Est-ce que vous pourriez vous passer de votre voiture?
Selon Transports Canada (TC), c’est environ un tiers des ménages montréalais qui ne sont pas motorisés alors pour eux, c’est apparemment possible de vivre sans voiture — il va de soi que la majorité de ces ménages sont constitués d’individus qui peuvent compter, en cas de besoin, sur des parents ou amis qui, eux, ont un véhicule mais ça, le gouvernement n’en parle pas.
Enfin bref, un mouvement mondial appelé “En ville sans ma voiture” (débuté en France, en 1998) est repris par l’Agence métropolitaine de transports (AMT) du 20 au 24 septembre, 2010, afin de sensibiliser les montréalais aux problématiques liées à l’automobile.
Bien qu’une certaine sensibilisation ait sa place, cet évènement —payé à même les fonds publics— ne donne préséance qu’aux arguments contre la motorisation des citoyens alors pour rétablir, un tant soit peu, l’ordre actuel des choses, voici quelques éléments dont il faut tenir compte lorsqu’on tente de faire le procès des automobiles et par extension, de ceux qui les utilisent.
- L’automobile est utile pour une infinité de besoins.
- Avoir une automobile, c’est la liberté de choisir son trajet sans avoir à se soucier des parcours, choisis à l’avance sans notre assentiment par des personnes qui, au fond, ne nous connaissent pas.
- Qu’importe la complexité du parcours, l’automobile assure une mobilité si optimale que même la majorité des administrateurs et dirigeants de l’AMT en utilisent une, à chaque jour (si l’on se fie à leurs stationnements qui débordent).
- L’automobile nous permet de nous déplacer lorsqu’on le désire.
- Contrairement aux transports en commun qui ne sont offerts qu’à des intervalles fixes, choisis à l’avance par des tiers, l’automobile permet à ses usagers de se déplacer lorsque ça s’avère nécessaire.
- Avec une automobile, il n’y a pas de pertes de temps aux “arrêts d’autobus” ou dans des stations de métro.
- Notons que les seuls moments où les transports par autobus sont plus rapides que ceux en automobile, c’est lorsque les automobilistes sont FORCÉS de tolérer des “voies réservées” pour les autobus, ce qui a pour double effet de ralentir la circulation automobile et de donner la fausse impression que l’autobus est plus “efficace”.
- L’automobile est plus abordable que l’usage des transports en commun.
- Certaines personnes croient encore que prendre l’autobus coûte moins cher que d’avoir une automobile mais c’est faux si l’on prend en compte TOUS les coûts, incluant les délais de déplacements incroyablement longs [surtout pour les banlieusards] liés au transport collectif.
- Avec l’automobile, toute la famille peut partir de la maison, le matin, déposer les deux enfants à l’école puis filer au bureau de l’un puis de l’autre parent. En journée, l’automobile peut servir à faire des commissions et le soir, nul besoin de repayer, comme dans le cas du transport en commun, pour ramener tout le monde à la maison. Le soir, c’est également possible de se servir de l’automobile pour bien d’autres activités — il existe des passes mensuelles d’autobus mais tout compte fait, c’est l’automobile qui offre la meilleure “proposition de valeur”, pour la vaste majorité des gens.
- L’automobile pollue… ok, le transport en commun aussi!
- Personne n’est contre la vertu et en ce sens, une majorité de Québécois rêve au jour où nos automobiles utiliseront mieux les énergies non-renouvelables et tant qu’à faire, feront un usage plus créatif des énergies renouvelables et durables.
- En ce sens, les automobilistes savent que leur véhicule engendre de la pollution mais les usagers du transport collectif doivent aussi prendre conscience que leurs transports, à eux aussi, engendrent beaucoup de pollution et de bruit (surtout à l’intérieur des autobus où c’est carrément la destruction du système auditif).
- Un usager du transport en commun pourra utiliser son vélo pour se déplacer sans polluer ou faire de bruit mais ça, les automobilistes aussi peuvent le faire… et ils le font, en grand nombre!
