Un hausse réelle de 5%, pas seulement 2,9%

C’est hier, lundi le 9 mars 2015, que la Régie de l’énergie a consenti une hausse de 2,9% à Hydro-Québec —à partir d’avril 2015— mais les consommateurs d’électricité du Québec vont devoir payer encore plus cher que ça.

En effet, c’est en raison d’un hiver 2014 particulièrement froid que de 2016 à 2020, les tarifs vont augmenter de 2,1% (au total, pour les 4 ans) pour éponger les 222M$ d’achats d’électricité.

Déjà, des voix s’élèvent pour demander s’il va y avoir une autre hausse du genre, en 2016 pour payer les achats supplémentaires d’électricité, cet hiver. On le sait, en 2015, le mois de février a été le plus froid en 115 ans. Difficile d’imaginer que les Québécois ne paieront pas pour ça, l’an prochain, avec ou sans paiement étalé.

C’est donc ce 2,1% qui s’ajoutent aux 2,9% (soit 300M$ de plus, sur les épaules des consommateurs) que vient d’accorder la Régie de l’énergie. En tout, c’est donc 522M$ qu’il va falloir payer, ce qui correspond à une hausse de 5%.

C’est triste de voir la Régie de l’énergie et Hydro-Québec jouer à l’autruche avec les chiffres, sachant que la vérité va être découverte, qu’ils le veuillent ou non.

Créée en 1996, la Régie de l’énergie a perdu le pouvoir de bien défendre les intérêts des consommateurs, au point où elle ne le fait tout simplement plus, en accordant presque toujours ce que réclame Hydro-Québec, sur-le-champ ou par étapes.

Le pouvoir politique, comme celui qui a motivé le Parti québécois a investir massivement dans la filière éolienne privée, empêche la Régie de l’énergie de bien faire son travail. 

N’oublions pas qu’en plus de ces hausses, en 2014, le bloc patrimonial d’électricité a été dégelé ce qui signifie qu’à chaque année, il augmente au rythme de l’inflation. Ça paraît peu mais à 2 ou 3% par année, ça augmente bien plus vite que les salaires.

On ne peut faire autrement que de sentir qu’en tant que consommateur d’électricité, au Québec, on se fait avoir.

Alors que nos barrages sont censés nous assurer une desserte électrique à bas prix, c’est hausse après hausse qu’on sort de cette logique pour aller vers des tarifs qui appauvrissent les familles québécoise, surtout lorsqu’il fait froid, en hiver.

Ça donne l’impression, avec toutes ces hausses, qu’Hydro-Québec se prépare à être privatisée, en tout ou en partie. Avec des revenus plus importants, ça deviendrait plus attrayant pour d’éventuels acheteurs. Ce serait alors une catastrophe pour les Québécois qui auraient payé pour bâtir une société d’État qui irait ensuite enrichir le privé mais bon, souhaitons que ça n’en vienne jamais là.

On va dire que le 2,9% servira à engraisser les opérateurs privés d’éoliennes. Nous n’avons pas besoin de ces vire-vents et surtout pas dans le modèle où on les enrichit, unilatéralement, pendant des décennies. Il y a aussi les mini-centrales privées qu’on subventionne éhontément, de la même manière que les éoliennes.

Malheureusement, la direction d’Hydro-Québec ne peut pas être tenue responsable de ces très mauvaises décisions. Le pouvoir politique peut être éjecté du pouvoir mais encore là, l’argent public n’est pas dépensé de manière responsable.

S’il y a un projet qui sera vraiment intéressant, c’est celui de l’énergie solaire, produite localement et partagée collectivement. Nos maisons et commerces peuvent accueillir un ou plusieurs panneaux solaires alors il faudrait les installer pour diminuer notre facture d’électricité, voire l’éliminer jusqu’à recevoir un paiement juste et équitable pour ce qu’on produit, en trop.

Ça, ce serait un projet social cohérent et mobilisateur. C’est tellement bon qu’Hydro-Québec a peur que ça fonctionne et qu’elle perde des revenus et les élus, eux, craignent de voir les redevances électriques baisser. C’est donc clairement entre les mains des consommateurs seuls qu’un tel projet peut voir le jour.

Pourquoi parler d’énergie solaire alors que la Régie de l’énergie donne un autre nanane à Hydro-Québec? Parce que c’est honteux que nos tarifs d’électricité augmentent de la sorte, surtout pour financer des projets économiquement farfelus et qu’au cours des mois et années qui viennent, nos tarifs risquent d’augmenter, encore plus fois.

Alors on s’en sort comment, à part produire NOUS-MËMES notre énergie?

C’est pour ça que l’énergie solaire pourrait être un voie de sortie de ce triste spectacle de hausses successives, toutes aussi insultantes les unes que les autres.

Donc, cette hausse de 2,9% est-elle justifiée? À vous d’en juger. Si vous aimez les éoliennes et les mini-centrales privées, c’est oui mais si vous êtes tannés de subventionner des entreprises privées (et presque toutes étrangères), alors c’est non.

Hydro-Québec n’a AUCUNE sensibilité pour les ménages des classes moyennes et pauvres. Ils vivent dans la richesse et ne comprennent pas la réalité d’un budget serré où 10, 20 ou 50$ par mois, de plus, c’est économiquement intenable.

La classe politique doit voir plus loin que l’approche actuelle de vouloir toujours serrer davantage la proverbiale vis aux consommateurs d’électricité. Il faut aller vers l’énergie solaire, quitte à la rendre viable via des coopératives de production. Hydro-Québec n’en finit plus de baisser ses tarifs pour les alumineries et les grand opérateurs industriels alors il est temps de mettre fin a cette indécente valse pro-transnationales étrangères pour offrir des prix bien plus bas à l’ensemble des Québécois.

On s’organisera, en tant que société, pour créer de la richesse autrement.

Des voitures électriques aux innovations en matière d’énergies vertes en passant par le divertissement numérique, le Québec a tant à inventer et pourtant, nos gouvernements continuent d’ignorer notre potentiel collectif en nous taxant toujours plus pendant que les très grandes entreprises, comme Alcoa, s’enrichissent sans fin, subventionnés par l’ensemble des Québécois. Un non-sens que les politiciens entretiennent.

Alors voilà, une autre hausse qui va entrer en vigueur dès le 1er avril 2015. Juste à temps pour alimenter vos réflexions, pendant que vous préparez votre déclaration de revenus, en pleine période des impôts.

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