Est-ce qu’il est possible que le gouvernement du Québec utilise Hydro-Québec, le quasi-monopole d’État québécois de l’électricité, pour réduire son déficit annuel ainsi que sa lourde dette?
Si l’on demande à Richard Dagenais, porte-parole de la Coalition des associations de consommateurs du Québec en matière d’énergie, la réponse serait probablement « oui » parce que dans ses mots « Le gouvernement a un grand appétit pour Hydro-Québec et ce sont les consommateurs, en bout de ligne, qui l’assument. » — pour lui, les consommateurs québécois ne devraient pas assumer les coûts de l’éolien, d’autant plus que les hausses de tarifs des dernières années sont supérieures à l’inflation.
On parle d’éolien parce que derrière cette demande de hausse, à hauteur de 3,9%, à la Régie de l’énergie, on retrouve le coût des nouveaux approvisionnements, principalement éoliens qui s’élèveraient à 2,1% du total de la hausse réclamée. Cette hausse devrait théoriquement entrer en vigueur à partir du 1er avril 2015. Ça vient vite!
La société d’État indique aussi que les investissements dans les réseaux de transport et de distribution —pour répondre à la croissance de la demande résidentielle et commerciale— contribuent pour 1,9 % à la hausse des coûts. Ces investissements ont été approuvés par la Régie de l’énergie… difficile de dire non à Hydro-Québec après avoir dit oui à un tel investissement.
L’indexation du coût de l’électricité du bloc patrimonial représente une augmentation de 0,4%. Ce bloc d’électricité couvre plus de 90% des besoins québécois. C’est un peu dingue que l’électricité puisse augmenter selon un index alors que nos salaires, eux, stagnent ou diminuent… à moins d’être un fonctionnaire syndiqué où là, il y a encore des augmentations de salaires qui arrivent, comme par magie, malgré une performance mitigée de l’économie. Cherchez l’erreur!
Heureusement, des gains d’efficience de 0,5% permettent de faire contrepoids à la hausse, ramenant la demande d’Hydro à 3,9%. Difficile de savoir ce que sont —très exactement— ces gains d’efficience mais bon, on ne peut que s’en réjouir!
La Régie de l’énergie va tenir ses audiences publiques pour discuter et analyser cette demande et leur décision est attendue au début de 2015. On se doute que la réponse va être oui et alors, on va être pris pour payer un montant supplémentaire de 2,02$ / mois pour un logement, de 5,14$ pour une petite maison, de 7,33$ pour une maison moyenne ou encore, de 9,46$ pour une grande maison. Pour certains, ces montants ne posent pas problème mais pour d’autres, ce sont des dollars qu’ils n’ont plus pour leurs autres dépenses.
Au final, ces petites hausses nuisent aux ménages qui tentent de se libérer de leurs dettes ou encore, d’arriver à boucler leur budget.
Hydro-Québec a faim… le nouveau gouvernement libéral de Philippe Couillard a probablement hâte de recevoir de plus grosses sommes de la société d’État, annuellement mais sincèrement, l’aventure éolienne nous fait mal, collectivement et nos milliards auraient pu aller dans d’autres projets plus payants, collectivement.
Pour ceux qui ont la mémoire courte, voici un compendium des hausses du prix de l’électricité qui ont été autorisées par la Régie de l’énergie, depuis 2004…
- 2014-2015: 3,9% (1er avril)
- 2013-2014: 2,4% (1er avril)
- 2012-2013: -0,5% (1er avril)
- 2011-2012: -0,4 % (1er avril)
- 2010-2011: 0,4% (1er avril)
- 2009-2010: 1,2% (1er avril)
- 2008-2009: 2,9% (1er avril)
- 2007-2008: 1,9% (1er avril)
- 2006-2007: 5,3% (1er avril)
- 2005:2006: 1,2% (1er avril)
- 2004-2005: 1,4% (1er avril)
- 2004: 3% (1er janvier)
Ça donne le vertige!
Clairement, la date du 1er avril est en voie de devenir la fête annuelle de la hausse du prix de l’électricité, chez Hydro-Québec — de quoi décourager les clients de la société d’État qui n’ont, finalement, aucun autre choix que de payer.
Rares sont ceux qui ont réussi à s’aménager un système solaire, éolien-résidentiel ou géothermique pour s’affranchir, même en partie, d’Hydro-Québec. Et pourtant, on en rêve tous!
Pour 2015, Marc-Olivier Moisan-Plante, analyste en énergie à l’Union des consommateurs, prévoit que quelques 18% de consommateur en plus ne seront plus capables de payer leur facture d’électricité, les reléguant aux « créances douteuses » qui vont coûter cher, en « administration »… c’est vraiment triste de voir qu’Hydro-Québec devient inaccessible, financièrement, à tant de clients alors qu’ils fournissent un service essentiel.
Pour la plupart des clients d’Hydro-Québec, la seule façon de contrer cette hausse, ce sera de fermer les lumières et de baisser le chauffage. Les riches ne verront pas la différence mais les autres, eux, la subiront de plein fouet… 3,9%… grandiose!