Montréalais financièrement à bout de souffle

L’argent ne fait pas le bonheur mais dans une ville qui bouger vite comme Montréal, c’est essentiel d’en avoir sinon, le manque d’argent peut provoquer de graves problèmes personnels… et sociaux.

D’abord du point de vue personnel, le stress lié au manque d’argent paralyse par la peur que ça engendre. Après tout, ne pas pouvoir pourvoir à ses besoin de base comme se nourrir, s’habiller ou se loger peut engendrer d’importants problèmes de santé psychologique et physique.

Qui n’a pas déjà eu la gorge serrée en redoutant le 1er du mois? Ou encore, tous ces consommateurs qui retiennent leur souffle lorsqu’ils tentent de payer, souvent à crédit, à l’épicerie?

Dans une société prétendument “riche” comme le Québec, ce n’est pas normal qu’autant de Montréalais (et de Québécois qui vivent des situations semblables) vivent une telle détresse financière.

C’est apparent pour quiconque prend le temps de regarder les choses froidement, à savoir que les Montréalais sont financièrement à bout de souffle.

Avec un niveau d’endettement record et des pertes d’emploi massives dans le privé, la proverbiale descente aux enfers du Montréalais-moyen a de quoi donner froid dans le dos.

Les Montréalais sont endettés et si ce n’était que ça, on pourrait passer à autre chose mais là, avec le jeu des intérêts qui avantage unilatéralement les émetteurs du crédit à la consommation (les VISA Desjardins et autres émetteurs de cartes de crédit), les consommateurs n’arrivent plus à repayer leur dû.

Et à 19,9% pour les cartes de crédit ou 29,9% pour les cartes de magasins, difficile de les blâmer.

Vivre coûte cher… surtout à Montréal.

On voit que la course vers l’endettement a une fin et là, on est en train de frapper le mur.

La période des Fêtes arrive rapidement et les consommateurs des classes moyennes et pauvres savent déjà que ça va être un sale temps où les riches vont festoyer et “faire chier tous les autres” qui, eux, resteront terrés dans leur appartement en attendant que ça passe.

On dirait que la période des Fêtes est pire que les autres périodes festives de l’année parce que la disparité riches-pauvres y est plus marquée. Les riches se font plus flamboyants pendant que les moins nantis se battent pour payer leur prochain mois de loyer (le fameux 1er janvier où les propriétaires sont reconnus pour passer le chèque à minuit-et-une) alors on comprends que pour bien des gens, ce n’est pas une période de réjouissances.

En fait, un grand nombre de Montréalais, moins à l’aise financièrement, se passerait volontiers de la période des Fêtes, avec son côté plastique, “fake”… artificiel.

Et pourtant, des riches, il nous en faut, au Québec. Ce sont eux qui font rouler une bonne partie de l’économie. Sans eux, nous tomberions presque tout dans l’indigence, dans le système principalement capitaliste dans lequel nous évoluons. Et ce ne serait pas mieux sous l’aile du communisme. Nous voyons simplement mieux les disparités socio-économiques dans le temps des Fêtes, voilà tout.

Avec 660,000 Québécois “snow birds” qui nous quittent de novembre à avril, à chaque année, ce sont des dizaines de milliards de dollars d’achats dans l’économie locale qu’on perd… et qu’on ne récupèrera jamais! Des états du Sud des États-Unis comme la Floride et l’Arizona sont MORTS DE RIRE en voyant nos baby-boomers s’en venir dans leurs villes, à chaque année, comme des oiseaux migrateurs… qui ont les poches pleines!

Si ces “beaux oiseaux” restaient au Québec, nous n’aurions peut-être pas de pauvreté aussi rampante parce que tout le monde finirait pas avoir un emploi pour servir ces riches Québécois. Mais là, c’est peine perdue d’essayer de les retenir, ils sont nombrilistes et convaincus de l’innocuité économique de leur départ annuel vers des cieux plus cléments.

