C’était le lundi 18 juin 2011 que le gouvernement fédéral entreprenait une première consultation publique sur le projet de construction d’une mine de diamants dans la région des monts Otish, à 400 kilomètres au nord du Lac-Saint-Jean.
Ensuite, le vendredi 6 janvier 2012, la société minière Stornoway Diamond évaluait le coût de son projet de mine de diamants Renard à plus de 800M$, dans l’étude de faisabilité qu’elle venait de déposer.
Selon le vice-président et chef de l’exploitation de Stornoway Diamond, Patrick Godin, le dépôt de l’étude de faisabilité marquait une étape importante: “C’est l’étape qui fait que la société transite d’une société d’exploration vers une d’opération. L’étude de faisabilité s’est déroulée sur une période de 18 mois et est basée sur 10 années de travaux de recherche”, expliquait-il.
Pour bien comprendre le contexte, M. Godin ajoutait que le marché du diamant diffère de celui de l’or: “De l’or, c’est de l’or. Qu’on soit en Abitibi ou en Afrique, c’est le même prix, qu’on soit partout dans le monde. Dans le diamant, la notion qui est importante, c’est d’avoir une teneur qui est faible, mais une valeur qui est excessivement élevée parce que le diamant a une forme particulière et une couleur particulière”.
Le mardi 27 mars 2012, l’entreprise canadienne Stornoway Diamond Corporation annonçait qu’elle avait signé une convention avec la Nation crie de Mistissini et le Grand Conseil des Cris sur les répercussions et les avantages du projet diamantifère Renard.
La nouvelle convention, appelée la Convention Mecheshoo, régira les relations entre Stornoway et les Cris durant toutes les étapes du projet Renard. Ainsi, les Cris auront une priorité d’emploi absolue pour tout ce qui concerne le projet. S’ils n’ont pas les compétences désirées, ils recevront la formation nécessaire. L’entreprise adoptera de plus les horaires en temps de chasse. Stornoway considère que cette formule en est une pleine de défis mais gagnante dans un contexte de pénurie de main-d’oeuvre.
Puis, le vendredi 19 juillet 2013, Stornoway Diamond prévoyait amorcer à l’automne la construction des campements pour son projet de mine de diamant à la Baie-James et par la suite, de son usine et de ses autres installations.
La compagnie disposait alors de toutes les autorisations d’Ottawa et de Québec pour aller de l’avant. Elle complétait à ce moment, les 240 kilomètres de route devant mener au site.
La mise en production de cette mine de diamants, la première au Québec, était prévue pour le début de 2016. Cet objectif demeure, encore à ce jour.
Notons que les réserves de diamants du lac Renard atteindraient près de 18 millions de carats de haute qualité, selon le vice-président de Stornoway Diamond, Ghislain Poirier.
Côté financement, la minière avait bon espoir de trouver les investissements de 750M$ (et non 800M$, comme énoncé précédemment) nécessaires à la réalisation du projet.
Hier, le mercredi 26 mars 2014, la Gazette officielle du Québec a publié le détails concernant un investissement important du gouvernement du Québec dans cette mine de diamants et là, les chiffres ont changé… à la hausse!
Le gouvernement péquiste de Pauline Marois avait pris entente avec Stornoway Diamond avant de se lancer en élections mais ce n’est qu’hier, en pleine campagne électorale, que l’entente a été rendue publique, à savoir qu’environ 300M$ de fonds publiques (dans un projet d’un milliard de dollars) seraient investis dans la mine:
- InvestissementQuébec — 220M$
- Caisse de dépôt — 70M$
Tout ça pour créer 850 emplois, dont 425 directs.
Si l’on se fie aux dispositions de la Convention Mecheshoo, ce seront les Cris de la Baie-James qui auront une priorité absolue pour tous les emplois du projet alors pour ceux qui voulaient travailler dans ce projet et qui ne sont pas des Cris de la Baie-James, ce sera difficile.
Cet investissement survient après le prêt de 350M$ à la cimenterie de Port-Daniel-Gascons en Gaspésie où les familles Beaudoin et Bombardier sont les maîtres-d’œuvre.
Les détails de cette entente demeurent inconnus au moment de publier ce billet.
Souhaitons que la nouvelle législature pourra nous expliquer exactement ce que nous gagnons à placer quelques 300M$ dans cette aventure de 1MM$ qui devait en coûter 250M$ de moins, environ 9 mois auparavant. Pourquoi le prix du projet a-t-il soudainement monté du quart?
Il y a donc encore de nombreuses questions auquel le futur gouvernement devra répondre mais pour l’heure, on doit garder un œil sur les activités de cette mine qui —même avant son ouverture— a déjà un bilan environnemental inquiétant.
Plus largement, il importe de se demander s’il sera dorénavant nécessaire que le gouvernement du Québec verse autant d’argent pour voir les grands projets avoir lieu, sur son territoire.
Pourquoi ces compagnies milliardaires ne peuvent pas lancer seuls, leurs projets? Seraient-elle abonnés au “B.S. Corporatif” du gouvernemaman québécois?
Mise-à-jour du 10 septembre 2019
Gouffre de 250M$… ou plus
C’est le 10 septembre 2019 que la nouvelle a été publiée à l’effet que Le producteur de diamants Stornoway s’est placé hier sous la protection d’un tribunal, ce qui signifie que le gouvernement du Québec devra dire adieu à plus de 250M$.
Affichant près de 500M$ de dettes, Stornoway a obtenu hier de la Cour supérieure une ordonnance destinée à lui permettre de se restructurer sans craindre de poursuites par ses créanciers.
Rappelons que Stornoway exploite, depuis 2016, au nord de Chibougamau, la mine Renard qui est toujours la seule au Québec à produire des diamants. Il s’agissait d’un projet phare du Plan Nord des libéraux de l’ère de Jean Charest.
Côté chiffres, les actionnaires de Stornoway avaient injecté plus de 400M$ dans l’entreprise et ils perdront tout. Mais attention, parmi ces actionnaires, il y avait… les Québécois, à savoir:
- 110 M$ déboursés par Investissement Québec; et
- 42M$ par la Caisse de dépôt.
Stornoway était également soutenue par des crédits d’impôt et le Fonds de solidarité FTQ devra, lui aussi, oublier les 33,7M$ en actions de Stornoway qu’il a acquises, en 2010. La FTQ risque, en plus, de ne récupérer qu’une toute petite portion de son prêt non garanti au montant de 9,9M$.
En gros, c’est plus de 740M$ de fonds publics (incluant la construction de la route pour se rendre à la mine, au nord de Chibougamau), investis par les Québécois qui reposent sur la relance de la mine.
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