L’austérité est inutile et dangereuse

Le budget 2014-2015 du Parti québécois, déposé le jeudi 20 février 2014, ne fait pas l’affaire de tout le monde.

Pour ceux qui n’aiment pas le budget, il y a une bonne nouvelle à savoir qu’il ne sera pas adopté puisque les partis d’opposition, libéraux et caquistes, s’y opposent mais en plus, avec la dissolution de la Chambre à l’Assemblée nationale dans le but de partir en campagne électorale, le budget servira davantage de plate-forme économique, pour le PQ.

Mais voilà justement où le bat blesse, avec ce budget: l’économie.

Parmi ceux qui n’aiment pas ce budget teinté d’austérité, il y a l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ). Il s’agit d’un syndicat étudiant national qui regroupe plus de 70,000 membres dans plusieurs associations tant collégiales qu’universitaires, à travers le Québec. Ce budget les horripile tellement qu’ils ont lancé un mouvement appelé “#manif3avril” dont l’un des slogans est “Budget 2014: Aux riches de faire leur part”.

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Ainsi, la manifestation qui doit avoir lieu le 3 avril 2014, à 14h au Sqaure Berri, en plein centre-ville de Montréal, s’attaque à un budget austère qui fait ses frais sur le dos des contribuables tout en laissant filer les ultra-riches.

Difficile de ne pas être d’accord avec l’orientation austère constatée par tous les observateurs, dans le budget Marois. La redistribution de la richesse a lieu dans les chèques de paie aux deux semaines des travailleurs québécois, des manœuvres au bas de l’échelle aux médecins en haut mais les ultra-riches, eux, n’ont pas à s’abaisser à payer leur “juste part” d’impôt, comme les autres. Leurs fiscalistes et avocats auront rapidement repéré les failles dans nos systèmes, aussi bien du côté fiscal que juridique. Et vogue la galère… sauf que l’ASSÉ veut se faire entendre, sur la question.

Leur site web convoie un message clair. Le budget du PQ est trop austère et les riches doivent payer leur juste part.

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En fait, on peut penser que l’usage du mot “riche” s’adresse aux “ultra-riches” car selon le gouvernement du Québec, est riche quiconque gagne un revenu brut de 40,000$, soit le seuil monétaire où l’on commence à faire partie de la fameuse classe moyenne. Difficile de prétendre être “riche” à ce niveau passablement spartiate!

Alors la cible, ce sont les ultra-riches… il n’y a pas que les étudiants qui les ont dans leur mire.

L’idée, c’est de les taxer de manière plus équitable — ce qui n’a absolument pas cours, en ce moment. Les échappatoires fiscaux sont tellement nombreux que plusieurs auteurs s’en inspirent pour écrire des livres fort étoffés sur les manières d’échapper à l’impôt. C’est dire la taille de ces échappatoires, pour quiconque a les moyens de se payer les services de spécialistes de la fiscalité.

Pour vous faire une tête sur l’austérité, commencez par écouter cette vidéo:

Dans le site de la manifestation du 3 avril 2014, on retrouve des chiffres qui frappent l’imaginaire comme le fait qu’en 1961, 60% des impôts provenaient des entreprises alors qu’en 2012, seulement 25% vient de celles-ci. Un incroyable transfert d’imposition sur les épaules des contribuables qui assument désormais environ 75% de tous les impôts. On peut dire que les entreprises s’en tirent à très bon compte, trop, même.

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Même histoire au fédéral où les entreprises payaient 40% de tous les impôts en 1960 alors qu’en 2013, c’est à peine 15%. C’est le contribuable qui a dû prendre le relais et mettre fin à son enrichissement pour permettre aux ultra-riches de s’enrichir encore plus. C’est odieux et pourtant, les grands médias n’en parlent pas. C’est une bonne chose que l’ASSÉ en parle, ne serait-ce que pour lancer un débat de société sur cette importante question.

Il est aussi question, dans le site web de la manifestation, des coupes. Éducation, environnement, travail, femmes, services sociaux et culture. Tout ce qui constitue la base des services gouvernementaux est menacé par le budget d’austérité du PQ.

Parmi les alternatives envisagées, fort ingénieuses d’ailleurs, on retrouve l’établissement de 10 paliers d’imposition au lieu de 4 où ils expliquent qu’en revenant à une distribution des impôts plus égalitaire, notre gouvernement provincial pourrait récupérer 1M$ tout en les baissant pour 87% des gens.

Ça ne touche pas que les étudiants… ça touche tous les Québécois.

Cette mesure n’alourdirait pas le fardeau fiscal de la plupart des contribuables. En effet, pour 87% des gens, notamment les plus pauvres et la classe moyenne, cela représenterait une baisse d’impôts. Et pour les 13% les plus riches, il ne s’agirait que d’une hausse d’environ 1,5%.

Incroyable que ce soit une association étudiante qui amène ces alternative sur la place publique et non nos élus.

On comprend que nos élus deviennent des “Yes Men” dès qu’ils prêtent allégeance à leur chef de parti. Dès lors, ils doivent suivre la ligne de parti et parler quand on leur permet de le faire. Devant un tel barrage d’auto-censure, pas surprenant que les idées un tant soit peu créatives soient rapidement asphyxiées, au sein de tout parti politique.

En voulant plaire à leur base militante ancrée dans certains choix idéologiques, il peut, en effet, devenir périlleux pour une formation politique de changer sa formule pour y inclure des idées plus entreprenantes alors pour ne perdre aucun vote, il faut éviter tout changement qui n’aurait pas d’abord l’appui de cette base politique.

Heureusement, il y a encore des organisations, comme les associations étudiantes qui lancent des idées novatrices dans la mêlée, ne serait-ce que pour susciter des réflexions et lorsque possible, des changements.

Que vous soyez d’accord ou non avec l’austérité annoncée dans le budget péquiste ou la dénonciation de l’ASSÉ, cette initiative aura le mérite de faire jaser d’économie et de ce qu’on attend des orientations économiques de notre gouvernement provincial.

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