En ce jeudi soir, 27 mars 2014, les quatre chefs des plus grands partis politiques du Québec nous ont livré une performance égale ou supérieure au premier débat.
Revoyons ensemble la performance de chacun des chefs, au cours de ce débat télévisé, tenu une dizaine de jours avant le moment du scrutin.
Pauline Marois
Ce deuxième débat était très important pour tous les partis mais surtout pour le Parti québécois où Pauline Marois devait paraître en pleine possession de ses dossiers et sérieusement, elle a livré la marchandise.
Elle a paru “première ministrable”, tout au long du débat et elle a souligné qu’elle veut diriger le Québec. Elle a parlé en authentique leader. On ne sentait pas qu’elle voulait le séparer du Canada alors sur ce sujet, elle a marqué des points.
Le “deal” avec son mari, Claude Blanchet n’existait pas, selon elle. Philippe Couillard a perdu une belle opportunité de la questionner davantage à ce sujet mais on sent qu’il voulait éviter de se faire questionner, à son tour, sur des sujets où il n’est pas confortable. N’empêche que les Québécois aimeraient bien connaître les détails de la relation que M. Blanchet aurait pu entretenir avec la FTQ, à l’époque. Ce sera un débat pour un autre jour, cependant.
Alors pour les péquistes, ce 2e débat est une victoire qui pourrait lui faire gagner des votes. Assez pour battre les Libéraux dans les circonscriptions les plus chaudes? On le verra le jour du scrutin, le 7 avril 2014.
Philippe Couillard
Philippe Couillard, lui, a reçu les plus lourdes attaques, de la part des autres chefs, notamment de François Legault et de Pauline Marois.
Même si le chef libéral préfère ne pas embarquer dans les accusations “par association” (selon lui), il va devoir se mouiller parce qu’à chaque fois que le nom d’Arthur Porter est prononcé, il se crispe et prétend que ce sont des roulades dans la boue… mais il se trompe parce que les Québécois veulent savoir ce qui s’est réellement passé et le comportement de M. Couillard qui tente de noyer le poisson ne fait qu’augmenter la suspicion des gens… à raison, d’ailleurs!
Dès le début du débat, François Legault a attaqué Philippe Couillard sur l’éthique et son bilan, en tant que ministre (de la santé) du gouvernement libéral de Jean Charest. Encore une fois, M. Couillard était sur la défensive et ça paraissait dans son visage qu’il était sérieusement contrarié de commencer le débat sur cette mauvaise note.
Le pire, c’est que Philippe Couillard n’a pas beaucoup parlé malgré les attaques contre lui. Il tentait probablement de se situer au-dessus de la mêlée pour mieux paraître comme celui qui crée les consensus plutôt que celui qui gratte le bobo, pour ainsi dire.
Les Québécois aiment aller au fond des choses et là, Philippe Couillard cumule plusieurs dossiers où la lumière n’a pas encore été faite: (1) passé collusionnaire du gouvernement Charest alors qu’il était ministre de la santé, (2) l’épisode avec le docteur Arthur Porter et (3) son travail de neurochirurgien et de conseiller du ministre de la santé de l’Arabie Saoudite.
Ajoutez à ça le fait que les Québécois viennent d’apprendre qu’il ait utilisé un paradis fiscal pour y placer 600,000$ (de manière légale, rappelons-le) et ça commence à faire beaucoup de sujets tabous… est-ce que son relatif silence sur ces questions va jouer en sa faveur ou est-ce que les électeurs verront un jupon qui dépasse? Encore une fois, on sera fixé le jour du scrutin!
François Legault
Grosse soirée télévisuelle pour le chef de la Coalition avenir Québec. Il était de tous les échanges et a même paru faire le travail de Pierre Bruno, par moments!
On pourrait aller jusqu’à hier que François Legault était en feu!
Si l’on se fie aux sondages, à 15% des intentions de vote, il n’a plus rien à perdre et doit, en quelque sorte, sauver les meubles mais au cours du débat, il a paru davantage en possession de ses moyens que lors du premier débat et a stratégiquement tiré sur les failles des autres partis, tout spécialement sur les cadavres dans le placard de Philippe Couillard et de ses 18 collègues-candidats libéraux qui faisaient partie de l’équipe de Jean Charest, au moment où les allégations de corruption fusaient de toute part… et que les Libéraux s’opposaient farouchement à la tenue d’une commission d’enquête — c’était du bonbon de voir le chef caquiste rappeler ces souvenirs au chef libéral qui, au fond, n’avait rien à rajouter.
Isabelle Brais n’était pas à ses côtés mais on se doute qu’elle aurait été fière de la performance qu’a livrée son mari. Elle le défend farouchement et c’est agréable de voir que s’il devient premier ministre, sa femme le ramènera vite dans le proverbial droit chemin.
Si le Québec en a soupé de la corruption et du copinage, disons que la CAQ se positionne comme une alternative crédible qui nous livrerait une performance plus nuancée que celles des Péquistes ou des Libéraux.
Ceux qui veulent du changement, pour vrai, vont probablement voter pour la CAQ mais seront-ils assez nombreux à vouloir du sang neuf, à l’Assemblée nationale? Rien n’est joué mais il faudrait l’équivalent technique d’un miracle, à environ 10 jours du scrutin.
Françoise David
Détendue et posée, la chef de Québec solidaire nous a habitué à un discours qui fait contraste avec celui des trois autres grands partis.
Lors de ce 2e débat, Mme David a livré une performance égale à celle du 1er débat, sans plus. Ceux qui aiment son discours lui resteront fidèles et les autres n’auront pas entendu d’argument susceptibles de les faire passer dans le camp solidaire.
Il faut dire que les idées de Françoise David sont attrayantes parce qu’elle veut authentiquement en découdre avec les lobbys d’intérêts privés qui appauvrissent le Québec en socialisant les pertes et en privatisant les profits. Un Québec sous sa gouverne deviendrait probablement l’État le plus progressif de la planète. Ce serait une expérience à tenter parce que son discours, bien que différent, ne bronche pas sur le fond et ça prouve qu’ayant de la suite dans les idées, on saurait à quoi s’attendre de son gouvernement et les profiteurs n’y auraient pas leur place.
Pour les Québécois qui ont soif de vision et de projets verts qui nous propulseraient dans un avenir plus soutenable, au plan environnemental, le plan de Françoise David, tel que présenté ce soir, au débat télé, a ce quelque chose qui fatigue parce qu’on aime rêver à un Québec plus prospère, plus fier et peut-être même, plus solidaire.
Alors est-ce que les Québécois sont prêts à aller mettre un “x” dans un cercle, pour leur candidat favori?
Pour certains, c’est tellement décidé qu’ils iront même voter par anticipation, dans 3 jours mais la majorité attendra le jour du scrutin du 7 avril 2014 pour se donner autant de temps que possible pour prendre “la bonne décision”.
Certains voteront “stratégique”, d’autres voteront pour empêcher l’élection du “mauvais parti”, à leur sens. Qu’importe le choix, l’important sera de voter!