La gestion “en silo” qui détruit notre administration publique

Le gouvernement, que ce soit au niveau international, fédéral, provincial ou municipal ne fonctionne pas.

À preuve, tous ces niveaux d’administrations publiques cumulent des dettes dans les milliards de dollars et plus on monte en hiérarchie, plus les dettes (qui reposent toujours sur les épaules des mêmes citoyens) sont énormes.

Alors, en tant que citoyen, il faut s’arrêter et réfléchir à l’utilité des cirques bureaucratiques.

Posez-vous des questions comme…

  • En avons-nous pour notre argent?
  • Sommes-nous respectés, en tant que contribuables?
  • Sentons-nous, collectivement, que nous avons le contrôle de notre destinée?

Eh bien, qu’en pensez-vous?

Ce n’est pas agréable de gratter un si gros bobo, pas vrai? On aimerait mieux penser à autre chose mais vu que le gouvernement nous étouffe avec ses inepties, nous sommes obligés de s’y attarder parce qu’eux, malgré les montagnes de fric qu’ils nous coûtent, sont encore incapables de s’organiser “sur le sens du monde”.

Donc…

Prenons quelques instants pour s’intéresser à l’un des plus gros problèmes de tous nos gouvernements: le fameux “travail en silo” où chaque fonctionnaire, devenu ultra-spécialisé, ne voit que la proverbiale feuille verte qu’il a dans son assiette en ignorant sciemment la forêt à perte de vue qu’il a, devant lui.

Et quand un citoyen a le malheur de lui demander s’il a déjà vu un arbre, il répond que son travail consiste à regarder la feuille. Et seulement la feuille. Des arbres? Il en voit continuellement mais son syndicat lui a lessivé le cerveau en lui faisant comprendre que s’il ne voulait pas avoir de “problèmes”, il était mieux de ne pas faire “le smat” et de ne s’occuper que de la feuille dans sa proverbiale assiette. Alors, des centaines de milliers de fonctionnaires suivent la doctrine syndicale et se font un devoir d’en faire le “strict minimum” pour l’employeur… le méchant gouvernement… en l’occurrence, nous.

Vous voyez, les syndicats adorent la gestion en silo parce que, comme pour les poules-pondeuses dans les poulaillers, qu’on isole dans de petites cages en métal, les fonctionnaire se contrôlent mieux lorsque leur univers se limite à leur cubicule ou, pour poursuivre l’analogie, à la feuille dans leur assiette.

Et les syndicats font la pluie et le beau temps avec cette masse inerte d’employés complaisants, déconnectés et médiocres qui collectent sans fierté un chèque de paie dont, en fin de compte, ils ne comprennent pas la valeur.

Le pire dans tout ça?

C’est que les fonctionnaires, tout hyper-spécialisés qu’ils sont, n’ont pas encore compris qu’au même titre que les citoyens, ils se font entuber-ferme par les syndicaleux qui vampirisent leur chèque de paie et qui négocient POUR EUX leur salaire et leurs conditions de travail. C’est quoi le problème? Les fonctionnaires seraient-ils incapables de pisser tout seuls? Ils ont besoin de leur maman-syndicat pour la leur tenir pendant qu’ils se soulagent? Sérieusement, c’est à ça que ça ressemble: des hommes émasculés et des femmes sans fierté-propre.

On voit aujourd’hui le résultat: des gouvernements syndiqués qui font tout en silo au point où lorsque deux ministères doivent collaborer, les “hautes instances” doivent approuver la création d’un “comité interministériel“. De toute beauté! L’authentique “paralysie bureaucratique et administrative” dans toute sa splendeur!

Vous croyez que c’est exagéré?

Ok…

Combien de fois avez-vous entendu un fonctionnaire répondre…

  • Ce n’est pas ma job, adressez-vous à quelqu’un d’autre [et je ne sais pas à qui].
  • Vous êtes dans le mauvais département [mais je ne saurais dire où vous devez vous adresser].
  • Vous allez devoir parler à mon supérieur parce que je ne suis pas autorisé à parler au public [même si je connais la réponse à votre question et que je pourrais vous répondre sur-le-champ].
  • Je n’ai jamais entendu parler de ça [alors que leur ministère vient de publier un communiqué détaillé sur le sujet].

