Le phénomène de la pauvreté continue de gagner du terrain, alors même que la fameuse “lutte à la pauvreté” est censée lui en faire perdre.
Qu’est-ce qui ne fonctionne pas pour que la pauvreté continue à gangréner la société québécoise?
À quelques jours de la périodes des Fêtes de 2015, les inégalités sociales sont indéniables et les plus pauvres souffrent de l’énorme disparité des salaires des 1% les plus riches, des quelques 20% qui les servent et des 79% restants qui sont des abonnés au crédit à la consommation, ruineux et rapace, de par sa nature et sa raison d’être.
La pauvreté québécoise est telle, en importance, qu’elle est devenue un spectre.
- La classe moyenne élevée qui croule sous les dettes et n’arrive plus à équilibrer ses finances;
- La classe moyenne étouffée par Visa et MasterCard qui n’arrive plus à se trouver un logement abordable et qui est frappée de plein fouet par l’augmentation rampante du coût de la vie;
- Les pauvres qui n’arrivent pas à rejoindre la classe moyenne et qui subissent de manière totalement inhumaine les coûts à la hausse pour assurer leur subsistance;
- Les très pauvres qui ont tout perdu et qui ne se sentent plus faire partie de notre société, à plusieurs niveaux, dont celui de l’emploi.
Pour chaque catégorie de pauvreté, il y a des gens qui s’en sortent mieux en modifiant leur vie au point où le profond déséquilibre et les puissantes injustices qui en découlent sont maquillés pour les rendre plus “vivables”. Comme par exemple, l’absence de cadeaux de Noël en raison de la pauvreté des parents. Ça devient la normalité et les enfants pauvres voient les enfants riches comblés par des montagnes de cadeaux alors que pour eux, Noël, c’est une assiette vide et un logement où il fait froid. Au Québec, c’est ça le visage de la pauvreté que les riches ne veulent pas voir. Et pourtant, il suffit de se promener près de n’importe quelle école primaire de la province, un matin froid de décembre, pour constater le nombre gênant d’enfants qui se promènent avec un manteau de printemps (et non d’hiver), des bottines de pluie (et non des bottes d’hiver), avec une casquette (au lieu d’une tuque) et bien entendu, sans pantalons d’hiver ou de mitaines. C’est absolument épouvantable de voir ces enfants avancer dans la neige en essayant de garder leur dignité en passant à côté des enfants qui arrivent en voiture de luxe, avec leurs parents et qui sortent tout habillés de vêtements d’hiver signés pour parcourir les 30 pieds de la voiture chauffée à l’école chauffée alors que les enfants issus de milieux pauvres doivent trop souvent marcher de la maison à l’école, qu’importe la température.
Au Québec, les riches ont appris à profiter de la misère des plus pauvres.
Et c’est pour cette raison que même s’ils refuseront de l’avouer publiquement, en privé, ils vous avoueront qu’au fond, la pauvreté des autres fait bien leur affaire.
Pour les gouvernements, c’est un pan entier de la bureaucratie qui gère la pauvreté. Une manne pour des centaines de milliers de fonctionnaires dont l’emploi n’existerait pas si la pauvreté était réglée et chose du passé.
Ainsi, les initiatives gouvernementales, si vous les étudiez bien, ont pour but de GÉRER la pauvreté et non de l’enrayer.
Par exemple, il y aura des programmes pour l’accès à un logement un peu plus abordable mais le gouvernement, d’autre part, refuse obstinément de hausser le salaire minimum pour sortir ces centaines de milliers de travailleurs profondément vulnérables de leur situation statistique de pauvreté (sous le seuil établi de la pauvreté, au plan fiscal). Quelle arrogance! Les fonctionnaires se créent un emploi sur le dos des pauvres et s’assurent un emploi à long terme en maintenant les salariés dans un état de précarité extrême et ce, de manière perpétuelle. La belle affaire, pour un gouvernement qui veut se donner bonne conscience d’une part tout en évitant que les pauvres puisse se sortir du cauchemar financier dans lequel ils se trouvent.
Ensuite il y a ces riches qui donnent à des causes. Un beau geste qui cache une motivation trop souvent mercantile.
Aurions-nous oublié les déductions fiscales?
Comment ignorer qu’au provincial comme au fédéral, chaque don à une cause y étant inscrite forcera l’ensemble des Canadiens à compenser le riche pour une part importante de son don. Oui, à chaque fois que vous entendez parler d’un riche qui fait un don, considérez qu’environ 50% de cette somme viendra des poches du reste des contribuables.
C’est une façon efficace pour les riches de faire reposer la moitié de leur générosité sur les épaules des moins fortunés qu’eux. En toute légalité, rappelons-le puisque les riches sont ceux qui font les règlements, incluant ceux liés à la fiscalité. Sans surprise, cette fiscalité avantage les riches tout en persécutant les pauvres avec des mesures qui les empêche d’améliorer leur sort. C’est très bien conçu, pour le bénéfice unilatéral des riches.
Parce que les riches comprennent mieux la fiscalité artificiellement complexe, ils bénéficient de nombreux échappatoires fiscaux, dont des déductions liées à l’opération d’entreprises. Alors que la pain est taxé dans les épiceries, on constate qu’aucune transaction financière ne l’est, elle. Un bel exemple d’ingénierie fiscale qui avantage le 1% au détriment du 99%.
Les riches savent très bien que ces incroyables avantages sont tellement ruineux pour le reste de la population que si soudainement, des millions de Québécois se mettaient à les utiliser dans leur plein mesure, notre système fiscal imploserait et ce serait la faillite sociale assurée.
