Ce n’est pas exactement facile de porter un regard neutre sur la monoparentalisation de la société québécoise puisqu’observer quelque chose de l’intérieur peut fausser les conclusions.
Qu’importe, on se lance dans un bref survol des conséquences de la montée en force des familles monoparentales et reconstituées où les familles, les parents et surtout les enfants ont souvent de la difficulté à s’adapter.
Pour les familles, chaque séparation ou divorce provoque un traumatisme qui se ressent “au ralenti” puisque lorsque deux personnes, censées s’aimer, se séparent, même les membres de la “famille proche” peuvent attendre longtemps avant de vraiment connaître l’histoire derrière la rupture et encore là, ces gens qui croyaient tout savoir à propos du couple amoureux n’obtiennent généralement qu’une seule version des faits.
Diablement embêtant lorsque des familles doivent choisir un camp, pour ainsi dire!
Il y a évidemment les couples sans enfants qui se séparent et bien que la peine puisse être intense, ce n’est généralement rien comparé aux séparations où des enfants sont impliqués.
Pour les “parents avec enfants”, une séparation provoque un tsunami de défis opérationnels qui s’ajoutent à la peine que peuvent ressentir la mère et le père, à l’idée de se quitter, certes mais aussi de “perdre” de vue les enfants, pour la moitié de leur vie, à savoir, lorsque ceux-ci seront sous la “garde” de l’autre parent.
Cette séparation multi-points, d’avec un ou une conjointe mais aussi avec les enfants peut causer une peine sans fin et pourtant, les parents séparés savent bien qu’il ne faut RIEN laisser paraître, de peur que l’autre parent —souvent pour “protéger” les enfants— n’en profite pour s’arroger 100% de la garde, prétextant que l’autre parent n’est plus apte à s’en occuper. Vous voyez le genre de stress que ça peut générer.
Ajoutez à ça le fait que plusieurs conjoints séparés tentent de se remettre en couple, avec quelqu’un d’autre et vous voyez combien une situation complexe peut rapidement continuer à se complexifier, dans des directions inattendues.
Pour les enfants, grands perdants du “jeu des séparations et des divorces”, ils demeurent souvent sans voix.
Il arrive que des parents leurs annoncent doucement mais unilatéralement, leur décision FINALE de se séparer mais quand bien même cette délicatesse est appréciée, elle ne change RIEN à la rupture.
La peine d’un enfant devant vivre à moitié dans une maison, à moitié dans l’autre, se vit généralement de manière très silencieuse. Les parents auront beau se défoncer pour les divertir et les garder heureux, de part et d’autre, rien ne remplacera la douceur des bras de l’un et de l’autre, accessibles dans la même maison.
Plusieurs psychologues, du haut de leur montagne d’ignorance relative par rapport à l’infinie complexité de la nature humaine, vont jusqu’à dire que les divorces n’affectent pas négativement les enfants. C’est peut-être vrai dans certains cas, du moins, en apparence mais dans les faits, les enfants souffres de la rupture de leurs parents.
Nos enfants méritent d’avoir deux parents qui s’aiment et qui ont assez de cran pour régler leurs différends entre eux. C’est un défi mais il faut que les couples se fassent confiance.
Ce n’est pas parce que tant de couples se séparent que ceux qui sont encore unis doivent suivre leur exemple. Il y a des avantages à être séparé mais jamais autant que d’être en couple et en amour — c’est pourquoi les parents divorcés tentent, souvent avec l’énergie du désespoir, de se remettre “en couple”.
Pour la société, l’industrie du divorce rend des bien des gens riches, à commencer par les notaires, avocats, juges, secrétaires juridiques, fonctionnaires, psychologues, médiateurs, pédopsychiatres et ainsi de suite qui multiplient les frais destinés à ceux qui veulent mettre fin à leur vie commune. Et ils ne se gênent pas pour beurrer épais!
Il y a aussi les propriétaires de loyers qui voient leur clientèle doubler. Idem pour les épiciers et les marchands de vêtements.
En fait, les vrais perdants, ce sont les protagonistes de cette tragédie ainsi que leur entourage.
Parents du Québec, il y a sûrement des manières plus habiles de régler nos différences que via une séparation ou un divorce. S’il faut en arriver là, qu’il en soit ainsi mais ça donne parfois l’impression que cette fuite en avant ne règle les choses que de manière temporaire, surtout à la vue de tous les problèmes que ça cause, pour les parents séparés et ceux qui les côtoient.
Le dialogue, l’écoute de soi, l’amour véritable et surtout le pardon font assurément partie de la solution.