…et ainsi de suite.

C’est inacceptable! Tous les fonctionnaires devraient être CONSCIENTS du contexte dans lequels ils évoluent professionnellement et avoir assez de fierté-propre pour s’intéresser au monde autour d’eux au lieu de se réfugier, comme une bande de trouillards, dans le confort de leur minuscule cubicule qui contribue à les garder “en silo”.

Le travail d’équipe, dans les gouvernements, c’est toujours “contre nature”.

Les syndicats font de l’urticaire quand les gens se parlent entre eux sans que ce soit un “représentant syndical” qui “mène le show”. Ils ont continuellement peur que leur “cheptel d’insignifiants” se rende soudainement compte qu’en évinçant leur syndicat, ils pourraient à la fois gagner plus d’argent et négocier eux-mêmes leur salaire au mérite (et non selon le principe totalement ridicule de l’ancienneté).

En ce moment, dans tous les gouvernements, une majorité de fonctionnaires carburent à l’ancienneté alors que les jeunes, plus qualifiés et réellement motivés à changer les choses pour le mieux, sont relégués aux emplois les plus temporaires et minables et ça, c’est lorsqu’un vieux croulant finit par laisser sa confortable place, au sommet.

Les jeunes devraient carrément rejeter les syndicats tant ceux-ci sont anti-jeunes, qu’importent les “campagnes” qu’ils font pour essayer de faire croire qu’ils “aiment la jeunesse” — ils l’aiment, en effet, dans la mesure où elle se comporte comme une poule-pondeuse qui ne questionne jamais le fait de devoir passer toute sa vie dans une cage.

Les gouvernements nous feraient probablement rire s’ils n’étaient pas en train de nous ruiner tout en nous empoisonnant la vie.

Si le pouvoir était près du peuple, dans de petits comités de citoyens, ce serait génial mais non, 99,9% des décisions qui comptent se prennent tout en haut de leur pyramide comme quoi l’opinion des gens, à moins qu’ils ne descendent dans les rues et annoncent une révolution, ne compte tout simplement pas.

La gestion en silo a lieu à tous les niveaux des gouvernements et ça comprend aussi nos élus qui suivent des “lignes de parti” pour obéir à leur chef et non à leurs citoyens [qu’ils sont censés représenter… mais ça, c’est un autre mensonge].

Amis citoyens, les finances de nos gouvernements sont en ruines.

Les syndicats en demandent toujours plus et ce, qu’importe qu’il y ait une récession ou non.

Les fonctionnaires, eux, se laissent manger la laine sur le dos et acceptent que leurs syndicats les ridiculisent aux yeux de tous les autres citoyens. Nos fonctionnaires gouvernementaux sont tellement mous qu’ils laissent leurs syndicats dire et faire à peu près n’importe quoi. Ils appliquent aussi la logique du silo au contexte des relations de travail en se disant, à peu de choses près, que c’est “normal” qu’une organisation syndicale parle alors qu’eux, se taisent.

Et les citoyens, dans tout ça?

Ils doivent se faire à l’idée que la médiocrité d’État, le manque systémique d’initiative, l’absence à peu près totale de vision, l’arrogance mur-à-mur et l’égoïsme endémique font désormais partie du “paysage social”. Et c’est épouvantable qu’il en soit ainsi.

Pour couronner ce “freak show” d’incompétence “en silo”, les PPP sont réclâmés (et imposés) par la classe dirigeante pour mieux enrichir les “amis du pouvoir” pendant que les citoyens, épuisés d’avoir à tant travailler pour joindre les deux bouts, n’ont même plus le temps de suivre la parade d’abus qui a lieu, sur leur dos.

Les fonctionnaires qui pourraient sonner l’alarme et défendre les citoyens, plus souvent qu’autrement, préfèrent se taire, de peur de déplaire à leur syndicat qui fonctionne, main dans la main, avec le gouvernement pour réduire au silence les “poules-pondeuses” qui voudraient, pour faire image, avertir toutes les autres poules qu’elles se trouvent emprisonnées dans leur propre ignorance d’une part, et dans de petites cages de métal, de l’autre.

