La mémoire longue

On entend souvent dire que le passé est garant de l’avenir.

Notre passé a, en effet, une influence sur notre avenir mais l’expression a d’abord rapport avec nos choix ainsi que ceux qui ont été faits pour nous, lorsque nous étions encore des enfants, incapables de mener pleinement tous les pans de notre vie.

Ainsi, les choix que nous avons fait nous ont permis de tester nos limites. En voyant jusqu’ou l’on pouvait aller, avec notre élan du moment, on en venait à se définir.

Dès notre enfance, on s’est défini dans un spectre très large d’aspects de notre vie. Amour, émotions, relations interpersonnelles, préférences artistiques et sportives et même dans ce que nous voulions, dans notre assiette. Ce faisant, nous étions en train de forger la base fonctionnelle via laquelle nous allions pouvoir bâtir notre pleine personnalité, avec nos forces et nos faiblesses. À terme, ce profil qui nous est propre nous aura permis de s’épanouir et de vivre dans des paramètres aussi proches que possible de nos préférences.

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Si on y regarde bien, aussi loin que nous mémoire nous permet de revisiter notre passé, c’est clair que notre avenir était déjà en préparation mais il faut attendre de vivre sa vie pour voir à quel point toutes ces expériences, en apparence un peu insignifiantes, étaient en fait des moments d’une grande importance. Confiance en soi, confiance en ceux qui font partie de notre vie et confiance en la vie, en général, n’arrivent pas en claquant des doigts. Le développement de la confiance est un processus qui permet de sortir de la peur et de vivre dans l’action. Les bons parents font d’ailleurs attention de ne jamais blesser la confiance d’un enfant parce qu’au-delà de toutes les situations, bonnes ou mauvaises, demeure ce potentiel d’apprentissage, du moment que la peur ne paralyse pas l’action.

Pour mieux comprendre cet élément, il importe de dire qu’un enfant, c’est infiniment fort et en même temps, infiniment fragile. Même quand un enfant se montre confiant (trop, parfois), il faut éviter de le faire entrer dans une logique de peur pour le contrôler ou atteindre un autre but, comme le faire taire ou le forcer à suivre une ligne de conduite.

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Les bons parents ont fait appel à l’enfant et à son sens de l’émerveillement, à son amour pour le rire, à sa fascination pour ce qu’il apprend, pour la première fois. C’est ainsi que se tisse la confiance entre l’enfant et ses parents ainsi qu’avec ceux qui font partie de sa vie.

En comprenant l’importance de cette dynamique, on voit mieux pourquoi toutes les autres relations qu’on a, au cours d’une vie, ont une influence, même toute petite, sur la suite des choses. Et c’est pluri-directionnel, à savoir qu’un ami d’enfance peut nous avoir influencé mais il est également probable qu’il ait influencé nos parents et tous ceux qui étaient dans notre vie, à cette époque.

Et notre mémoire nous permet de revoir ces moments passés à travers le filtre de notre vie actuelle.

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Un véritable voyage dans le temps, à travers de notre mémoire. Notre corps ne voyage pas dans le temps mais notre intellect, lui, nous emmène où l’on veut, sans limites. Passé, présent ou futur. Dans la version qu’on conçoit. On y est au moment qu’on le veut.

C’est là qu’on se rappelle des images, des sons, des odeurs, des goûts et des sensations (via le toucher).

Ça nous bouleverse si l’on s’y attarde trop car si l’on a vécu toutes ces expériences une à une, avec toute la charge émotionnelle qui s’y rattache, imaginez la sensation de les vivres toutes, en même temps, avec le vertige de la perspective par rapport au temps présent. Ouf! Ça peut donner un coup, d’où l’utilité de se laisser du temps pour penser et vivre les expériences de manière plus segmentée, pour mieux les comprendre mais aussi pour éviter une surcharge émotionnelle.

On voit dès lors que notre passé ne nous a jamais quitté.

En fait, notre passé nous habite, tout autant que l’instant que l’on vit ou même, l’anticipation d’un futur qu’on imagine, selon le filtre de notre perception du moment.

