Mulcair, de 93 à 44 députés

Tom Mulcair, le chef néo-démocrate, a commencé sa campagne de 78 jours avec des sondages le donnant à 1 ou 2% de la majorité, au Parlement d’Ottawa.

Il a donc commencé sa campagne avec une réelle possibilité de devenir le prochain Premier ministre du Canada. Selon ce qui émanait de son parti, son équipe et lui-même étaient prêts à livrer le changement que les Canadiens réclamaient, en votant pour son parti, traditionnellement à gauche et près des initiatives à saveur sociale.

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C’est peut-être, en partie, à cause de ces sondages qui le donnaient pour chef qu’il a graduellement glissé vers des positions de centre que ses électeurs ont eu de la difficulté à le suivre. Il est trop tôt pour comprendre ce qui l’a fait trébucher mais on a pu constater qu’il soufflait le chaud et le froid, sur des dossiers importants, comme le pipeline Énergie-Est et le Partenariat trans-pacifique (PTP). Tom voulait-il protéger les intérêts environnementaux ou les profits des transnationales étrangères privées? Souhaitait-il laisser de la latitude aux Canadiens pour user de protectionnisme lorsque ça les avantage (comme dans le cas de la gestion de l’offre du lait, versus le PTP où une libéralisation serait avalisée) ou optait-il pour l’inclusion dans un “partenariat” comprenant une dizaine de pays totalisant près de 800 millions d’habitants?

Ces questions et bien d’autres ont fini par envoyer des messages confus aux électeurs plus à gauche mais aussi, ceux plutôt au centre qui, pour la plupart, on opté pour un vote libéral à Justin Trudeau. Quitte à voter au centre, aussi bien le faire pour le bénéfice d’un partie solidement identifié au centre, non?

Et il y a eu cette question émotive, à juste titre, du niqab. Alors que Tom aurait dû préciser que ce n’était pas le temps de tenir ce débat, il a plutôt pourfendu la toute puissance des tribunaux. Bien que ça soit légalement correct de défendre notre système de justice, la résultante des délibérations de ces tribunaux n’allait absolument pas dans le sens des attentes de la population canadienne et encore moins, pour une majorité de Québécois. Jusqu’à la toute fin, Mulcair a défendu sa position plutôt compliquée mais qui, pour les électeurs, donnait l’impression qu’il était POUR le niqab. Ça lui a fait très, très mal et il aura 4 ans pour se demander si ça valait la peine de faire la sourde oreille au peuple qui s’est insurgé (et s’insurge encore) contre le port du voile intégral qui va à l’encontre des valeurs de millions d’électeurs.

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La déconfiture de Tom, on d’Angry Tom, pour ceux qui ont regardé les débats télévisés où il se choquait et lançait des pointes malvenues à ses adversaires (ou il ne paraissait pas être un “bon joueur”), a dû lui faire très mal.

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Lors du prononcé de son court discours, le téléspectateurs ont pu voir un chef de parti souriant et un peu trop enthousiaste à concéder la victoire à son adversaire libéral. Ça n’avait rien d’un texte écrit pour une défaite, un peu comme s’il n’avait jamais écrit cette version qui était probablement, pour lui, impensable.  En gros, il s’est félicité que les Canadiens aient “tourné la page sur 10 longues années” et aient “rejeté la politique de la peur et de la division”, une allusion au règne conservateur qui se terminait.

Il a poursuivi en disant que les Canadiens avaient demandé au NPD de “continuer à être porteur de l’espoir et de l’optimisme”. Mulcair a ensuite expliqué que son parti continuera à travailler pour améliorer les relations avec les Premières Nations et la lutte aux changements climatiques, deux sujets qui lui tiennent visiblement à cœur.

Tom a conclu en déclarant que “Le prochain chapitre s’ouvre sur nos efforts pour construire un Canada meilleur. On continue” et on sentait qu’il aurait eu bien d’autres choses à ajouter, sur sa frustration lié à son passage de 93 à 44 députés mais il s’est arrêté là et a quitté la scène, en saluant les gens sur-place.

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Il a donc réussi à garder son lucratif emploi de député au Parlement d’Ottawa mais ce n’est pas encore clair si les membres de son parti vont lui accorder leur vote de confiance, au prochain congrès du NPD. Après tout, sa stratégie centriste a coûté leur élection à plusieurs candidats qui ont assisté, un peu impuissants, à la dérive au centre de leur chef, sans avoir accès à un micro assez gros pour corriger le tir, auprès de leurs électeurs, localement.

Parce qu’il faut bien le dire, la campagne fédérale 2015 était une affaire de gros sous. Des avions, des voyages d’un bout à l’autre du pays, de belles affiches et toutes sortes de dépenses qui rendent ces campagnes si difficiles à mener, pour quiconque n’est pas déjà riche. Pour les candidats néo-démocrates qui ont perdu, c’est un lendemain d’élection amer qui les attend. Pas d’emploi au Parlement, pas de gros salaire, pas de promesse de fond pour la retraite et plein de dépenses à payer. Ouf! Entre un siège à Ottawa et ça, le choix était facile mais les électeurs ont cessé de suivre Tom pour se brancher sur “le plan” de Justin et on connait la suite.

Tom Mulcair a une réflexion à faire sur son avenir au NPD.

S’il ne fait pas cette réflexion, lui-même, ce sont les membres de son parti qui pourraient la faire. Surtout après cette campagne électorale qui nous a réservé des surprises, il ne faut rien prendre pour acquis.

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