Nouvelle année, nouvelle série de hausses systématiques de presque tous les loyers d’appartements, à Montréal.
C’est exactement la même chose, ailleurs en province mais à Montréal, cette nouvelle hausse qui arrive typiquement par voie de courrier enregistrée, à la mi-janvier (en vue de l’exercice de la hausse au 1er juillet) fait vraiment mal.
Il suffit de regarder froidement le marché du travail montréalais pour constater que les salaires n’ont pas progressé de 1,9%, soit la hausse que cautionne la Régie du logement (RDL) pour un logement non chauffé (soit la majorité des logements).
Notez que le chiffre de 1,9% est une estimation qui comprend à la fois la hausse de la Régie du logement -et- la hausse provoquée par les taxes municipales.
Pourcentages applicables pour le calcul des augmentations de loyer:
- Logement non chauffé: 1,2%;
- Logement chauffé à l’électricité: 1%;
- Logement chauffé au gaz: 1,4%;
- Logement chauffé au mazout: 0,6%.
Ainsi, même si les logements vieillissent d’une autre année, les prix des loyers, eux, grimpent, inexorablement. Comme si le logement ne montrait pas son âge!
Montréal coûte cher
Déjà que les hausses annuelles des prix des loyers d’appartements ont de quoi indisposer fortement les centaines de milliers de Montréalais qui se voient contraints de vivre en appartement, souvent parce qu’ils sont bien trop pauvres pour envisager d’avoir leur propre maison (et ce n’est pas un jugement de valeur mais un simple constat), voilà que la ville de Montréal, de son côté, dépense comme si tout le monde était millionnaire.
C’est d’ailleurs à la mi-novembre 2019 que nous avons appris que le budget 2020 de la ville de Montréal s’était envolé. Une véritable flambée des dépenses par l’administration Plante-Dorais qui entend dépenser 6,17 milliards de dollars, l’an prochain. Il s’agit-là d’une hausse de 8,1% par rapport au budget de 2019.
Ouf!
Soyons clair, Montréal n’a jamais autant dépensé.
Exactement le contraire des citoyens qui, eux, n’ont jamais été aussi endettés et donc, incapables de dépenser pour autre chose que l’essentiel.
À l’évidence, le budget 2020 de Montréal est un budget irresponsable, au vu des défis criants d’une importante part de Montréalais qui peinent à boucler leur budget qui, suite à la nouvelle hausse des loyers 2020, va devenir encore plus compliqué.
Les contribuables montréalais voient donc leur compte de taxes augmenter de 2,1% (et 2,3 à Montréal-Nord), environ au même rythme que l’inflation (de 2%, en décembre 2019). Ce citoyens déjà très sollicités feront leur effort mais le gouvernement du Québec augmentera, lui aussi, ses transferts pour permettre à la métropole de poursuivre son rattrapage en ce qui a trait aux investissements dans les infrastructures.
Autrement dit, les Montréalais paient et tous les Québécois paient pour l’approche dépensière de l’administration Plante-Dorais, à l’Hôtel-de-ville de Montréal.
Ainsi, avec autant de dépenses, pas surprenant que les propriétaires immobiliers aient des arguments pour hausser, à leur tour, les loyers.
On s’entend, les appartements ne seront pas plus beaux, plus fonctionnels ou mieux insonorisés. Ils seront juste… plus dispendieux.
Et n’oubliez pas que la hausse annuelle des loyers est géométrique, à savoir que le prix de référence sur lequel calculer le pourcentage de hausse est toujours le montant de l’année précédente.
Ça a pour effet d’asphyxier les budgets mensuels des ménages vivant en appartement.
En effet, alors que les propriétaires immobiliers s’enrichissent sur le dos de leurs locataires qui paient l’hypothèque de l’immeuble ainsi que les dépenses (via leurs loyers), les locataires, eux, s’appauvrissent de manière géométrique (ou exponentielle), à chaque année, sans exception.
Le modèle de “négociation juste et raisonnable” de la Régie du logement est une vue de l’esprit. Une licorne qui vole! Ça ne se passe absolument pas comme ça, dans la vraie vie.
À grands coup de lettres enregistrées, on comprend que la “négociation” est un processus illusoire car c’est une suite de rapports de force ou dans presque tous les cas, le propriétaire immobilier gagne. À preuve, les loyers montréalais qui coûtent plus cher avec chaque année qui passe!
Comment ça se passe, pour vrai
Dans les faits, un locataire qui habite le même logement depuis 15 ans aura, typiquement, dû accepter chaque augmentation annuelle parce que même s’il veut s’opposer, la Régie du logement place la barre très haute pour les locataires.
