Écrasement d'avion à Téhéran

L'Iran a tué 176 passagers, par erreur?

À bord du Boeing 737-800 de la compagnie Ukraine International Airlines (UIA), tous ont péri. Atrocement. Ultimement, au moment d’un écrasement au sol mais dans le cas des pilotes, c’était vraisemblablement lorsqu’un missile iranien a frappé leur cockpit.

C’est une agence de nouvelles étudiante iranienne qui a publié la vidéo suivante où l’on voit clairement le missile toucher l’avion, rempli de passagers:

Après que le missile ait explosé, dans le clip ci-haut, en y regardant bien, on peut voir l’avion tomber.

Ça se passe vraiment vite.

Le missile iranien a fait très exactement ce pourquoi il a été conçu: détruire et tuer.

La scène du crash, survenu peu après le décollage, le mercredi, 8 janvier 2020, à 3h40 (en pleine nuit, heure locale), sur une terre agricole près de l’aéroport Imam Khomeiny, à Téhéran, montre à quel point la destruction de l’avion est sans appel. Ce qui n’a pas été détruit par le missile l’a été au moment de l’impact avec le sol où, là, tout a volé en mille morceaux jonchant le sol.

Une véritable scène d’horreur.

L’avion de passagers n’aura donc jamais quitté l’espace aérien iranien, alors qu’il devait se rendre à l’aéroport Boryspil de Kiev, à 2,300 km de là.

Le vol PS752 était banal mais un missile, apparemment lancé par erreur, aura scellé le destin tragique de tous les passagers, dont les citoyennetés vont comme suit:

Iran82
Canada63 * 57
Ukraine11
Suède10
Afghanistan4
Allemagne3
Royaume-Uni3

On voit qu’après l’Iran, c’est le Canada qui a été le plus touché par l’attaque de l’avion par un missile de l’armée iranienne.

Parmi les 63 Canadiens tués, 5 étaient Québécois.

Les Canadiens à bord de l’avion avaient de 1 à 74 ans et selon ce qu’a révélé le premier ministre canadien, Justin Trudeau, 138 d’entre-eux avaient comme destination finale le Canada. Kiev n’était donc, pour ces passagers, qu’un arrêt avant de rentrer à la maison.

Confusion

À chaud, mercredi après-midi (heure du Canada), le ministre canadien des Transports, Marc Garneau, a indiqué qu’il était trop tôt pour spéculer sur les causes de l’écrasement. Pour lui, il était clair que quelque chose de “très inhabituel” s’était produit.

En effet, de nombreuses questions étaient soulevées à propos du moment de l’incident et ce, à juste titre puisqu’il était survenu quelques heures seulement après que l’Iran ait tiré un certain nombre de missiles sur deux bases irakiennes abritant des troupes américaines.

À ce moment de confusion générale, les spéculations à propos de l’écrasement allaient bon train mais rapidement, le lendemain, le jeudi, 9 janvier 2020, le New York Times et de nombreux autre médias ont relayé un clip vidéo qui montrait que l’avion de ligne n’était pas tombé en raison d’un problème technique mais bien d’une violente explosion.

Le moment de l’impact du missile iranien sur l’avion ukrainien.
Les Iraniens sont réputés posséder des lance-missiles Tor (des missiles russes).

Le jupon iranien dépassait déjà passablement et la situation est rapidement devenue intenable pour les autorités iraniennes qui ont été contraintes de passer aux aveux, devant l’évidence de leur geste de guerre.

L’Iran qui refuse de travailler avec les États-Unis

Le crash fatal du vol ukrainien est survenu alors que les hostilités entre Téhéran et Washington s’intensifiaient. L’Iran ayant tiré des roquettes sur les bases irakiennes en représailles à une attaque de drones américains ayant tué le commandant en chef iranien, Ghassem Souleimani, sur le sol irakien la semaine précédente.

Le lendemain de l’écrasement, personne ne savait, officiellement, si ces événements avaient un lien quelconque entre eux mais des tensions politiques faisaient déjà surface dans l’enquête.

En effet, les enquêteurs avaient trouvé les boîtes noires de l’avion, à savoir un enregistreur de voix et un enregistreur de données de vol. Ceux-ci pouvaient potentiellement offrir des preuves cruciales sur ce qui est arrivé à l’avion avant le crash, selon la déclaration du procureur de Téhéran à l’intention des médias d’État iraniens.

Sources: Flightradar24, OpenStreetMap, Google, indications par Lauren Leatherby et Anjali Singhvi.

Mais voilà, les responsables iraniens ne prévoyaient pas de partager les informations qu’ils avaient recueillies avec le constructeur de l’avion, la société américaine Boeing, comme il est d’usage de le faire, normalement, dans les enquêtes sur le crash.

Ali Abedzadeh, le chef de l’Autorité de l’aviation civile iranienne, avait alors déclaré à l’agence de presse semi-officielle iranienne Mehr que les États-Unis ne seraient impliqués à aucun stade de l’enquête.

“Nous ne donnerons pas la boîte noire au fabricant ou à l’Amérique”, a-t-il dit.

On sentait un manque à peu près total de remords de Téhéran pour ce terrible écrasement, pourtant survenu dans des circonstances suspectes, sur son territoire.

Contre le meilleur intérêt des familles des victimes qui voudraient, tôt ou tard, comprendre ce qui s’est passé, la mauvaise foi de Téhéran était palpable.