Mais les riches ont pensé à créer des pièges pour quiconque voudrait améliorer son sort. Fiscalité inutilement compliquée, contrôles incessants pour les plus petits commerces afin de les décourager et les appauvrir ainsi qu’une panoplie de programmes destinés à avantager la concurrence étrangère afin de tuer l’économie locale (absence de tarifs et traités internationaux avantageux pour les très riches mais contre-productifs pour tous les autres commerçants).
Ainsi, les dons des riches vers les pauvres sont loin d’avoir une odeur de sainteté. Non-seulement la richesse a-t-elle été acquise ou maintenue dans un système favorable aux riches mais en plus, ces actes de générosité ne sont, au final, que des manœuvres d’évitement fiscal.
Mais ça donne bonne conscience!
Les riches dorment mieux en sachant qu’un pauvre, quelque part au Québec (ou ailleurs) a reçu un petit avantage ponctuel qui lui a probablement amené un petit réconfort. Pas question de militer pour un salaire minimum à 15$ de l’heure, par contre parce que là, il n’y aurait presque plus de pauvreté et le système de contrôle actuel, bien rodé et efficace pour entretenir la pauvreté, serait en péril. Les riches seraient alors devant l’obligation d’établir un nouveau jeu de règles pour maintenir le contrôle sur la société mais comme leur système actuel fonctionne, ils n’ont pas d’intérêt à le voir disparaître.
Alors le manège continue…
Avec comme résultat que les inégalités sociales prennent une ampleur inédite avec les riches qui s’enrichissent et les pauvres qui s’appauvrissent.
Le gouvernement ne joue plus son rôle de redistribution des richesses parce que ses règles sont déterminées… par les riches!
Ce système qui ne fonctionne pas et qui enfonce les pauvres dans une encore plus grande pauvreté doit être changé, dès maintenant.
Pendant que Sam Hamad veut couper la rente mensuelle des nouveaux assistés sociaux de 600$ à 300$ (un montant qui peut varier, un peu, selon les “situations particulières”), le ministre de la santé Gaétan Barrette augmente le salaire des médecins spécialistes de 42%. Et les députés qui ont augmenté leur propre salaire. Voyez-vous l’ampleur de la démesure?
On sent l’arrogance dans ces mesures qui visent à entretenir la pauvreté des uns, avec toute la détresse qui vient avec tout en ajoutant au confort sans fin des autres, les riches médecins spécialistes et autres “professionnels de la santé” qui s’enrichissent comme si l’austérité n’existait pas.
Et là, on ne parle même pas des 1,32MM$ qu’a reçu Bombardier du gouvernement du Québec pour ensuite avoir un autre 2MM$ de la Caisse de dépôt… tout ça pour un avion de la C-Serie qui ne se vend pas.
Pire, Bombardier va utiliser cet argent, en grande partie pour créer de l’emploi au Mexique et au Maroc. Wow… ça va aider l’emploi au Québec, ça (ironie, évidemment).
Voyez-vous à quel point les riches ont usurpé le gouvernement pour leurs propres bénéfices?
Et les pauvres, dans tout ça, continuent de souffrir, inutilement.
Alors quand la Guignolée des médias ou d’autres levées de fonds ont lieu, c’est en premier lieu pour engraisser “la machine”, soit ceux qui se créent des emplois avec la misère des autres ou les riches qui maximisent leur usage des déductions fiscales pour avoir fait des dons.
Le pire, c’est que l’argent que les gens donnent à des organismes de charité à but non-lucratif sert d’abord à payer l’administration et trop souvent, c’est un montant bien en-deça des dons qui parvient à ceux qui en auraient eu le plus besoin.
Mais bon, ce n’est pas en attendant l’aide des autres que les pauvres vont améliorer leur sort.
Il faut aller à contre-courant du système individualiste et désolidarisé qui fait le bonheur de l’élite ultra-riche.
Les pauvres, dans les faits, doivent se regrouper et poser des gestes qui confirment leur solidarité devant autant de misère humaine inutile.
Ces millions de Québécois plus pauvres doivent forcer le politiciens à implémenter des règles plus justes qui leur permettent de bien gagner leur vie.
Pour l’instant, les politiciens sont des esclaves de leur “ligne de parti” où tous les élus jouent au perroquet et répétant ce qu’a déclaré leur “chef”. Le chef de parti, lui, dit être à l’écoute des membres de son parti mais dans la réalité, il prend ses ordres du pouvoir occulte constitué d’individus et de groupes dont les intérêts ne vont absolument pas dans le sens de l’équité, en société.
Au fait, pourquoi aider les pauvres?
Parce que dans une société riche comme le Québec, la pauvreté ne devrait pas exister. Il y a de la pauvreté parce que les riches en tirent d’innombrables avantages, notamment au chapitre de la main d’œuvre très abordable et les incessants conflits sociaux qui permettent aux riches de diviser pour mieux régner.
Et fiscalement, on a même pas parlé des paradis fiscaux qui nous volent, collectivement, en enrichissant les plus riches qui échappent ainsi, légalement, à l’impôt.
Alors les pauvres québécois qui veulent s’en sortir ont toutes les raisons de le faire et certains y parviendront mieux que d’autres.
Il faut se rappeler que même si la pauvreté fait l’affaire des riches, ça ne fait JAMAIS l’affaire des pauvres.
Si nous aspirons à mieux, en tant que société, il faut corriger les fondements économiques qui mènent à la pauvreté pour que celle-ci cesse d’exister.