Bayer AG a récemment acquis l’herbicide Round-Up dans le cadre d’un rachat de Monsanto à hauteur de 63 milliards de dollars. Toute le monde en a entendu parler.
La nouvelle a fait le tour du monde et plusieurs actionnaires de Bayer étaient mal-à-l’aise avec l’achat d’une compagnie comme Monsanto. Et bien, Bayer a de nouveau été reconnu coupable par un tribunal de Californie pour ne pas avoir informé les clients que leur produit, le Round-Up, pouvait provoquer le cancer. L’administration Trump, d’autre part, veut que cette décision soit annulée.
Pour l’image surfaite du président Trump qui se voudrait bienveillant pour sa population, on repassera.
Pour bien comprendre, il faut remonter en août 2018 quand Monsanto a perdu son premier grand procès où il était allégué que l’ingrédient actif de son herbicide Round-Up causait le cancer. Dewayne Johnson, un jardinier de Californie, a soutenu avec succès que Monsanto avait caché des preuves d’un lien avec le cancer dans des documents antérieurs et que Round-Up était la seule cause possible de son lymphome non hodgkinien.
À ce moment, le jury californien avait décidé que la société Monsanto avait agi avec «malveillance» et avait donc été condamnée à payer 289 millions de dollars US en dommages et intérêts, car ils argumentaient que le glyphosate, l’ingrédient actif du Round-Up «ne provoque pas de cancer».
On peut d’ailleurs assimiler cette même malveillance à Trump, contre son propre peuple, au moment où il vole à la rescousse de Monsanto, maintenant propriété de l’allemande Bayer.
Depuis ce jour de grande victoire contre le pesticide Round-Up, des milliers de plaignants ont commencé à poursuivre Monsanto pour avoir causé leur lymphome non hodgkinien. L’un de ces plaignants est Edwin Hardeman, qui a été le premier à contester Monsanto devant un tribunal fédéral américain.
Le juge qui supervisait le procès d’Edwin l’a même empêché de discuter du passé de Monsanto, de «l’histoire personnelle» de Hardeman et des informations sur les décisions réglementaires, lui interdisant de parler d’autre chose que de savoir si le Round-Up a causé son cancer. Malgré ce que ses avocats considéraient comme un énorme désavantage, il était toujours en mesure de faire valoir son point de vue et a réussi à remporter le procès contre Monsanto où il d’ailleurs reçu 25 millions de dollars US.
«Bien que les preuves que le Round-Up cause le cancer soient assez équivoques, il existe des preuves solides à partir desquelles un jury pourrait conclure que Monsanto ne se soucie pas particulièrement de savoir si son produit donne effectivement le cancer aux gens, en se concentrant plutôt sur la manipulation de l’opinion publique et en s’attaquant à quiconque soulève des inquiétudes véritables et légitimes sur la question.» – Edwin Hardeman
L’EPA qui s’entête à clâmer que le Round-Up est “sécuritaire”
Cependant, l’Environmental Protection Agency des États-Unis (EPA) et le ministère de la Justice veulent voir cette décision annulée par un tribunal supérieur, selon un mémoire du Ninth Circuit déposé en décembre 2019.
Sans surprise, les actions de Bayer ont grimpé en flèche immédiatement après.
Dans ce cas-ci (et bien d’autres), l’EPA a travaillé pour Monsanto et Bayer, contre le meilleur intérêt des Américains. Et du monde entier, partout où le Round-Up s’impose.
Au fond, cette décision n’est pas surprenante car Trump a mené toute sa campagne sur l’économie et non sur la sécurité environnementale ou sanitaire. Selon une analyse de l’Associated Press en 2017, près de la moitié des personnes nommées par Trump à l’EPA ont des liens avec le secteur, avec environ un tiers travaillant auparavant comme avocats ou lobbyistes pour des sociétés de produits chimiques ou de combustibles fossiles, comme Monsanto.
Vingt-quatre dérogations à l’éthique ont été signées par Don McGahn, assigné par Trump qui a permis aux anciens membres de l’industrie de superviser les filières pour lesquelles ils travaillaient auparavant. Sous l’administration Obama, près de soixante-dix de ces dérogations ont été signées. Et vlan dans les dents de la sécurité sanitaire du public!