Si vous voulez faire changer les choses dans un gouvernement, attaquez-vous à la gestion en silo.

En pulvérisant cette méthode de gestion implicitement pyramidale, vous détruirez les syndicats car tous les “niveaux d’employés” auront à communiquer et à travailler ensemble ce qui finira par favoriser leurs rapprochements et leur réelle collaboration.

Une fois la gestion en silo éliminée et les syndicats repoussés dans leur cercueil de vampires, les fonctionnaires pourront commencer à se ré-humaniser et fonctionner selon le “gros bon sens” et non des “directives syndicales”.

Ce sera toute la différence du monde!

Les secrétaires auront un peu moins de temps pour se limer les ongles mais à part ça, tout ira pour le mieux car les fonctionnaires pourront se coucher le soir en se disant qu’ils ont fait de leur mieux et non qu’ils ont obéi à une énieme “directive syndicale” les enjoignant d’en faire “le moins possible”.

Évidemment, il n’y aura plus de “fatiguant syndical” pour venir dire…

  • Fais-en pas trop!
  • Ne te fatigues pas!
  • Prends donc l’après-midi de congé!
  • Mets-ça sur le compte de dépenses (même si ça ne devrait pas y figurer).

…et d’autres petites consignes maternisantes mais bon, amis fonctionnaires, vous allez survivre quand même!

Sans la gestion en silo et les syndicats, l’efficacité dans la fonction publique connaîtra des sommets inédits et les élus corrompus qui travaillent pour des milliardaires aux intérêts opposés à ceux de la majorité vont avoir beaucoup de plus de difficulté à faire avaler leurs couleuvres gluantes qui, actuellement, sont enfoncées profondément dans la gorge des citoyens sans qu’un seul fonctionnaire ne dénonce vraiment l’ignomie du geste.

Le contrat social entre les citoyens et les fonctionnaires est brisé.

Pour le réparer, il faut tout simplement enlever ce qui empoisonne tout le processus.

On peut envisager d’autres approches aussi. Et il y en a d’autres! Cette approche en vaut une autre mais celle-ci a le mérite de faire exploser les murs qui empêchent les fonctionnaires de se voir dans un miroir, tels qu’ils sont et non tels que les syndicats leur disent qu’ils sont, tout en omettant de leur mentionner que les limites de leur ignorance sont soigneusement entretenues pour qu’aucun d’entre eux ne puisse échapper à leur matrice de contrôle.

Le jour où les citoyens voudront changer les choses, ils pourront compter sur les fonctionnaires assez intelligents pour comprendre que leur existence n’est pas remise en cause mais que l’actuelle façon de faire ne peut plus continuer.

Les autres fonctionnaires qui se rangeront lâchement derrière les vampires syndicaux, probablement pour mieux se taire en tenant des pancartes où sont inscrits les messages de leurs “maîtres”, ces fonctionnaires-là auront tout le temps du monde pour réflichir à leur réelle utilité, dans notre société, s’ils ne sont même pas capables de se définir et de réaliser, eux-mêmes, sans la béquille syndicale.

Les Québécois, d’aujourd’hui -et- de demain, méritent ce qu’il y a de mieux.

Tant que notre administration publique valorisera les silos, les Québécois enrichiront les syndicats et certains fonctionnaires choyés, certes mais ils n’obtiendront pas le niveau de service qu’ils méritent, collectivement et individuellement.

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4 réponses

  1. Bonjour,

    Je travaille dans une administration en Suisse, en tant que chef de projet pour l’armée et je dois admettre que j’ai reconnu beaucoup de similitude avec l’article que je viens de lire.

    À noter que j’ai 29 ans.

    J’ignore tout du fonctionnariat du Québec mais j’aimerais vous présenter la situation telle qu’elle est chez nous.