Cette année, c’est 1,9% qu’autorise la Régie du logement, en plus d’allouer 2,58$ par 1,000$ d’améliorations locatives (un terme fourre-tout dont les propriétaires immobiliers abusent, éhontément) et en plus, avec le 2,1% de hausse de taxes municipales, à Montréal, c’est difficile pour un locataire (sauf dans le cas d’une tentative de hausse vraiment très importante, de la part d’un propriétaire immobilier encore plus rapace que la moyenne) d’obtenir gain de cause, à la Régie du logement.
Et gare à quiconque refuserait l’augmentation annuelle du loyer pensant que le tribunal de la RDL l’aidera à éviter la hausse de son loyer. Le tribunal ira toujours dans le sens de l’intérêt du propriétaire immobilier (un système malhonnête et malveillant, pour les locataires) parce que la fixation du loyer, pour la RDL, ça passe par des “augmentations” et pour 2020, c’est au bas mot 1,9% et après, c’est le propriétaire qui verse des larmes de crocodile en prétextant des “améliorations locatives” qui haussent de 2,58$ par tranche de 1,000$ (sans dire, par exemple, qu’il est propriétaire de la société responsable de l’entretien… tout ça est à lever le coeur mais bon, la RDL fait exprès de ne rien voir de cette corruption rampante) alors évidemment, à la fin du processus de contestation de la hausse du loyer, à la RDL, c’est presque toujours le locuteur qui gagne.
Et si l’augmentation décidée par le tribunal devait être plus haute (après “examen” du tribunal de la RDL) que la hausse initialement demandée, là, le locataire (déjà fragilisé et typiquement infiniment plus pauvre) devra payer la nouvelle hausse (encore plus salée) ainsi que les frais engagés par le locateur pour “emmener le locataire devant le Régie”… la double insulte!
Alors vous comprenez que ce mécanisme anti-locataire de la Régie du logement refroidit des millions de locataires d’appartements, au Québec.
C’est d’ailleurs incompréhensible qu’un tel système puisse exister, à la Régie du logement. L’actuelle ministre caquiste Andrée Laforest semble d’ailleurs faire la sourde oreille aux doléances (amplement justifiées) des locataires qui veulent améliorer le système pour stabiliser les prix des loyers qui, année après année, continuent de monter, sans amélioration du parc locatif.
En clair, au Québec, les appartements sont des instruments de concentration unilatérale de richesse entre les mains d’un oligopole de (très) riches propriétaires immobiliers.
Tout ça sur le dos des locataires, avec la pleine complicité du gouvernement du Québec (incluant le gouvernement caquiste de François Legault qui entretient l’actuel système pro-propriétaires immobiliers).
À l’évidence, les puissants lobbys des propriétaires immobiliers portent fruit et les locataires doivent absolument se regrouper et faire front commun pour refuser-net les augmentations (presque toujours injustifiées) des loyers, par les propriétaires immobiliers et s’opposer à l’attitude de complaisance crasse de la Régie du logement (et du gouvernement du Québec) à l’égard des propriétaires immobiliers qui ne risquent rien à toujours demander des hausses de loyer, année après année.
La situation à Montréal et au Québec a de quoi susciter l’indignation.
À quand des élus qui comprennent que le vivre ensemble, ça passe aussi par des loyers stabilisés? En ce moment, ces élus, tous partis confondus, n’agissent pas dans le meilleur intérêt des locataires et c’est épouvantable qu’il en soit ainsi.
Lisez aussi ce que l’IRIS a déclaré à propos de la hausse qu’elle qualifie d’inquiétante, en regard des prix des loyers, à Montréal.
En gros, le programme de Projet Montréal, adopté par ses membres en 2017, proposait d’étudier la création d’un registre de données sur l’habitation qui comprendrait le prix des loyers, les plaintes et suivis en matière de salubrité, le nombre de chambres à coucher, le compte de taxes foncières, ainsi que les plaintes et suivis à la Régie du logement. Mais bon, ne vous faites pas trop d’illusions car cette proposition ne s’est pas retrouvée dans la plateforme électorale du parti, où se trouvent ses promesses (pour la plupart, “oubliées”).
Autrement dit, à ce jour, aucun registre n’est “dans les cartons” et ce, malgré le besoin criant pour un tel outil (au bénéfice des locataires… ce qui explique probablement pourquoi l’idée d’un registre n’avance pas).
Une autre bonne source d’information pour les locataires est le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ).