L’ambassadeur de l’Arabie saoudite nommé président du panel du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU

On ne s’enfarge pas dans les fleurs du tapis, à l’Organisation des Nations Unies!

Oh! Que non, l’Arabie Saoudite, le même pays qui suit de manière littérale la Charia, la Loi islamique brutale et sanguinaire où lapidations et coups de fouet s’enchaînent pour le plus grand plaisir des adorateurs d’Allah vient de voir son ambassadeur à Genève être nommé président du panel du Conseil des Droits de l’Homme.

Ahhh!

Ça vous donne pas le goût de crier, ça?

Voyez-vous le paradoxe né de cette décision? Surtout au regard des violations des droits et des atteintes à la dignité humaine perpétrés par l’Arabie Saoudite.

Au Québec, il ne semble y avoir que Philippe Couillard pour chanter les louanges de l’Arabie Saoudite. Il y a fait fortune en faisant des affaires avec la famille royale mais on peut croire qu’il n’aime pas les gestes que posent ce régime. Notre premier ministre a ses défauts mais ce serait difficile d’imaginer qu’il puisse endosser les exactions qu’Amnistie internationale rapporte, à propos de ce qui a cours dans ce pays pétrolier du Moyen-Orient.

Alors les Québécois, en quasi-totalité, ont été renversés d’entendre que l’Arabie Saoudite avait désormais son ambassadeur aux Nations unies à la présidence d’un panel voué à rien de moins que les… droits de l’Homme!

La réaction a été tout aussi inconfortable, d’un bout à l’autre de la planète.

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Donc, c’est l’ambassadeur de l’Arabie saoudite à Genève, Faisal bin Hassan Trad qui a été nommé à la présidence du panel du conseil des Droits de l’Homme de l’ONU et ce, pour sa 30e session qui débute ce lundi, 21 septembre 2015. Autrement dit, il est présentement “en devoir”.

L’ambassadeur saoudien a beau être charmant, il représente un pays où les droits de l’Homme sont à toutes fins utiles, inexistants. Le nommer à la présidence d’un tel panel revient à nommer, par exemple, un pédophile à la direction d’une garderie. C’est un geste d’une grande incohérence mais surtout, c’est inexcusable en regard de la ligne dure de l’Arabie Saoudite contre toute forme de liberté, pour l’Homme (à l’extérieur des directives barbares et rétrogrades puisées dans les interprétations souvent douteuses du Coran).

Même si M. bin Hassan Trad a le goût de présider dans le sens de défendre les droits de l’Homme, on peut penser que ses patrons, en Arabie Saoudite auront une préférence pour l’obscurantisme, la barbarie et les secrets.

À peu près le contraire de que la présidence de cet important panel suppose.

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Le Conseil, rappelons-le, est chargé de défendre et de renforcer les Droits de l’Homme. Comme l’Arabie Saoudite n’a AUCUN CRÉDIBILITÉ en la matière, personne ne voit comment l’ambassadeur de ce pays pourrait accomplir son mandat, à moins de renier tous les principes de la vie, dans son propre pays où, entre autre chose, parler en mal de la famille royale vous mérite un bon millier de coups de fouets et une décennie dans un cachot.

Que l’ONU ait permis à l’Arabie Saoudite de placer son ambassadeur à ce poste a de quoi susciter l’inquiétude parce que si n’importe qui peut présider ce panel du Conseil, quelle crédibilité reste-t-il à celui-ci?

Parmi ceux qui n’approuvent pas le choix du nouveau président, il y a UN Watch, une organisation non-gouvernementale basée à Genève chargée de s’assurer que l’ONU respecte sa propre charte tout en veillant à l’accessibilité pour tous des Droits de l’Homme. Son directeur, Hillel Neuer a déclaré “qu’il est scandaleux que l’ONU ait choisi un pays qui a exécuté plus de gens que Daesh cette année pour présider le panel du Conseil des droits de l’Homme“. Il a rajouté que “les pétrodollars et la politique l’ont emporté sur les droits de l’Homme“. D’après l’ONG, l’ambassadeur saoudien avait été élu dès le mois de juin mais cette décision avait été passée sous silence avant d’être révélée par un document de l’ONU, le 17 septembre dernier.

Rappelons aussi que le chef d’Amnesty international avait même déclaré en janvier dernier que “le régime saoudien est insensible aux droits de l’Homme et à la dignité Humaine“.

En Arabie Saoudite, outre l’absence de respect de la liberté religieuse et des droits de la femme, le régime se livre à des décapitations publiques pour lesquelles il a recruté 8 bourreaux, en mai 2015. Très efficace pour persécuter ses opposants.

Vous avez bien lu… des bourreaux!

Fonctionnaires de l’État ou contractuels, ce n’est pas clair mais ce sont quand même des… bourreaux. Qui tuent les gens de manière brutale.

Si quelqu’un peut m’expliquer en quoi des bourreaux contribuent à promouvoir les Droits de l’Homme, qu’il ou elle le fasse!

Parmi les derniers exemples, on retrouve le bloggeur Raef Badaoui qui a été  condamné à 1 000 coups de fouet pour “insulte à l’islam” et a été incarcéré en prison, depuis 2010. Pensons aussi à Ali Mohammed al-Nimr, 20 ans. Il va être décapité et son corps sera attaché à une croix parce qu’il ferait partie d’une organisation terroriste mais selon sa famille, il payerait (en réalité) pour son oncle, un haut dignitaire chiite très critique envers la monarchie saoudienne. Et pendant ce temps, l’ambassadeur du pays présidera le panel du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU…

Alors voilà, on en est là.

Qu’y a-t-il à rajouter à part que les pays dits civilisés refusent de contester cette nomination. Y a-t-il des jeux de coulisses payants pour des élites sombres, avec cette nomination? L’Arabie Saoudite a-t-elle des comptes à régler et des dossiers à faire disparaître, via cette présidence suspecte?

Est-ce que l’Arabie Saoudite va profiter de cette fenêtre d’opportunité pour taper sur la tête des pays qui l’ont mal fait paraître, au cours des dernières décennies? Par exemple, est-ce que le panel va être encore plus sévère avec le Canada pour son traitement historique des autochtones? Ça pourrait faire assez de bruit pour enterrer toutes les actions questionnaires ayant cours… en Arabie Saoudite, non?

Enfin, que de spéculations…

Pour l’heure, rien n’est certain à part le fait que Faisal bin Hassan Trad va présider son panel sans être embêté par qui que ce soit.

Reste à voir si l’ambassadeur aura la latitude morale que ce poste stratégique suppose afin de défendre comme il se doit, les Droits de l’Homme.

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