C’était clair depuis le tout premier jour de la course à la chefferie que Pierre-Karl Péladeau, le magnat de la presse québécoise, remporterait le scrutin pour devenir le nouveau chef du PQ.
Une course qui n’en était pas une où deux opposants ont remis leurs armes, à commencer par “le gars de la Charte des valeurs”, Bernard Drainville qui s’est immédiatement agenouillé, pour ainsi dire, devant son “nouveau meilleur ami”, PKP 1er, roi de la Cour péquiste qui se faisait de plus en plus bruyante et ensuite, Pierre Céré qui ne porte probablement ni PKP, ni le PQ dans son cœur, alors qu’il a manqué de fonds pour terminer sa course.
Il n’y a qu’Alexandre Cloutier (29%) et Martine Ouellet (13%) qui ont terminé la course, en la perdant aux mains du favori, PKP… auquel ils se sont ralliés, dès le 1er tour, où PKP a obtenu 58% des votes.
On voit donc la famille péquiste se donner des tapes dans le dos et se lancer des fleurs, après avoir débattu chaudement sur des sujets où les positions semblaient à peu près irréconciliables.
Mais là, la période des débats d’idée est terminée. Les Péquistes vont se serrer les coudes pour affronter trois longues années de règnes libéral majoritaire, sous la gouverne de Philippe Couillard qui, lui, souffle un soupir de soulagement d’avoir une cible aussi facile à viser, devant lui, à l’Assemblée nationale.
En effet, Philippe Couillard s’est empressé de féliciter son adversaire péquiste pour sa victoire à la chefferie. Ça paraît toujours de féliciter un adversaire mais on comprend que pour l’équipe libérale, la position litigieuse de PKP en tant que chef de parti et actionnaire de contrôle d’un empire de presse devient le paratonnerre politique idéal.
Qu’importe le conflit débattu par nos élus libéraux, ils s’empresseront de dévier l’attention en manifestant un désir soudain de vouloir faire la lumière sur la position inédite de PKP. Et les journaux oublieront les vrais enjeux pour s’occuper de celui-là. C’est un enjeu aussi mais les Libéraux ne sont pas pressés que ça se règle parce qu’ils veulent faire durer la controverse qui leur permet d’agir plus facilement, dans une zone d’ombre qu’ils entretiennent et où ils peuvent, plus facilement, faire avancer leurs intérêts.
Une chance que la course est terminée parce qu’on sentait l’essoufflement, du côté péquiste. Ça tournait à vide. Aucun débat ne menait à une position commune. Tous les candidats restaient sur leur position et tiraient à boulets rouges sur “le favori” qui, lui, ne répondait à peu près à rien.
Comme on passe à autre chose, on reste quand même un brin amusé par les 3 opposants à PKP qui se sont ralliés à lui, désormais copains-copains et Pierre Céré qui n’a probablement pas encore digéré sa fin de course en queue de poisson.
Est-ce que l’on sait ce que veut PKP?
Évidemment et c’est le rêve péquiste par excellence, soit l’accession à l’indépendance (ou la “Souveraineté”) du Québec.
Comment y parviendra-t-il?
Personne ne le sait vraiment mais l’idée d’un référendum au début du prochain mandat péquiste, idéalement dans 3 ans, semble être en appréciée par plusieurs péquistes.
Qu’on soit pour ou contre l’indépendance du Québec, PKP représente désormais le pont vers la réalisation de cette option politique. En ce sens, on peut comprendre pourquoi ses opposants veulent se rallier à lui. PKP a d’ailleurs déclaré “que tous les projets de société seront réalisables lorsque nous aurons un seul État et que nous serons entièrement maîtres de notre destinée”.
Devant ses militants, au moment de sa victoire, il a aussi dit “Nous n’accepterons pas une constitution négociée derrière des portes closes. Pas plus que nous n’accepterons d’abandonner notre modèle québécois qui nous aura permis de nous hisser dans le palmarès de tête des nations les plus justes et les plus équitables. Nous n’accepterons pas non plus de disposer de nos joyaux collectifs comme Hydro-Québec pour satisfaire quelques économistes et idéologues néo-libéraux” et là, il fait référence au désir de Carlos Leitao, pilier du trios économique de Philippe Couillard, de privatiser des sociétés d’État québécoises. Bien lancé.
C’est mardi le 19 mai 2015 que PKP fera son entrée à l’Assemblée nationale en tant que chef du PQ et c’est lui qui aura le privilège de poser la 1ere question à Philippe Couillard, à chaque session.
Bravo aux candidats qui ont combattu pour gagner la chefferie du PQ et bien sûr, bravo à PKP qui a remporté son pari.