En novembre 2019, un panel de trois juges de la 9e Circuit Court of Appeals des États-Unis a statué que l’administration Trump avait illégalement exclu des millions de tonnes de matières toxiques devant subir un examen de sécurité, y compris des produits courants tels que les produits ignifuges, la peinture domestique et les isolants. C’est très grave.
L’argument de l’administration Trump soutenant leur thèse que l’affaire Hardman devrait être ignorée est que l’EPA de Trump ne classe pas le glyphosate comme cancérogène et que Monsanto et Bayer n’ont donc pas besoin de l’étiqueter comme tel.
Vous avez bien lu.
Trump ne croit pas que le glyphosate soit cancérigène!
Même pas un iota de décence avec le très minimal principe de précaution. Ceux qui croient encore à la fiction du président Trump “bienfaiteur” du peuple américain devraient s’interroger de le voir aussi totalement rompu aux intérêts de Monsanto et de Bayer.
Pourtant, de très nombreuses recherches montrent le contraire. D’ailleurs, dans une méta-analyse récente de 2019, les scientifiques ont découvert que l’exposition au glyphosate pouvait augmenter le risque de développer un cancer du lymphome non hodgkinien jusqu’à 41%.
«Dans l’ensemble, conformément aux résultats d’études expérimentales animales et mécanistiques, notre méta-analyse actuelle des études épidémiologiques humaines suggère un lien convaincant entre l’exposition aux GBH et le risque accru de LNH.» – Luoping Zhang, auteur de l’étude
Une autre étude récente de Environmental Sciences Europe a révélé que l’EPA fonde généralement ses conclusions sur des études réalisées par des organismes de réglementation, tout en ignorant les études indépendantes et revues par des pairs, “dont 70% étaient positives” pour un lien glyphosate-cancer.
«L’évaluation de l’EPA s’est concentrée sur les expositions alimentaires typiques de la population générale en supposant des utilisations légales dans les cultures vivrières et n’a pas pris en compte ni abordé les expositions et les risques professionnels généralement plus élevés.» – Charles M. Benbrook, auteur de l’étude
Il ne semble pas que l’administration Trump permettra au stock de Bayer de baisser en bourse ou du moins, sans livrer un combat, dans le camp de Bayer, avec l’argent des Américains. Ceci dit, plusieurs ont le sentiment que cela n’empêchera pas les victimes de Round-Up de demander justice. Il faudra donc espérer que lorsque ces demandes seront faites, justice sera rendue. Même si Trump a déjà choisi son camp.
Pour bien comprendre la nature de la menace à notre santé que représente le Round-Up, incluant au Québec où nos champs sont arrosés de ce pesticide, voici un article vraiment bien présenté.
Et oui, le Round-Up est bel et bien du poison.
Et n’oubliez jamais qu’en 2013, l’EPA a augmenté massivement la norme de l’industrie de ce qui est considéré comme un niveau «sûr» de glyphosate sur nos aliments, afin de légitimer les énormes quantités utilisées de ce pesticide. Au lieu de réglementer correctement, l’EPA a effectivement augmenté le niveau de sécurité afin que personne ne puisse blâmer l’industrie de nous empoisonner avec des quantités carrément illégales de produits chimiques. C’est la corruption à son meilleur. L’EPA a une longue et sordide histoire où ils font tout ce que Monsanto veut et vous devez vous demander pourquoi ça continue de se produire, aujourd’hui (avec Trump) et comment nous pouvons y mettre un terme.
Au fait, savez-vous ce que fait Monsanto avec un journaliste qu’il n’aime pas?
Selon Carey Gillam: “Monsanto admet qu’ils ont contacté mes rédacteurs en chef et fait des efforts pour me retirer du flux de nouvelles ayant trait à l’alimentation et à l’agriculture, chez Reuters. Ils ont également employé des substituts comme BIO et CropLife dans l’industrie agrochimique qui ont essayé de bloquer et limiter ma couverture. Ils avaient des organisations à but non lucratif comme Academics Review qui écrivaient des articles d’attaque à mon sujet. Ils ont essayé de vilipender et de discréditer mon travail pendant au moins la dernière décennie – après avoir découvert que je n’allais pas perroqueter la propagande qu’ils disséminent via les journalistes qu’ils manipulent.”
