Ce serait facile de ne mettre l’accent que sur les quelques 200 arrestations, au terme de la manif contre la brutalité policière, à Montréal.
Après tout, les réseaux de télévision ont montré certains manifestants en train de lancer des projectiles tandis que les policiers les aspergeaient de gaz lacrymogène — c’était disgracieux, de part et d’autre.
Et que dire des Montréalais (sans histoire et sans lien avec la manifestation) qui se sont retrouvés “pris” dans cette manif, bien malgré eux, puis arrêtés par la police? Ces gens qui ont eu à se rendre en prison devraient-ils vraiment avoir à payer des “tickets” de 144$? Bien sûr que non, ça ne servirait EN RIEN la (véritable) justice.
Mais bon, l’histoire principale qui devrait être retenue de cette journée passablement mouvementée, c’est que 43 personnes sont mortes, aux mains du SPVM, depuis 1987. Les manifestants ont raison de dénoncer l’impunité quasi-totale dont bénéficient les policiers “coupables”… même lorsque leurs gestes (grossièrement inappropriés) causent la mort.
Il a fallu que des casseurs viennent donner “une bonne raison” aux policiers pour que ces derniers foncent dans le tas, prouvant ainsi (bien malgré eux, peut-être) qu’ils sont d’abord des brutes et ensuite, bien loin au bas de la liste, de fins diplomates.
D’ailleurs, le scénario ressemblait à s’y méprendre à celui de Montebello où des agitateurs de la SQ (qui étaient des agent déguisés en manifestants) ont tenté d’inciter la foule de manifestants pacifiques à la violence — dans les deux cas, les principaux casseurs ont “filé” entre les doigts de la police (advenant que ce soient des policiers sous couverture qui s’étaient mêlés aux manifestants, ils auraient sû quand se sauver et dans quelle direction).
Même si des jeunes ont senti le besoin de se défendre physiquement contre des “forces de l’ordre” résolument agressives, il ne faudra pas perdre de vue que le SPVM a profité du grabuge (et du tapage médiatique qui a suivi) pour ÉVITER de répondre aux questions, pourtant très légitimes, des manifestants.
Les policiers de Montréal savent qu’ils ont des torts mais alors que la pression monte pour qu’ils rendent des comptes, des évènements finissent toujours par arriver avant qu’ils aient à le faire.
Et en passant, les enfants (même rendus adolescents) ont des parents et il faut donner les moyens à ces derniers d’instaurer une forme de discipline participative, chez-eux. Lancer des gaz lacrymogènes à des adolescents et leur frapper dessus avec des bâtons montre à quel point certains adultes, membres de forces de polices, manquent totalement de jugement.
Si les policiers demandent aux adolescents de mieux se comporter, il serait temps qu’ils fassent de même, eux aussi.
Pour toutes ces raisons, bravo aux organisateurs et aux manifestants pacifiques (fermes, mais pacifiques) et aux casseurs, faites-vous le cadeau de forcer la police à vous répondre en exposant ses demi-vérités et ses mensonges plutôt qu’en cherchant à l’affronter physiquement.
Et finalement, ceux qui pensent que la police a “gagné des points” ont tort puisque leur violence (ou celle des manifestants) demeure une preuve flagrante qu’ils se complaisent (eux aussi) dans l’apologie de la violence (couplé à de la répression physique… contre des “kids”).
Enfin, à chacun son opinion… et souhaitons que le SPVM daigne sortir de son mutisme concernant les 43 morts sous sa garde, depuis 1987.
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