Impossible d’éviter la présence du plastique dans nos vies.
Certains items comme les automobiles, les ordinateurs, les appareils ménagers ou certains éléments de mobilier ont une plus longue durée de vie utile et donc, prennent parfois plusieurs années ou même décennies avant de prendre le chemin du recyclage ou de l’enfouissement.
D’autres items en plastique sont conçus pour être jetés après un bref usage. Les sacs en plastique qui sont vendus chez les commerçants, les ustensiles jetables qui sont disponibles dans les restaurants et les bouteilles en plastique pour l’eau et les différentes boissons sont des exemple d’usage du plastique dans des contextes où ils ne devraient pas l’être.
Pourquoi faudrait-il faire des efforts, individuels et collectifs, pour éviter la formule “utiliser et jeter” pour le plastique?
Parce que la pollution engendrée par le plastique à usage unique (ou limité) affecte nos écosystèmes. Dans l’eau, dans l’air et dans nos terres, le plastique contamine le vivant.
Un danger bien réel
Impossible de feindre l’ignorance devant ces océans de plastique qui se retrouvent un peu partout et qui se dégradent très lentement en parties de plus en plus petites, au point de devenir des microplastiques.
Et c’est là que le plastique prend sa revanche ultime contre le vivant, via les microplastiques sont des aimants pour une variété de contaminants (pouvant être hautement toxiques, comme des dioxines, de l’e-cola et la bactérie qui cause le choléra) qui, vu leur toute petite taille, intègrent la chaîne alimentaire.
Ce micro plastique ressemble à l’odeur de la nourriture pour les petits poissons qui en ingèrent avant d’être consommés, à leur tour, par des poissons de plus grande taille jusqu’à ce que soit les humains qui finissent par consommer les microplastiques.
Si l’on prend l’exemple des huitres, à chaque fois que vous en mangez une, vous êtes susceptibles de manger en 60 et 70 particules de microplastiques. Vous ne les goûtez pas. Vous ne les voyez pas mais ces microparticules de plastique entrent dans votre corps en tant que “débris de plastique” pouvant s’accumuler, de la même manière que dans les animaux plus petits qui les ont amenés jusqu’à l’humain, via la chaîne alimentaire.
Les microplastiques font l’objet d’un nombre croissant de recherches.
Pour l’heure, les chercheurs voient des liens entre ces microplastiques et des maladies chez les humains et les animaux.
Voici un aperçu de la présentation de la recherche de Tamara Susan Galloway intitulée “Micro et nano-plastiques et santé humaine“:
“Les plastiques sont des matériaux extrêmement polyvalents qui ont apporté d’énormes avantages pour la société. Ils peuvent être fabriqués à faible coût et leur nature légère et adaptable a une multitude d’applications dans tous les aspects de la vie quotidienne, y compris l’emballage alimentaire, les produits de consommation, les dispositifs médicaux et la construction. D’ici 2050, toutefois, 33 milliards de tonnes supplémentaires de plastique seront ajoutées à la planète. Étant donné que les polymères plastiques les plus couramment utilisés sont très résistants à la dégradation, cet afflux de matériaux complexes persistants constitue un risque pour la santé humaine et l’environnement. Les interactions quotidiennes et continues avec les articles en plastique permettent une exposition orale, cutanée et par inhalation à des composants chimiques, ce qui entraîne la présence généralisée dans le corps humain de produits chimiques associés aux plastiques. L’élimination sans discernement pèse lourdement sur les systèmes de gestion des déchets, car elle permet aux déchets de plastique de s’infiltrer dans les écosystèmes et de contaminer la chaîne alimentaire. La présence signalée de débris de plastique microscopiques, ou microplastiques (débris de taille ≤ 1 mm), dans des habitats aquatiques, terrestres et marins est particulièrement préoccupante. Cependant, la possibilité que des microplastiques et des nanoplastiques d’origine environnementale soient nocifs pour la santé humaine reste peu étudiée. Dans cet article, certains des plastiques les plus couramment rencontrés au quotidien sont identifiés et leurs dangers potentiels répertoriés. Différentes voies d’exposition des populations humaines, à la fois des additifs plastiques, des microplastiques et des nanoplastiques à partir de produits alimentaires et de débris mis au rebut sont discutées. Les risques associés aux plastiques et aux additifs considérés comme les plus préoccupants pour la santé humaine sont identifiés. Enfin, certains développements récents visant à fournir une nouvelle génération de polymères plus sûrs et plus durables sont pris en compte.”