Le nouveau livre de Gillam, “Whitewash: The Story of a Weed Killer, Cancer, and the Corruption of Science“, est l’aboutissement de décennies de son enquête sur Monsanto, Roundup / glyphosate et les personnes qui ont contracté un cancer à cause du poison de Monsanto.
Encore des mauvaises nouvelles pour les abeilles.
Une nouvelle étude montre que les insecticides néonicotinoïdes font perdre aux bourdons leur bourdonnement soit le type de vibrations qu’ils produisent lors de la collecte du pollen.
Le Dr Penelope Whitehorn, qui a dirigé la recherche, a déclaré: “Notre résultat est le premier à démontrer des changements quantitatifs dans le type de bourdonnements produits par les abeilles exposées à des niveaux réalistes de néonicotinoïdes.
Nous montrons également que les bourdonnements des abeilles pollinisatrices exposées au pesticide recueillent moins de grains de pollen.”
Le professeur agrégé Mario Vallejo-Marin a déclaré: “Nos résultats ont des implications sur les effets des pesticides sur les populations d’abeilles ainsi que sur les services de pollinisation qu’ils fournissent. Ils suggèrent également que l’exposition aux pesticides peut nuire à la capacité des abeilles à exécuter des comportements complexes, tels que la pollinisation.”
En plus des abeilles, certaines espèces de colibris d’Amérique du Nord sont en déclin sévère et une chercheuse de la Colombie-Britannique dit qu’une cause possible pourrait être le même insecticide qui affecte les abeilles.
Christine Bishop, d’Environnement et Changement climatique Canada, a déclaré que les chercheurs ont commencé à examiner une variété de facteurs qui pourraient être responsables, allant de la perte d’habitat aux changements lorsque les plantes fleurissent.
Le monde selon Monsanto…
LE MONDE SELON MONSANTO (109 Minutes, 2008) est un documentaire incontournable. Initialement publié en français sous le titre Le Monde Selon Monsanto, le film est basé sur une enquête de trois ans de Marie-Monique Robin sur les pratiques des entreprises du monde entier du géant agrichimique américain Monsanto. Le monde selon Monsanto est également un livre écrit par Marie-Monique Robin, lauréate du prix Rachel Carson, qui a été traduit en plusieurs langues.
Continuons à diffuser l’information et à éveiller le monde aux pratiques commerciales insidieuses de la société appelée Monsanto, et comment leurs OGM et pesticides toxiques douteux imprègnent notre système alimentaire et notre environnement – la vérité est que personne ne veut d’OGM. Et Monsanto devrait cesser ses activités.
Dans une analyse erronée basée sur des études financées par l’industrie, l’EPA des États-Unis a jugé que le glyphosate NE PROVOQUE PAS DE CANCER.
L’évaluation contredit la conclusion de la branche cancer de l’Organisation mondiale de la santé, ainsi que des régulateurs californiens, qui ont inclus le produit chimique sur la liste de la Proposition 65 des cancérogènes probables. À la suite de la publication récente de courriels obtenus dans le cadre d’un litige intenté contre Monsanto par des victimes de cancer et leurs familles, qui a révélé une relation troublante entre l’EPA et Monsanto sur des questions impliquant l’évaluation du risque de glyphosate et au fond, ce n’est pas une surprise. Rien n’a changé.
Bienvenue aux États-Unis de Monsanto!
On parles des États-Unis de Trump mais c’était pareil, sous Obama.
Trump a vraiment déroulé le tapis rouge pour Monsanto (depuis 2018). Ne devrait-on pas se considérer chanceux d’être plus facilement empoisonnés par Monsanto ainsi que les OGM et pesticides de l’industrie agro-chimique? C’est le message que Trump a prononcé lors du congrès annuel de l’American Farm Bureau Federation à Nashville, TN, hier 8 janvier 2018.
Voici d’ailleurs le clip de Trump qui, sourire aux lèvres, condamne les Américains à l’empoisonnement au glyphosate:
Comment respecter un président qui ne respecte même pas le droit à la santé de ses propres citoyens?
Tant que Trump continuera d’être le grand défenseur de Monsanto, les Américains sauront à quoi s’en tenir à propos de ses réelles motivations.