Évidemment que les “snow birds” font TRÈS MAL économiquement au Québec mais n’essayez pas de les sensibiliser à cette réalité, ils n’en ont que pour LEUR petit bonheur. Et s’ils se blessent pendant leur séjour aux États-Unis, là, ils brailleront pour qu’on les rapatrie rapidement au Québec… pour être soignés gratuitement. Ça fait rire mais pleurer aussi, à la fois.

On ne peut pas tout blâmer l’appauvrissement collectif québécois sur le dos des boomers mais ils ne font rien pour aider l’économie locale en hiver et peinturent le portrait des gens riches qui n’en ont que pour le confort de leur petite personne.

C’est d’ailleurs assez drôle de voir que trop souvent, au Québec, une personne pauvre côtoie (socialement) une ou plusieurs personnes bien plus riches qui pourraient faire partie d’une solution rapide à leurs problèmes économiques. On ne parle pas des débiles qui insistent pour vivre dans la rue et dormir dehors, non, on parle des gens de classe moyenne qui croulent sous les dettes et finissent par vivre comme des pauvres. Souvent, ces gens éprouvés financièrement côtoient des frères, des sœurs, des parents et même des amis-proches qui, eux, roulent sur l’or. Il suffirait que l’un aide l’autre et on aurait un cas de service-social de moins sur les bras mais non, dans la presque totalité des cas, les riches font leur affaire et préfèrent ne pas voir la misère dans la cour de leur voisin.

Ça s’observe à tous les jours, les gens nantis préfèrent se payer un voyage de plus dans le Sud, pendant l’hiver que d’aider financièrement une personne de leur famille ou de leur entourage, dans le besoin.

Et c’est justement ce genre de situation extrêmement triste qui brise les familles.

Vous savez? Le moment bizarre quand un pauvre arrive dans la fête de famille et que les hôtes plus riches lui demandent “comment ça va, toi?”… la rage qui bouille dans le cœur des pauvres qui voudraient expliquer comment les dettes sont en train de les détruire et qu’ils sont sur le point de perdre le peu qu’ils ont et qu’au lieu de parler dans le vide, ils préfèrent dire que “ben oui, tout va bien”… et la personne nantie de penser que c’est vrai… alors que c’était un appel à l’aide lancé avec les seuls mots qui pouvaient sortir, à ce moment-là.

Ce genre de situation explique aussi pourquoi autant de dénonciations au fisc (et à diverses agences gouvernementales) ont lieu via des proches. Ces proches révoltés de devoir vivre le nez collé sur la richesse de leur famille qui préfère les ignorer que de les aider. C’est une sorte de vengeance libératrice qui dit “vous avez préféré me voir souffrir et bien, je vais vous faire souffrir moi aussi, à ma façon”… et de là commence l’explosion sociale. Les grands-parents pleins aux as dans le Sud tout l’hiver, des parents sans enfants qui vivent richement et des parents (souvent seuls) avec enfants qui en arrachent et qui se jurent de se venger d’une telle injustice le jour où ils réussiront à reprendre leur souffle.

Ainsi, les Montréalais sont confrontés à l’importante richesse des uns pendant que tous les autres se gèlent les mains au fond de leurs poches percées.

C’est très triste ce qui se passe en ce moment, au Québec.

Démarrer une entreprise est une promesse de devoir composer avec le zèle des bureaucrates du fisc sans compter que le prix exigé pour opérer une entreprise, surtout s’il y a des employés, ne cesse de grimper… sans raison apparente à part la lourdeur et le coût invraisemblable de nos gouvernements.

Et on ne s’étend même pas sur les ponctions aux deux semaines, sur chacun des chèques de paie des Montréalais qui paient les fonds de pension des autres pendant qu’eux, n’en ont même pas!

Les Montréalais méritent de pouvoir gagner dignement leur vie. Ils méritent de manger trois repas par jour et surtout, ils méritent de ne pas toujours vivre dans le stress de perdre le toit qu’ils ont sur la tête.

