Les 4 grands “barons des poubelles”, au Québec

 

On a beau se lancer des fleurs en se disant qu’on gère bien nos matières résiduelles via nos poubelles vertes, bleues et brunes, il n’en demeure pas moins qu’il nous en coûte quelques 1,3 milliards de dollars par année pour les gérer, au Québec.

Avec une telle manne, on penserait qu’une centaine de compagnies se partageraient cet important trésor annuel mais non, ce sont 4 grandes compagnies qui opèrent 5 immenses sites d’enfouissement où l’on envoie quelques 75% de nos ordures.

Les administrateurs de nos gouvernements ont choisi la solution de facilité. Peu d’efforts sont réellement déployés pour enfouir les déchets localement. Ce sont plutôt des mégadépotoirs où sont acheminés le contenu de nos bacs verts (et une grosse partie du recyclage qui n’est finalement pas recyclable).

Le marché de la poubelle se porte bien, au Québec — nous serions d’ailleurs parmi les plus importants générateurs de poubelles, per capita, au monde!

Au moment où plusieurs experts déclarent que 90% de ce qui entre dans nos bacs de poubelles serait revalorisante, réutilisable ou recyclable, il faut s’intéresser à ceux qui profitent de l’état actuel des choses. En fait, il faut se demander en mettant presque tous nos œufs dans les mégadépotoirs, on ne serait pas en train de laisser passer un belle opportunité de mieux gérer nos déchets.

Alors, allons-y avec un tour d’horizon des 4 barons des ordures, au Québec, en ordre d’importance:

  1. Waste Management — la compagnie à propriété 100% américaine qui domine le marché des déchets et dont le chiffre d’affaires avoisine les 13MM$ possède et opère 2 mégadépotoirs, soit celui de Ste-Sophie, près de St-Jérôme ains que celui de St-Nicéphore, près de Drummondville avec des permis pour enterrer 1,7M de tonnes, à chaque année.
  2. BFI — une compagnie étrangère qui possède le plus gros site d’enfouissement des déchets du Québec, soit celui de Lachenaie où sont envoyés les contenus du quart de toutes nos poubelles.
  3. EBI — compagnie québécoise propriété de la famille Sylvestre qui exploite le site d’enfouissement de St-Thomas qui est en opération depuis plus de 30 ans et qui est en voie de devenir l’un des plus gros de la province.
  4. RCI Environnement — une filiale de la compagnie québécoise RCI (propriété de la famille Rémillard) qui reçoit un record de déchets dans son mégadépotoir de Lachute qui est géré en PPP.

Au cours de leurs années d’exploitation, chacun de ces mégadépotoirs devrait générer environ 1 milliard de dollars… ça ressemble à une mine d’or… mais où l’on enfoui des déchets pour s’enrichir!

Plus on enfoui, plus on devient riche… et archi-riche!

Il y a donc de l’argent à faire dans l’enfouissement mais ce qui mérite encore plus notre attention, c’est qu’il y a 5 fois plus d’argent à faire via la revalorisation de nos matières résiduelles. C’est surprenant de constater que nos gouvernements, incluant nos administrations municipales, n’essaient pas davantage de profiter de cette manne qui n’est à peu près pas exploitée, encore.

En tant que contribuables générateurs de vidanges, on paie cher pour faire expédier et enfouir nos vidanges dans ces mégadépotoirs. Les opérateurs de ces sites sont très heureux d’accueillir nos déchets car pour eux, c’est une source d’enrichissement presque sans fin.

Alors on continue d’enfouir ou on se donne les moyens de revaloriser PLUS STRATÉGIQUEMENT nos déchets? Il va de soi qu’on préfèrerait faire plus d’argent en affectant moins l’environnement et en ayant meilleure conscience. En mettant de la pression sur nos administrations municipales et le gouvernement provincial, on exerce une influence sur les décideurs qui pourraient allouer leurs importants budgets à des projets plus intéressants que l’enfouissement (ou à l’incinération qui vient avec son lot de problèmes, aussi).

Les 4 barons des déchets travaillent d’ailleurs à offrir des alternatives à l’enfouissement alors il faudrait favoriser des solutions plus économiques et plus vertes, si elles en offrent. On se doute que les alternatives les plus intéressantes viendront cependant de nouveaux compétiteurs qui valorisent les déchets plutôt que de les enfouir. Nous pourrions donc, à ce chapitre, voir de nouvelles entreprises naître et croître pour valoriser certaines classes spécifiques de déchets ou l’ensemble de ceux-ci… on pourrait même en arriver au point où les “déchets” seront principalement désignés comme des “matières résiduelles réutilisable” tellement on aura d’avenues pour leur donner une seconde vie.

On pourrait imaginer que tous les magasins qui vendent un produit doivent accueillir celui-ci à la fin de la vie utile pour le consommateur afin de l’acheminer vers la compagnie pouvant en assurer la valorisation. Ça pourrait même devenir une importante source de revenus pour les commerçants qui comprennent la valeur d’une telle approche.

En tant que société, nous avons tout intérêt à s’intéresser au développement durable.

Le film “La Poubelle Province” d’Argus Films va d’ailleurs au fond de la problématique des déchets avec des clips saisis sur ou près des sites d’enfouissement ainsi que des entrevues révélatrices de l’état des lieux, dans ce domaine, au Québec. Un film à voir, absolument!

Nos gouvernements —à commencer par les responsables au ministère de l’Environnement du Québec— doivent prendre des décisions en fonction de notre meilleur intérêt et bien que l’enfouissement soit une solution de facilité, il y a d’importantes opportunités qui nous attendent du côté de l’approche plus sensée de la revalorisation des déchets.

Le Québec peut gagner rapidement au jeu de la revalorisation et ce serait une opportunité de développer nos filières commerciales et industrielles, dans ce domaine, pour ensuite exporter notre savoir, nos services et nos produits pour s’enrichir de manière exponentielles parce que des déchets, il y en a… partout!

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Une réponse

  1. Je comprends que la situation est alarmante et que l’enfouissement peu avoir des conséquences à long terme sur l’environnement. Je constate que les choses commence à changer.

    La gestion des matières résiduelles évolue notamment au niveau des conteneurs de récupérations qui permet de récupérer séparément les déchets (recyclage, déchets, graisse, carton, papier, verre). Ça s’appelle conteneur semi-enfoui et deux compagnies offrent cette solution au Québec http://www.totemconteneurs.com et http://www.molok.com. Les villes de Québec, Laval, Boucherville, Longueuil, Vaudreuil Dorion etc. commence à l’imposer dans les règlements d’urbanisme afin de se séparer des bennes à ordures classiques.

    Il s’est passé la même chose en Europe il y a 15 ans et aujourd’hui leur taux de récupération est très élevé (70% pour le verre en France).

    Gardons espoir, les choses avancent doucement, mais elles avancent.

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