    • les syndicats sont quasiment inexistants, on ne peut pas dire qu’ils nous empoissonnent la vie ;
    • les collaborateurs qui travaillent pour l’État ont perdu le statut de fonctionnaire il y quelque année déjà ;
    • le principe du travail au mérite a été introduit par le biais de la direction par objectif(s).

    Néanmoins, le système dans son ensemble fonctionne relativement mal, tout du moins en ce qui concerne le département de la Défense, et ceci principalement parce que les gens travaillent et pensent en silo.

    • la plupart de mes collègues ignorent ce que font leurs voisins ;
    • les tâches, responsabilités, attributions et autres des différentes unités de travail ne sont décrites nulle part ;
    • Nous avons plus de 1’000 projets en cours, sauf qu’il s’agit d’une estimation car plus personne n’a encore une vision d’ensemble. Certains projets ont des budgets de plus d’un milliard d’Euros…
    • Lorsque des unités de travail doivent collaborer, c’est rare que cela se passe bien, chacun ayant ses habitudes de travail qu’il refuse de remettre en question.
    • Même si le statut de fonctionnaire n’existe plus, la mentalité est restée exactement la même.
    • Les objectifs donnés à chaque collaborateur sont généralement “mous”, non-mesurables et de toute manière pas contrôlés.
    • Les vieux collaborateurs sont, d’une manière générale, des boulets dans tout ce pourquoi ils sont impliqués.
    • Le dicton est : “Ne rien faire, c’est le meilleur moyen de ne pas faire d’erreurs”.
    • Avec cet immobilisme, certaines activités sont sous-traitées à des entreprises “civiles”, bien plus efficaces et coûtant généralement moins cher. Mais est-ce le but d’une administration ?
    • Etc. Etc.

    Donc de mon point de vue, la problématique vient principalement de la mentalité “silo”.

    Lorsque quelque chose ne fonctionne pas, on accuse le voisin, on ne recherche pas de solutions et au final, la problématique est gérée en sous-traitance par une entreprise privée.

    Lorsque quelque chose fonctionne (un système, un service, un projet), on ne cherche surtout pas à l’améliorer, cela risquerait de ne plus fonctionner par la suite. Et de toute manière, personne ne sait vraiment comment cela fonctionne.

    Lorsque quelque chose fonctionne bien, on recherche qui en est la cause et ce collaborateur, assez génial pour avoir fait travailler des personnes qui n’en ont simplement pas l’habitude, est généralement contacté par l’industrie privée.

    En Suède, un projet assez intéressant avait été réalisé : durant le WE, les locaux d’une administration (ou d’une entreprise, il faudrait que je retrouve la référence) avaient été complètement vidés.

    Le lundi, les collaborateurs se sont retrouvés dans des locaux vides, avec des meubles à disposition mais sans moyens informatisés.

    La consigne était : “Faites votre travail de tout les jours mais décrivez les processus”.

    Cela a d’une part obligés les personnes à se bouger un peu pour travailler, d’autre part à parler avec d’autres pour résoudre leurs problèmes et enfin à concevoir des processus de travail qui soient décrits, logiques et fonctionnels.

    J’ignore dans quelle mesure cette expérience pourrait être reproduite chez nous. L’autre problématique, c’est que personne ne voudra prendre la responsabilité d’une telle décision…

    J’espère que mon commentaire apportera un éclairage intéressant à ce billet très pertinent.

  2. Beaucoup de haine je trouve dans cet article, et un manque de respect patent pour l’expérience des “vieux croulants” -merci pour eux.

    Dont je ne fais pas partie, mais que je respecte pour tout ce que certains auraient à nous apprendre si on les écoutait.

    Quand on est jeune on croit tout savoir et on s’imagine qu’on va changer le monde. Mais on ignore totalement comment et on n’y arrive pas. Quand on a plus d’expérience, on possède quelques clefs qui ne manquant pas d’intérêt pour ceux qui ont une énergie toute neuve.

    Nous avons tous grand intérêt à collaborer les uns avec les autres, au lieu de faire le jeu de ceux qui cherchent à nous isoler, et de nous tirer ainsi dans les pattes !

    Salutations désolées.

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