C’est le vendredi, 24 janvier 2020 que la multinationale Mattel a fait son annonce, à savoir le fabricant de jouets Mega Brands fermera son usine Mega Bloks de l’arrondissement de St-Laurent, à Montréal, qui emploie près de 600 personnes.
Pour les travailleurs de l’usine qui a vu naître l’entreprise, la nouvelle a de quoi ébranler.
Selon la direction de Mattel, l’usine Mega Bloks de Montréal doit cesser ses activités à la fin de l’été 2020. Conséquemment, au moins 580 employés de l’usine de l’arrondissement de St-Laurent perdront leur emploi cet automne.
Le ministre caquiste du Travail, Jean Boulet a beau se faire rassurant avec un tweet qui dit “pris les actions pour faciliter le maintien sur le marché du travail des employés touchés”, les centaines d’employés touchés devront faire le deuil de leur emploi, même s’ils arrivent à s’en trouver un autre ailleurs. Avec l’aide du ministre Boulet, ou non.
Rappelons que l’américaine Mattel est propriétaire de Mega Brands, producteur des Mega Bloks. La direction de Mattel explique sa décision de fermer l’usine de St-Laurent par le fait qu’elle déménagera la production des blocs de plastique dans ses usines en Chine et au Mexique et ce, selon ce qu’elle a déclaré, pour optimiser sa production.
On comprend que par “optimiser sa production”, Mattel parle d’augmenter ses profits.
Se débarrasser des emplois non-payants?
Il faut se demander si ce n’est pas François Legault lui-même qui a pu contribuer, ne serait-ce qu’en intention, à la fermeture de cette usine.
On se rappellera de sa sortie hautement médiatisée, au moment de sa campagne électorale, en août 2018 (en vue du scrutin du 1er octobre 2018) où il militait pour des emplois plus payants (à 25 ou 30$ de l’heure, ou plus).
C’est la suite logique de son discours qui visait à se débarrasser des emploi non-payants qu’il tenait, à l’époque où il était dans l’opposition, en 2012, par exemple.
Il n’y a pas de mal à vouloir des emplois plus payants. Bien au contraire, c’est merveilleux pour les employés qui gagnent mieux leur vie mais voilà, comme dans le cas de l’usine de St-Laurent qui fermera ses portes, il y a des travailleurs qui perdront gros et qui n’auront pas forcément les compétences pour commander un salaire de 25$ ou plus dans leur nouvel emploi, advenant qu’ils arrivent à en obtenir un.
Sans dire que la direction de Mattel a attendu le signal pro-salaires plus élevés du premier ministre François Legault pour délocaliser son usine dans des pays où les salaires sont reconnus pour être dérisoires, comparés à ceux du Québec, la position idéologique de Legault n’a probablement pas contribué à inspirer Mattel afin qu’elle continue d’opérer, ici.
Mais il y a quand même une nouvelle qui réjouira un peu plus de 200 employés administratifs de Mega Brands puisque Mattel entend conserver le siège social à Montréal.
Impossible de dire si cette décision sera avérée ou si elle perdurera, au fil du temps.
Ceci dit, le premier ministre Legault atteint un peu son but en voyant quitter les emplois non-payants de Mega Brands pour ne conserver que ceux qui commandent typiquement des salaires un peu plus élevés qu’en usine.
Que gagne Mattel avec sa délocalisation vers la Chine et le Mexique?
La civilisation coûte cher!
Mattel le sait et elle veut se soustraire à la logique de la bonne gouverne pour profiter à plein du mouvement de capitalisme outrancier et multinational.
À la clé pour Mattel, cette délocalisation lui procurera des bénéfices immédiats, notamment:
- pas de syndicats (en Chine et au Mexique) alors un bien meilleur contrôle (régressif) des employés;
- pas de lois sur la santé et sécurité, au travail, ce qui permettra à Mattel d’abuser de son personnel sans aucune possibilité de représaille par les employés lésés (ou alors, très peu et de manière hautement exceptionnelle);
- pas de loi sur la langue française (au Québec) ou le bilinguisme (au Canada), ce qui diminue ses frais en matière de gestion des langues, en milieu de travail;
- pas de loi sur la pollution industrielle et comme Mega Brands produit des jouets en plastique, on peut s’attendre à une orgie de pollution incontrôlée, aussi bien en Chine qu’au Mexique.
Ajoutez à ces bénéfices la main d’oeuvre disciplinée (lire: résignée et misérable) et des contrôles politiques complaisants envers les “investissements étrangers”, comme celui de Mattel et vous avez une recette parfaite pour conforter les dirigeants américains de Mattel, dans leur décision de fermer l’usine de St-Laurent.
D’ailleurs, personne ne semble savoir ce qu’il adviendra de cette usine. Ce serait peut-être un bon moment pour un autre fabricant de jouets de s’y installer. Sait-on jamais.
Cette décision de Mattel est une conséquence directe de la mondialisation rampante où des transnationales délocalisent (sauvagement ou pas) leur production vers le tiers-monde industriel afin d’extraire des points de profit supplémentaires.
Rien à voir avec un intérêt d’améliorer le sort des Chinois ou des Mexicains… ou des Québécois. Mattel, c’est le fric et la recherche inexorable d’encore plus de fric.
On souhaite donc à tous les employés de Mattel de se replacer ailleurs, le plus rapidement possible et si les Québécois et les Canadiens se respectaient, ils arrêteraient d’acheter des produits Mega Brands ou Mattel.