Ancienne responsable du financement du Pati libéral du Québec (PLQ) de 2001 à 2013, Violette Trépanier vient de terminer son long témoignage devant la Commission Charbonneau.
Elle a joué la carte de l’indignation et l’étonnement, en plus de nier avoir eu connaissance des stratagèmes de prête-noms utilisés par des firmes de professionnels, et plus particulièrement par les firmes de génie-conseil, pour financer les partis politiques.
Clairement, elle ne suivait pas beaucoup les nouvelles et malgré son poste-clé, elle n’avait pas de soucis sur la provenance des fonds dont elle supervisait les flux.
Et pourtant, les noms des solliciteurs du PLQ, en 2009 (pour ne nommer que cette année, en particulier) en menaient large. De gros noms, comme…
- Paolo Catania
- Giuseppe Borsellino
- Rosaire Sauriol
- Jean-Pierre Sauriol
- Lino Zambito
- Riadh Ben Aissa (qui est actuellement en prison, en Suisse)
…ainsi que plusieurs entrepreneurs et ingénieurs qui ont été cités, à la Commission Charbonneau. Autrement dit, ça grenouillait-rare entre les donneurs de milliards de dollars de contrats publics, au gouvernement provincial (sous les auspices du gouvernement libéral de Jean Charest) et ceux qui se positionnent pour recevoir ces milliards.
S’il n’y avait pas anguille-sous-roche, comme semble le penser Violette Trépanier, pour le public, il y a —au minimum— apparence de conflit d’intérêt et… de corruption.
Dans l’univers politique où les preuves matérielles sont plutôt difficiles à obtenir (en souhaitant qu’elles n’aient pas été perdues ou détruites), les preuves circonstancielles prennent beaucoup d’importance et même si elle prétend n’avoir rien vu d’illégal parce que les activités de sollicitation qu’elle supervisait respectaient à la lettre la loi québécoise et les consignes du Directeur général des élections, on peut se poser de sérieuses questions à propos de tout ce beau monde qui font danser des millions de dollars jusque dans les poches des politiciens, membres du riche PLQ.
Pour un citoyen qui regarde ça, il y a encore bien des questions qui n’ont pas été répondues et plus la commission avance, plus ça devient inconvenant.
Pour Violette Trépanier, il ne semble rien y avoir d’inquiétant mais pour les citoyens, c’est l’inverse. On peut penser que Mme Trépanier a ses raisons pour soutenir une position aussi favorable aux ex-solliciteurs de fonds du PLQ. S’est-elle fait promettre un quelconque avantage en échange d’un témoignage plus discret? Ou encore, sait-elle qu’un témoignage moins retentissant lui vaudra l’équivalent technique d’un retour d’ascenseur à un moment où elle en aura besoin? Autant de questions qu’un citoyen-observateur peut se poser car après son passage, personne n’est vraiment écorché ou amoché.
De 2001 à 2013, alors qu’elle supervisait les entrées de fonds au PLQ, Violette Trépanier aurait pu remarquer quelque chose de particulier mais non, elle n’y a vu que du feu, pour faire image.
Rien pour contrarier le cynisme des Québécois qui n’en peuvent plus de voir la classe politique profiter de rapprochements indécents avec des entrepreneurs aux méthodes plus que discutables.
Vivement, un témoin qui a quelque chose à dire… genre, la vérité.