Si nous voulons que les Montréalais cessent d’avoir la langue à terre, pour ainsi dire, il faudra se demander pourquoi ils en sont rendus là et bien qu’il y ait de l’endettement record chez les individus et les ménages, le problème est bien plus grave que ça… et ça pourrait nous jouer des tours si on laisse la situation se dégrader encore plus.

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2 réponses

  1. On est le lendemain de Noël et tel que prévu, on continue de s’enfoncer dans l’endettement et la vie artificielle que les “publi-sacs” tentent de nous vendre.

    Avez-vous remarqué combien il n’y a plus autant de décorations de Noël qu’avant?

    Promenez-vous dans les quartiers cossus et vous verrez de belles maisons illuminées et ensuite, faites un tour dans un quartier d’appartements et de maisons plus modestes et vous ne verrez plus de lumières, à part pour un balcon, ça et là.

    L’image de ces milliers de maisons sans décorations devrait vous inquiéter parce que derrière cette absence de lumières se cache une autre absence, celle de l’esprit à la fête. Et là encore, on devine le peu de marge de manœuvre financière qui aurait permis d’acheter quelques lumières de Noël.

    Mais il y a pire encore, tous ces gens qui auraient peut-être eu assez d’argent pour des lumières mais qui n’en ont pas posé parce qu’ils n’en ont pas le temps. Pensons à tous ces employés au salaire minimum dans les commerces au détail qui travaillent des horaires exagérés pendant la période des Fêtes, comme si leurs droits de travailleurs étaient annulés pendant ce moment qu’ils finissent haïr.

    C’est déjà triste rendu là mais il y a pire, soit ceux qui refusent de décorer pour envoyer un message, comme un S.O.S. qu’ils n’en peuvent plus et qu’ils refusent de donner l’impression qu’ils ont du fun parce qu’au fond, ils n’en ont pas, du tout.

    Oui, l’absence de lumières de Noël dans la majorité des quartiers populaires de Montréal envoie un signal clair que quelque chose ne va pas, dans la métropole.

    La pauvreté guette tous les citoyens ordinaires à qui il arrive un simple pépin. Lorsqu’on vit de chèque de paie en chèque de paie, aux deux semaines, une simple blessure ou un accrochage en voiture peut tout faire basculer.

    Sans un réseau social fort, même un petit couple sans enfant peut s’effondrer. Maman est en Floride, papa est mort (ce qui explique que maman soit en Floride en train de flamber l’héritage de l’autre) et les amis se trouvent aussi près de l’abîme financier alors pas moyen de recevoir d’aide de leur part alors au moindre problème, tous les cadrans tournent au rouge. Et l’aide sociale québécoise n’aide qu’en dernier recours. Le filet social ne fonctionne pas et on constate que le Québec est la capitale mondiale du suicide chez les jeunes hommes, souvent criblés par les dettes alors qu’ils essayaient, tant bien que mal, de s’en sortir.

    On passe donc du peu de lumières de Noël au suicide et pourtant, sans qu’il n’y ait nécessairement de corrélation directe, il existe assurément un lien.

    Lorsqu’on a plus le goût à la fête parce que le reste de la vie est devenu intenable, il y a un problème. Et lorsque tout le monde s’enfonce dans son individualisme au point de ne rien détecter de la détresse de son voisin, c’est un problème d’une gravité extrême parce qu’au fond, ça pourrait nous arriver, à nous aussi et là, qui le saura?

    Peut-être qu’au final, c’est en refusant de décorer son petit chez-soi avec des lumières qu’on envoie le message le plus fort à propos de la fête de Noël, à savoir qu’une fois tout l’argent dépensé, selon la logique extrême du “consommer pour être”, on cesse d’exister.

    Est-ce qu’on peut encore souhaiter “joyeux Noël”, après ça?

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