Il y a aussi eu cet article intitulé “Microplastiques et santé humaine: un problème urgent” dans The Lancet, Planetary Health, en 2017 qui exposait la situation en ces mots:
“Les microplastiques proviennent de nombreuses sources: fibres synthétiques pour vêtements, poussière de pneus, peintures routières et décomposition d’articles volumineux. La récente enquête d’Orb Media a mis au centre de l’attention la question des microplastiques dans l’environnement. L’analyse d’échantillons d’eau du robinet provenant du monde entier a révélé qu’une grande partie de l’eau de boisson est contaminée par des fragments microscopiques de plastique (83% des échantillons collectés dans le monde, mais jusqu’à 94% aux États-Unis). La contamination microplastique semble plus répandue que nous ne le savions peut-être et elle est régulièrement ingérée par des personnes du monde entier. Le plus préoccupant est le peu de connaissances dont nous disposons sur les effets de la consommation de microplastiques sur la santé humaine.
Ce n’est pas un petit problème. En 2015, 6300 millions de tonnes de déchets plastiques ont été générées, dont environ 9% ont été recyclées, 12% ont été incinérées et 79% ont abouti dans des décharges ou dans l’environnement. La question des gros articles en plastique polluant les océans du monde est bien connue, ce qui a conduit à des politiques visant à limiter la production et l’utilisation de sacs et de bouteilles en plastique et à accroître le recyclage. Cependant, l’un des problèmes majeurs des plastiques est qu’ils sont essentiellement indestructibles. plutôt que d’être biodégradés, ils se décomposent en morceaux de plus en plus petits, pour finalement devenir des fragments microscopiques. Nous ne devrions plus nous préoccuper uniquement des gros articles en plastique qui obstruent les océans et les voies navigables, mais nous devons également accorder une plus grande attention à ces minuscules fragments et à leurs effets sur la santé de la planète.”
Comme l’explique The Lancet dans sa publication, la pollution via les micrplastiques est omniprésente.
Il s’agit d’une problématique qui semble passer sous le radar de nos agences de santé publique, aussi bien au Québec qu’au Canada.
Et pourtant, les microplastiques pourraient être responsables d’importants problèmes de santé. On parle de
Les scientifiques réunis au Plastic Health Summit qui s’est tenu en octobre 2019 à Amsterdam révèlent des recherches novatrices sur les micro et nanoplastiques, avertissant de leurs effets potentiellement mortels sur les cellules immunitaires humaines.
Et ce n’est pas tout, il y a aurait aussi des dommages intestinaux ainsi que de la toxicité dans les cellules des poumons, du foie et du cerveau. C’est majeur. Sans oublier le lien entre le bisphénol A (BPA) et les maladies cardiaques ainsi que le mal des temps modernes, le diabète de type 2.
Parlant du diabète de type 2 qui est en croissance fulgurante, partout dans le monde (incluant en Afrique), le lien avec le bisphénol A (et les autres bisphénols encore présents dans nos contenants en plastique) et le diabète de type 2 est à peu près ignoré par le ministère de la santé du Québec et par Santé Canada. Y aurait-il des intérêts financiers liés aux fabricants de produits en plastique, derrière cet aveuglément apparemment volontaire, devant la menace des microplastiques et plus généralement, du plastique, dans nos vies?
La santé des Québécois dépend du niveau de vigilance de nos agences de santé publique. Or, en ce moment, aussi bien à Québec qu’à Ottawa, ça ne bouge pas. Comme si le plastique ne présentait aucun danger.
N’oubliez pas, non-plus, que le plastique diminue de manière significative la fertilité, humaine et animale (par une diminution du compte de sperme, via la neurotoxicité des plastiques).
