Les service par abonnement mensuel Tou.tv de Radio-Canada est offert à 6,99$, au moment de publier ce billet.
Pour un téléspectateur plus riche, il s’git d’un montant insignifiant. Par exemple, pour un médecin qui collecte quelques 14,000$ aux 2 semaines, 6,99$ par mois, c’est trois fois rien.
À l’autre bout du spectre, pour un travailleur au salaire minimum, 6,99$ par mois est un luxe inaccessible. Loyer, transport, nourriture et quelques vêtements ont déjà “mangé” le budget de 35 heures x 15$ = 525$ – les prélèvements = environ 420$ par semaine, soit 1,680$ par mois où il n’y a juste pas assez d’argent pour… quoique ce soit. Incluant un service-télé payant, comme Tou.tv. Même s’il ne coûte que 6,99$.
Alors on se retrouve avec une télévision d’État, dont le financement provient déjà des contribuables canadiens, qui ne sert pas ces mêmes contribuables de manière égale, ou équitable.
Dans les faits, Radio-Canada fonctionne désormais à deux vitesses. Une pour les riches qui veulent un contenu “premium” via Tou.tv et “les autres” qui doivent se contenter du contenu de moins bonne qualité, dans la version “gratuite” de Radio-Canada. Cette dernière version étant remplie à la lie de publicités et de contenus pensés pour maximiser l’impact de la publicité.
Le modèle de Netflix, subventionné par les contribuables
Radio-Canada a beau employer d’excellents créateurs, la société d’État n’a rien inventé, avec Tou.tv.
Il s’agit d’une version “canadiennisée” et francisée de Netflix.
Alors que certains se réjouissent de voir se dresser une forme de concurrence à l’hégémonie de Netflix dans le segment des services télévisuels par abonnement, d’autres citoyens se demandent se le mandat “public” de la société d’État n’est pas en train d’être érodé.
C’est malaisant de penser que Tou.tv n’est offert qu’aux citoyens les plus riches alors que le financement de Radio-Canada est public.
Imaginez si le système de santé, lui aussi public, faisait comme Radio-Canada et offrait “Tou.santé” où pour un abonnement mensuel, les canadiens les plus riches profiteraient d’un service-santé bonifié. Ce serait un scandale mais pour Radio-Canada, avec Tou.tv, le CRTC n’intervient pas. Pas plus que les élus du régime libéral de Justin Trudeau qui donnent à peu près carte blanche au diffuseur “public”, du moment qu’il demeure aligné sur le “message de l’État” (lire: l’agenda Trudeau-iste de mondialisation et d’asservissement à toutes les “priorités” de l’ONU, comme la “crise climatique”, la “taxe sur le carbone”, la vaccination [pressentie pour devenir obligatoire], l’immigration massive imposée et ainsi de suite).
La complicité de Radio-Canada dans le contrôle de l’information lui ouvre toutes les portes, avec l’actuel régime de Trudeau, à Ottawa.
Et ça comprend l’absence totale de sens critique envers le modèle d’affaires de Tou.tv.
Ce qu’en pense PKP
Pierre-Karl Péladeau.
Le “boss” de Québécor. Propriétaire à 100% de Vidéotron et de ses services câblés Illico, lui-même bénéficiaire du soutien de l’État, principalement québécois avec les investissements répétés de la Caisse de dépôts et de placement du Québec. Ce PKP-là. Le 18 janvier 2020, il a dénoncé, lui aussi, le service payant Tou.tv.
PKP a ses propres raisons de vouloir torpiller un concurrent à ses services télévisuels mais il frappe sur les points fondamentaux du mandat de “télédiffuser public” de Radio-Canada et de concurrence déloyale (notamment en raison d’une entente en Radio-Canada et Telus où Tou.tv leur est offert gratuitement).
Les deux points de PKP sont valables mais le CRTC qui a déclaré vouloir étudier la plainte de Québécor concernant Telus, l’organisme de réglementation fédéral est d’avis que “ces types d’enjeux seraient mieux traités” dans le cadre du renouvellement de la licence de Radio-Canada qui aura lieu en mai 2020, lors d’audiences publiques.
Autrement dit, qu’importe les doléances de PKP à propos de Tou.tv, c’est un CRTC mou et peu motivé qui trouve des excuses pour ne rien changer au modèle de Radio-Canada.
Avec Tou.tv, on en est donc pas à un préjudice-près.
Le préjudice contre Vidéotron et son service Illico (à 15$ par mois) est passablement clair mais le pire préjudice est bel et bien contre les citoyens canadiens qui se font confirmer qu’au pays, il y a deux classes de citoyens: ceux qui paient et qui ont accès à du contenu “premium” et… les autres!
Radio-Canada, avec Tou.tv, se trouve à ostraciser les pauvres. À les exclure. À leur rappeler, sans cesse, qu’ils sont des citoyens de second rang. Qu’ils ne sont pas assez “citoyens” pour avoir droit au même service que les autres, de la part du “diffuseur public national”.
C’est très grave le genre d’attaque subversive que Tou.tv mène contre les citoyens qui pourtant, ont déjà payé, pour le “télédiffuseur public”. Si Radio-Canada prend l’argent public pour faire un service privé, c’est ni plus, ni moins qu’un détournement de fonds.
Et le fait que le CRTC n’ait pas déjà sévi, sévèrement, contre cette tactique hors-mandat de Radio-Canada en dit long sur le copinage qui a cours, à Ottawa, entre élus et gestionnaires publics (aussi bien au CRTC qu’à Radio-Canada).
Au fait, pour ceux qui n’avaient pas lu le communiqué de PKP à l’intention du CRTC, voici essentiellement ce qu’il a déclaré:
“Avec Tou.tv Extra, la SRC dévie dangereusement de son mandat de diffuseur public. Premièrement, elle facture des frais d’abonnement pour accéder à du contenu déjà largement financé par les contribuables, à même leurs taxes et leurs impôts. En plus, en offrant sur Tou.tv Extra des émissions provenant de chaînes comme V, TV5, VRAK ou ARTV, la SRC agit désormais comme un télédistributeur, en contravention avec la Loi sur la radiodiffusion, tout en ne contribuant pas au Fonds des médias du Canada, dont elle est par ailleurs largement bénéficiaire.”
L’avenir de Tou.tv
Payer pour Tou.tv, c’est présentement une responsabilité obligée (voire imposée) pour tous les contribuables.
Pour les citoyens abonnés à Tou.tv, l’abonnement est un 2e paiement puisque le premier a eu lieu via leurs impôts et taxes.
L’abonnement de Tou.tv, pour ces canadiens plus riches, se décline donc sous la forme d’une double imposition mais au moins, il y a un service “premium” qui est offert, en contrepartie.
L’injuste la plus absolue est évidemment à l’encontre des Canadiens les plus pauvres. À savoir l’immense majorité des Canadiens qui ne sont pas abonnés à Tou.tv mais qui paient pour une part importante du service, quand même. Et qui ont payé pour “lancer” le service. Sans ces contribuables trop pauvres pour se payer un abonnement, le service n’aurait fort probablement jamais vu le jour! Et pourtant, ils en sont exclus, via un abonnement qui leur est inaccessible.
Dommage que Radio-Canada évite d’enquêter sur sa propre gestion des fonds publics, avec son projet de nature privée financé à même les fonds publics. Avec l’espoir de s’auto-financer un jour avec les abonnements, probablement, si tout va bien mais encore aujourd’hui, c’est la mamelle de l’État qui nourrit Tou.tv.
Et en retour, Tou.tv persiste et signe dans son modèle “premium” pour les riches et pour les autres, les miettes.