Mais le déni iranien n’aura duré qu’un temps.

La pression continuait à monter, contre eux. Leur histoire inventée et leurs faux-fuyants douteux ne collaient pas. Alors est venu le temps de passer aux aveux.

Les aveux froids de Téhéran

Dans un communiqué publié samedi, le 11 janvier 2020, le gouvernement iranien a blâmé “l’erreur humaine” pour ses tirs militaires de missiles qui ont détruit le Boeing 737-800, selon ce qu’a rapporté l’Associated Press.

Alors que le gouvernement iranien avait précédemment faussement soutenu que la panne de moteur avait causé l’accident, là, l’histoire officielle devenait plus crédible avec l’erreur d’un militaire mais on devine qu’un militaire, seul, ne peut pas prendre ce genre de décision sans avoir reçu des autorisations préalables de ses chefs. Ainsi, la nouvelle version du narratif soutenu par Téhéran pourrait, encore une fois, mener à d’autres révélations qui pourraient, cette fois, pointer vers l’implication de dirigeants iraniens.

Notons au passage que c’est à ce moment que les statistiques ont changé pour annoncer 57 victimes canadiennes au lieu de 63.

Si l’on se fie à une déclaration de l’armée iraniennes à l’intention des médias d’État du pays, l’avion avait été pris pour une “cible hostile”, ajoutant que les forces étaient au “plus haut niveau de préparation”.

“Dans une telle condition, à cause d’une erreur humaine et de façon non intentionnelle, le vol a été touché”, selon la déclaration.

L’armée s’est excusée, a dit qu’elle améliorerait ses systèmes pour s’assurer qu’une erreur comme celle-ci ne puisse pas se reproduire et a dit que les personnes responsables du tir des missiles seraient poursuivies.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Javad Zarif, a profité de l’occasion pour accuser les États-Unis de la décision erronée de l’Iran d’abattre l’avion, en tweetant: “L’erreur humaine en temps de crise causée par l’aventurisme américain a conduit au désastre.”

Le président Donald Trump, pour sa part, a rejeté l’explication initiale de l’Iran selon laquelle une erreur mécanique avait causé l’accident lors de son discours à la Maison-Blanche plus tôt jeudi, le 9 janvier 2020, bien qu’il n’ait pas directement blâmé l’Iran pour l’accident.

“Il s’agissait d’un vol dans un quartier assez difficile, et quelqu’un aurait pu faire une erreur”, a dit le président Trump. “Certaines personnes disent que c’était mécanique. Personnellement, je ne pense pas que ce soit même une question.”

Une équipe de la Croix-Rouge iranienne cherche les victimes de l’écrasement.

Conséquences immédiates

Des compagnies aériennes comme Qantas Airways, Singapore Airlines et Malaysia Air sont parmi les transporteurs qui ont annoncé qu’ils allaient réorienter leurs services hors de la région après la salve de missiles et le crash. L’Administration fédérale de l’aviation (FAA) des États-Unis avait précédemment déclaré qu’elle interdisait aux avions civils d’opérer dans l’espace aérien au-dessus de l’Irak, de l’Iran et des eaux du golfe Persique ainsi que du golfe d’Oman (au milieu du barrage de missiles de l’Iran sur l’Irak).

De son côté, Ukraine International Airlines a déclaré dans un communiqué que l’enquête sur l’accident impliquera la compagnie aérienne, les autorités de l’aviation en Ukraine et en Iran, les représentants de Boeing et le Bureau national d’enquête sur les accidents d’aviation de l’Ukraine.

Le Bureau national de la sécurité des transports des États-Unis a également déclaré jeudi qu’il enquêterait sur l’accident.

Sur le terrain, l’enquête déterminera précisément ce qui a causé l’écrasement.

L’enquête suit donc son cours.

Trudeau réagit

Trudeau a dit qu’il était “choqué et attristé” par l’écrasement, qui a fait 63 victimes parmi les Canadiens (il a confirmé le nombre de 63 au lieu de 57 mais le chiffre de 57 morts circule encore, selon les médias).

Il a déclaré: “Notre gouvernement continuera de travailler en étroite collaboration avec ses partenaires internationaux pour s’assurer que cet accident fait l’objet d’une enquête approfondie et que les questions des Canadiens reçoivent des réponses “, via une déclaration. “Aujourd’hui, j’assure à tous les Canadiens que leur sécurité est notre priorité absolue. Nous nous joignons également aux autres pays qui pleurent la perte de leurs citoyens”.

On pourrait dire qu’il aurait été opportun pour Trudeau de se préoccuper de la sécurité des Canadiens avant l’attaque iranienne (intentionnelle ou non) car vu le climat explosif dans la région, il aurait fallu être proactif pour être cohérent avec sa déclaration.

Selon l’Associated Press, le Canada a fait appel à l’Italie pour assurer la liaison avec Téhéran car le pays n’a pas sa propre représentation diplomatique en Iran. Le ministre italien des Affaires étrangères, Luigi Di Maio, a promis “toute l’aide et tout le soutien” au Canada dans sa demande de protection des intérêts canadiens et de “faciliter les activités d’assistance consulaire”.

Au moment de publier ceci, un grand nombre de jeunes iraniens ont pris la rue, à Téhéran et à savoir si l’Iran a tué 176 passagers par erreur demeure car, au fond, on ne sait pas encore s’il s’agit vraiment d’une erreur ou d’une directive censée demeurer secrète.

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