Il y a une dizaine de jours, le Québec apprenait le départ de hauts-gradés, à la tête d’Hydro-Québec.
Le nouveau premier ministre du Québec, Philippe Couillard, aura donc une occasion en or pour y placer des individus sensibles à l’agenda libéral. De ce point de vue, le départ simultané du président d’Hydro-Québec, Thierry Vandal et de sa vice-présidente et directrice Marie-Josée Nadeau constitue une “bonne nouvelle”.
Pour les contribuables qui doivent payer une prime d’environ un demi-million à Thierry Vandal alors qu’il quitte, comme ça, avant la fin de son mandat, c’est bien moins drôle.
D’un point de vue politico-financier, le premier objectif d’Hydro-Québec, c’est de générer des dividendes pour le gouvernement du Québec. Le bilan de Thierry Vandal et de son équipe, sur ce point, demeure enviable. D’ailleurs, nous avons tous vu nos factures d’électricité grimper d’environ 25% depuis quelques années. Un scandale pour les consommateurs qui sont pris à la gorge par ces hausses successives mais une grande victoire pour les financiers du gouvernement qui engrangent plus d’argent que jamais pour un service dont la qualité ne s’améliore pourtant pas.
On peut dire que depuis 2009, Hydro-Québec a pu dégager environ 2MM$ de profits, annuellement et ce, malgré un contexte économique difficile chez nos voisins du Sud où il est devenu plus difficile de vendre de l’électricité. Rappelons qu’en 2012, exceptionnellement, Hydro-Québec a mis au rancart la centrale nucléaire Gentilly 2 ce qui a entraîné une radiation de dette de 1,8MM$. C’était une bonne chose et il fallait que ce soit fait pour éviter des dépenses inutiles pendant de longues décennies, sans oublier le risque environnemental.
La question qui se pose avec les départs à la tête de la puissante société d’État, c’est si nous allons pouvoir atteindre des bénéfices annuels aussi élevés encore longtemps. La baisse des prix, aux États-Unis force Hydro-Québec à maximiser le profit sur ses ventes ici, au Québec. Ça explique en partie pourquoi nous devons si souvent encaisser des hausses de tarifs pour notre électricité. Comme le marché québécois ne connaît que peu ou pas de croissance depuis 5 ans, c’est dans les poches des consommateurs actuels qu’Hydro-Québec continuera à venir chercher son dû… et plus, lorsque possible!
Thierry Vandal quitte le navire mais à moins qu’il y ait des choses qu’on ne sache pas, la société d’État Hydro-Québec semble bien gérée. Tant mieux, c’est au moins ça de pris.
Les primes de départ versées aussi bien à Thierry Vandal et Marie-Josée Nadeau, équivalent à un an de salaire, n’ont pas leur raison d’être. Ces individus reçoivent déjà des salaires astronomiques et des compensations hors-norme alors pourquoi en rajouter alors qu’ils quittent sans même compléter le mandat qu’ils s’étaient précédemment engagé à réaliser? De tels avantages envoient de très mauvais signaux à savoir que l’élite reçoit un traitement fortement bonifié sans raison valable.
Le gouvernement libéral de Philippe Couillard ne contestera sûrement pas les primes versées lors du départ de ces privilégiés de la société car au fond, ça lui permet de faire avancer sa propre stratégie énergétique plus rapidement. Ça ne se dit pas en public mais c’est probablement comme ça que ça se ressent, sur la colline parlementaire, à Québec.
Qui succèdera à Thierry Vandal et à Marie-Josée Nadeau, à la tête d’Hydro-Québec?
Difficile de se prononcer même si le nom de Sophie Brochu de Gaz Métro circule déjà publiquement. Ce qui est à peu près certain, c’est que les remplaçants seront presqu’assurément d’allégeance libérale.
Souhaitons qu’Hydro-Québec sera gouvernée par des individus qui défendent mieux les droits des consommateurs à un accès abordable à l’électricité et qu’en même temps, l’expertise interne de la société d’État soit améliorée afin de ne pas toujours avoir à faire avec de coûteux sous-traitants, comme dans le cas de la filière éolienne où l’on finance des étrangers pour nous vendre une électricité dont le prix est bien trop élevé et ce, en pleine période de surplus énergétique (provenant de nos barrages hydro-électriques).
Il y a moyen de faire mieux, à Hydro-Québec. Il reste à voir si les prochains dirigeants sauront comment s’y prendre pour voir à notre meilleur intérêt.