Si le passé fait toujours partie de nous, les éléments du passé aussi. À savoir nos parents, dans leur version d’avant, avant leurs cheveux gris, nos amis, quand ils portaient leur uniforme de sport et qu’on allait compter des buts, ensemble! Et que dire de toutes ces personnes qui ont croisé notre chemin. Certaines en y laissant un désagréable impression qui nous enseigné que tout le monde n’est pas nécessairement toujours gentil et tous les autres, la grande majorité, qui ont essaimé la gentillesse lorsqu’ils croisaient notre route.

Le passé nous a permis de bâtir qui nous sommes.

Est-ce que c’est assez pour arriver à prévoir notre avenir, notre futur? Peut-être en partie mais certainement pas en totalité car bien plus que notre seul “patrimoine expérienciel” (je viens d’inventer ça) il y a notre capacité d’action qui nous offre l’opportunité d’hybrider plusieurs expériences, connaissances, préférences ou talents pour nous propulser dans une toute nouvelle direction, à peu près complètement imprévisible!

Lorsque nous vivons dans l’action, cette capacité de se prendre en main afin de se réaliser —tel un créateur, le créateur de notre vie— nous sommes capables de grandes choses qui auront pour effet de nous définir.

Les souvenirs meublent nos pensées. Celles-ci deviennent des paroles pour ensuite influencer nos gestes qui définissent, en grande partie, notre action.

Tout est lié.

Et en même temps, tout est possible, à l’extérieur de ce jeu de liaisons.

Ça fait tellement de bien de se rappeler de nos moments agréables du passé. On peut faire le tri pour revenir à ces émotions exaltantes de découvertes, quand on était plus jeune pour mieux apprécier les découvertes que l’on fait en tant qu’adultes, au cours de notre vie. Ces retours dans notre passé nous permettent généralement de se conforter dans l’assurance qu’il existe du bon, au fait humain.

Mais…

Grâce à cette perspective temporelle, on se rend vite compte qu’il y a clairement autre chose que la simple expérience humaine.

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L’expérience spirituelle (non-religieuse) aussi a suivi son cours, au fil des ans. Nous avons tous eux des expériences extra-sensorielles qui nous ont rappelé d’être humbles par rapport à tout ce qu’on ne comprend pas, encore.

Ainsi, ces riche construction de nous-mêmes ne nous quitte pas. Elle a le potentiel de nous plomber ou de nous donner des ailes. C’est largement dans la peur qu’on s’enlise et dans l’action qu’on avance.

Si votre enfant vous demande quoi faire devant une situation qui le dépasse, recommandez-lui d’éviter de sombrer dans la peur qui ne lui amènera rien (même pas le réconfort ou la protection) mais dites-lui de passer à l’action. De faire quelque chose qui lui semble juste et bon. De se définir au lieu de s’effacer.

J’ai reçu ce genre de conseil quand j’étais petit et si je peux influencer des parents à le passer à leurs enfants, tant mieux. À chacun de voir ce qu’il veut transmettre à ses enfants mais dans l’action, tout est possible.

Je peux donc dire, aujourd’hui, que je n’oublie pas ceux et celles qui ont fait partie de ma vie. La toile que j’ai tissé à partir de ces expériences est tout aussi unique que la vôtre et c’est un peu cette “base” qui influence plusieurs de mes actions.

Disons que c’est un peu dans ce sens-là que le passé, dans mon cas, est garant de mon avenir Ceci dit, j’ai davantage de perspective (dû à mon âge et à mes expériences de vie) pour comprendre que ce que j’ai vécu (et que je vis encore) aurait été difficile à prévoir, en scrutant SEULEMENT mon passé.

J’ai été dans l’action et je veux l’être encore. C’est là où je veux être parce que c’est là que je me réalise.

Comme à peu près tout le monde, j’ai souffert de mes peurs et j’ai fini par avoir si mal que j’ai lâché prise et ça m’a redonné l’énergie dont j’avais besoin (mais que je donnais à mes peurs) pour être dans l’action et faire ma vie.

On a tous des rêves mais on a aussi des souvenirs.

Voilà des actifs qui prennent tout leur sens quand on décide de vivre dans l’action.

C’est pour ça que je vous souhaite, à vous aussi, d’avoir la mémoire longue!

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