derrière, une fête religieuse.

Comme la religion en a pris pour son rhume, affublée de scandales et en manque de cohérence entre ce qu’elle prêche et ce qu’elle fait, les Québécois qui le peuvent se défoncent dans la consommation. Puis, vient le moment de payer les dettes de cartes de crédit, en début d’année. C’est là une façon de devenir pauvre, plus vite qu’on ne le croit.

Mais bon, c’est une fête commerciale et c’est pourquoi les disparités économiques deviennent plus visibles qu’à l’époque où c’était davantage une fête religieuse.

Alors on fait quoi?

Et bien, commençons par prendre conscience que le Québec n’aime pas ses pauvres. Fiscalement, les pauvres ne paient pas d’impôt et donc, sont considérés exister à l’extérieur de la fiscalité “productive” ce qui est évidemment bien trompeur parce que 100% ou presque de ce que “gagne” un pauvre est rapidement dépensé dans l’économie locale. Est-ce qu’on peut en dire autant des riches? Parfois oui, parfois non.

Regardez Bombardier qui emploie quelques 1,500 travailleurs pour ses avions de la C-Series au Québec, comparé à la maison-mère allemande où il y en a environ 26,000 — ayoye, méchante différence!

Et après avoir reçu plus de 3 milliards, Bombardier annonce qu’elle donnera du muscle à ses opérations au Maroc et au Mexique. On invente rien. C’est aussi arrogant que ça. Rien pour le Québec, sauf le maintien bien timide des “emplois existants” mais PLEIN GAZ ailleurs dans le monde!

Est-ce que les riches enrichissent toujours le Québec? À l’évidence, non mais les pauvres, eux, n’ont pas les moyens de s’en tirer à si bon compte et dépensent tous leurs avoirs… au Québec.

Et là, on ne parle même pas des paradis fiscaux

Qu’on le veuille ou non, il faudra survivre à la période des Fêtes.

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Il y aura bien entendu les riches qui vont se faire voir et entendre et les pauvres qui vont se terrer pour attendre que les festifs aient fini de faire du bruit.

Puis arrivera janvier où la vie reviendra à la normale. Retour au 8h à 16h30 avec une pause pour le diner, dans un cubicule ou un travail répétitif. Yééé.

On pourrait citer un bottin complet de statistiques qui prouvent ce qu’on peut observer autour de nous, à savoir que la pauvreté gagne du terrain et que les disparités économiques font mal aux pauvres, très mal, en fait.

Soyons capables de voir plus loin que ce problème et à notre mesure, passons en “mode solution” pour établir les bases d’un Québec plus fort, parce que plus équitable et inclusif, pour ceux qui ont moins d’argent.

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