- Le problème, ce n’est pas l’automobile, comme tel. C’est plutôt la pollution qu’elle engendre parce que des “droits d’auteur” emprisonnent d’excellentes idées pour l’usage d’énergies alternatives. Pour le bruit, ça découle du même problème, à la source. On n’a qu’à regarder à quel point nous avons été floués, au Québec, avec le moteur-roue pour comprendre à quel point les gens qui profitent de l’actuel modèle de consommation “à la pompe” sont corrompus et malveillants, envers notre société qui se dit moderne.
- La pollution est un faux débat, dans un sens, parce que l’essentiel du problème vient de notre désintéressement de l’appareil gouvernemental qui nous permettrait, si on le voulait, de forcer les fabricants de véhicules à les faire fonctionner avec des énergies propres et silencieuses — en passant, avez-vous déjà vu une seule voiturette de golf “au gaz”, vous? Moi, jamais. Il suffit d’exiger que les choses changent et si nous sommes assez convaincants, elles changeront. Pour l’instant, c’est le règne du “statu quo” ou personne n’ose bouger de peur de déplaire à des transnationales étrangères.
- C’est tellement plus agréable de se déplacer en automobile.
- Il y a des moments où ça peut être agréable d’emprunter les transports en commun mais rien ne remplace le plaisir de se déplacer, en automobile.
- L’être humain aime découvrir le monde à l’extérieur des parcours déterminés à l’avance et pour ce faire, l’automobile s’impose comme véhicule de choix (sans jeu de mots).
- Pour les magasins, les automobiles sont les bienvenues parce qu’elles permettent d’augmenter considérable le volume d’affaires — en clair, les automobiles contribuent à faire “rouler” notre économie. C’est vrai aussi pour les transports en commun mais dans une moindre mesure.
En fait, il y aurait tellement de choses à dire EN FAVEUR des automobiles que ce billet ne sera pas assez long pour tout accommoder mais il est tout aussi vrai que l’état actuel des technologies utilisées dans nos véhicules doit évoluer pour refléter les préoccupations des gens, incluant les automobilistes eux-mêmes, en regard de la pollution et du bruit.
Il importe aussi de noter que le transport en commun tire l’essentiel de son financement des poches des automobilistes qui, par leur contribution, font diminuer le coût “perçu” des transports collectifs par un facteur de 3 ou 4. Actuellement, les billets unitaires de l’AMT coûtent entre 4$ et 5,50$, selon la zone desservie. Ouch!
Idéalement, il faudrait optimiser l’actuelle cohabitation des modes de transports privés et collectifs.
Pour ce faire, nous pourrions penser à un modèle où la simple présentation d’un permis de conduire valable, du Québec, donne un accès sans frais aux transports en commun (quitte à augmenter le coût du permis de conduire de quelques dizaines de dollars, par année).
Aussi, il faudrait penser à un modèle où les autobus des banlieues sont plus petits et pour lesquels le parcours peut être mieux adapté à la réalité de chaque quartier (aller dans les rues où les usagers se trouvent, par exemple).
Pour bien servir les citoyens, il faudrait aménager des parcs de véhicules électriques pour les très courtes distances… soit avec des voiturettes de golf ou des Segway.
Il n’y a pas que le vélo qui puisse contribuer à améliorer notre qualité de vie. Il n’y a pas non-plus que les transports en commun. Il nous faut penser aux automobiles en tant que solution et non pas en tant que problème.
En changeant notre perspective concernant l’automobile, nous nous donnons la latitude morale pour améliorer quelque chose qui fonctionne déjà bien et qui, avec un peu d’imagination, pourrait fonctionner encore mieux.
Sous prétexte de vouloir “vivre en ville sans sa voiture”, il ne faudrait pas perdre de vue l’apport incroyable de l’automobile, dans nos vies, directement ou indirectement.
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