Ça fait tout près un peu plus de 22 ans que l’adoption de la loi 59 a autorisé l’ouverture des magasins le dimanche, partout au Québec.
Est-ce qu’on retournerait collectivement en arrière, à l’époque où les commerces fermaient le dimanche?
Les avis demeurent polarisés, après ces deux décennies de commerces ouverts, le dimanche.
Il y a les vues des employeurs qui…
- Se positionnent pour augmenter leurs bénéfices via une journée supplémentaire pour vendre leurs produits; et
- Répartir les tâches sur 7 jours au lieu de 6, comme avant l’ouverture des commerces le dimanche.
Et il y a les vues des employés qui…
- Ont une journée de plus pour accumuler des heures (parfois payantes, pour des emplois à la commission mais ils se font rares); et
- N’ont presque plus de vie sociale le dimanche car après avoir travaillé, ils sont épuisés ou trop fatigués pour affronter les soupers de familles et autres moments personnels.
Mais encore plus important, il y a les fameux « clients du dimanche »…
- Ils ont graduellement adopté cette journée pour faire leurs achats de la semaine; et
- Ils ne se passeraient plus de leur « dimanche de shopping ».
Alors les employeurs continuent d’ouvrir leurs commerces le dimanche, d’environ 9h à 17h. Les employés ont des contextes différents, selon l’industrie.
Par exemple, dans le vêtement, les gérants et assistants-gérants sont presque toujours forcés de travailler le dimanche et parfois, certains employés aussi. Il y a une opportunité pour des étudiants de combler l’horaire du dimanche mais encore-là, ce ne sont pas tous les employeurs qui retiennent leurs services, voulant offrir le « même bon service » que la semaine, même si ça épuise indûment les employés qui doivent s’occuper de servir les clients qui se présentent en cette journée normalement dédiée aux loisirs.
Les clients, eux, vont magasiner le dimanche, par plaisir ou encore, par nécessité.
Certains « clients du dimanche » ont même modifié leur propre horaire de travail sachant que les commerces étaient ouverts le dimanche mais d’autres y vont par nécessité parce que la nature de leur travail ne leur laisse que cette journée pour le shopping.
Ainsi, la société est désormais très familière avec le concept d’ouverture le dimanche, pour les commerces et ce, partout au Québec (pas seulement dans les grandes villes).
Serait-il possible —ou réaliste— de revenir en arrière en fermant l’essentiel des commerces, le dimanche?
Certain disent que si les commerces de base, comme les dépanneurs, les stations-services, les épiceries et quelques pharmacies demeuraient ouverts, les autres commerces, beaucoup moins nécessaires, un dimanche, pourraient demeurer fermés.
D’autres disent que les commerces ouverts le dimanche rogneraient sur une partie de l’offre commerciale de concurrents fermés le dimanche et ça créerait des situations embêtantes où certains commerces « ouverts le dimanche » disposeraient d’un avantage systémique. Pas évident!
Mais…
On oublie une raison qui favorise l’ouverture des commerces le dimanche et c’est l’apétit des gouvernements qui peuvent maximiser l’impact de leurs taxes et frais une journée de plus, dans la semaine.
Et oui, le dimanche est devenu aussi payant (et même plus, dans certains cas) que tous les autres jours de la semaine, pour les gouvernements. Comme ils avalisent cette loi, ils sont en conflit d’intérêt mais qu’importe, ils ont légiféré en faveur de l’ouverture des commerces, le dimanche.
Même les gouvernements se défendront d’avoir permis l’ouverture des commerces le dimanche pour des motifs qui leurs semblaient raisonnables, l’entrée massive d’argent émanant de cette législation donne à penser que l’ouverture des commerces, le dimanche, est d’abord une question d’ordre économique, à la faveur du gouvernement.
Et ce, qu’importe le prix social et familial pour ceux qui doivent desservir les clients en cette 7e journée de la semaine.
En ce moment, au Québec, des écosystèmes familiaux entiers souffrent de l’ouverture des commerces, le dimanche. Clairement, l’argent passe avant « le reste ».
Est-ce qu’on a pris la bonne décision, en utilisant le dimanche —comme les 6 autres jours— pour permettre —encore une fois— le magasinage « de masse »? La question se pose parce que pour chaque étudiant qui dit pouvoir gagner quelques dizaines de dollars de plus, par semaine, à cause de son « horaire du dimanche », il y un autre employés « forcé » de devoir composer avec cette réalité commerciale qui a des impacts négatifs, dans sa vie.
En revenant sur la question de l’ouverture des commerces le dimanche, certains pourraient penser que c’est d’envisager une sorte de régression mais les impacts sociaux et individuels de l’ouverture des commerces le dimanche n’est pas à négliger.
Il faudra donc continuer à récléchir à cette importante question de société… et si vous avez congé dimanche, vous pourrez prendre ce moment pour avancer votre propre réflexion!