Si nous pensons à notre santé et à celle de nos enfants, nous devrions prendre les mesures, via nos gouvernements (et dans nos vies), pour réduire notre exposition aux produits en plastique.
Il s’agit d’un effort collectif et individuel qui demandera d’importants efforts, à commencer par les industries chimiques (Exxon, Dow, Matsui, BASF et des centaines d’autres) afin de migrer vers des matériaux qui ne viendront pas prendre leur revanche sur la vie, au sens large, dans leur “deuxième vie”, comme c’est le cas en ce moment, avec les plastiques qui se dégradent, sans arrêt, dans nos environnements.
Concrètement, aujourd’hui
Les gouvernements vont agir seulement s’il y a de la pression du public alors avant tout, partagez ce billet avec vos élus municipaux, provinciaux et fédéraux.
Faites-leur connaître votre inquiétude en regard des microplastiques.
Expliquez-leur que vous allez faire des changements dans votre vie personnelle mais que la problématique qui a cours, en ce moment, dépasse votre capacité d’agir seul et qu’il faut agir ensemble pour réduire notre exposition collective aux plastiques et à leurs sous-produits lors de leur dégradation physique et chimique, soit les microplastiques et les nanoplastiques.
Il y a de fortes probabilités que vous ou des proches soyez déjà affectés par les effets du plastique, dans votre vie. Votre médecin n’a peut-être pas eu l’occasion de s’intéresser au sujet mais il serait intéressant que vous lui en parliez.
Ensuite, faites un inventaire rapide des plastiques, dans votre environnement.
Sortez les plastiques dormants de votre maison, comme les blocs Lego et les poupées en plastiques.
Évitez tous les contenants en plastiques, dans vos armoires, à commencer par les verres, les contenants et les sacs, incluant ceux que vous utilisez pour les lunchs des enfants.
Prenez soin de ne jamais faire chauffer des aliments dans des emballages ou des contenants en plastique. Incluant le lunch de votre enfant qui serait chauffé dans un micro-ondes, sur l’heure du dîner, à l’école. Transitez rapidement vers des contenants en verre. Un peu plus lourds et cassants, ils n’ajouteront cependant pas de contaminants dans la nourriture.
Chacun de vos choix fait une différence.
Incluant des sacs d’épicerie à usages multiples et des produits utilisant du bois, du verre et des métaux, au lieu du plastique.
L’enjeu est majeur pour les fabricants de plastique qui ont des visées expansionnistes sans précédent de trois fois le niveau actuel d’ici 2050. Alors s’ils sont les seuls aux commandes, les problèmes notés ci-haut vont aller en empirant de manière exponentielle.
Vous faites partie de la solution, dès maintenant.
En ayant lu ce billet, vous comprenez mieux l’existence d’une réelle problématique avec les plastiques et tout naturellement, vous allez graduellement diminuer votre recours à ceux-ci.
Continuez à faire partie de la solution et considérez l’importance de transiter vers mieux que le plastique qui continue, à chaque seconde, de prendre sa revanche sur nous tous qui avons été trop permissifs, au prix de notre santé.
Si vous aimeriez en apprendre plus sur les dangers liés aux microplastiques, il y a de nombreux excellents sites web mais pour ma part, je vous recommande l’Alliance pour en finir avec les déchets du plastique (ou “Alliance to end plastic waste”, en anglais).
Au Canada, il y a aussi un effort appelé “Zéro déchet de plastique : les mesures prises au Canada” qui vise à contrer les déchets de plastique et la pollution.
Au Québec, je vous recommande l’Association québécoise Zéro Déchets qui a pour mission de sensibiliser et d’inspirer les citoyens, gouvernements, entreprises et groupes régionaux aux nombreux bienfaits du mouvement zéro déchet pour l’environnement, la santé et la société québécoise.
Aux États-Unis, le National Institutes of Health (NIH) vous offre ToxTown où plusieurs préoccupations concernant les produits toxiques sont exposées, incluant les microplastiques.