La compagnie Century Global Commodities détient de nombreuses propriétés de minerai de fer dans la région de Schefferville.
Pour des raisons fiscales et légales, cette société vedette du Plan Nord s’est dotée d’une toute nouvelle structure établie aux Îles Caïmans. Oui, dans un paradis fiscal reconnu!
Elle est pas belle, la vie des riches sociétés qui veulent éviter de payer leur juste part, au Québec et au Canada?
Rassurez-vous, c’est 100% légal mais est-ce que c’est acceptable pour nous, au Québec, de subventionner ce genre d’entreprise étrangère avec des routes, des infrastructures, de la formation de travailleurs et tous les avantages de notre filet social, sachant très bien que ce genre de société n’y contribuera jamais (ou alors très, très peu)?
L’entreprise appelle ça un “projet de continuation”. Ça a été approuvé par les actionnaires (avec une quasi-unanimité) dont les principaux sont des sociétés d’État chinoises que veulent mettre la main sur notre minerai en vue de produire du fer.
Le président de Century Global Commodities se nomme Sandy Chim et il ne veut pas accorder d’entrevue. C’est Pauline Couture, conseillère en communication, embauchée par la compagnie qui a déclaré que celle-ci n’a pas évité les impôts ici dans le passé et n’évitera pas d’en payer, à l’avenir.
C’est une réponse risible quand on sait que désormais, l’impôt sera vraisemblablement payé, en quasi-totalité, dans le paradis fiscal des Îles Caïmans.
Mais ce qui est vraiment drôle (ou décourageant), c’est que la déclaration de Mme Couture est contredite par ses propres documents, déposés à la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario. Century y déclare ouvertement qu’elle se tourne vers les îles Caïmans pour ses “futures opérations non canadiennes qui ne seront pas assujetties aux impôts canadiens“.
Typiquement, une structure d’entreprise de la sorte, aux îles Caïmans, permettra à la Century de facturer certains salaires et frais de gestion à sa filiale au Canada, lui permettant de réduire encore plus ses impôts, ici.
Mais ce n’est pas tout puisque Century dit aussi qu’elle déménage son siège social officiel à Hong Kong. Pour l’heure, les bureaux de sa filiale canadienne, Century Iron Ore Holdings, demeurent à Toronto.
Vraiment cool pour le Plan Nord, avec une société vedette qui se positionne pour piloter sa “croissance” en sol québécois depuis les Îles Caïmans et Hong Kong.
Au fait, où est Philippe Couillard quand on le cherche?
Il demeure probablement caché quelque part, terrifié qu’on le questionne sur cette manœuvre de ses “bons amis chinois” qui viennent, en quelque sorte, de lui faire un gigantesque doigt d’honneur, à lui et aux Québécois.
En clair, on va vous prendre tout votre minerai et souiller le site minier mais pas question d’opérer notre société de manière à contribuer pleinement à notre “société d’accueil”.
L’insulte
Évidemment, Century essaie de se justifier en prétendant qu’elle veut développer ses activités sur le plan international et c’est pour cette raison, boiteuse, au mieux qu’elle s’en va s’établir aux Îles Caïmans.
Souhaitons que les Chinois ne soient pas sous l’impression qu’on croit à leurs mensonges!
Les Québécois sont parfois naïfs mais pas à ce point-là.
Comment se fait-il que Philippe Couillard permette que ce genre de passe-passe ait lieu? Le Plan Nord n’est-il pas censé nous enrichir, collectivement?
Comme c’est parti-là, c’est Century qui va s’enrichir, unilatéralement.
Nous, les Québécois, on va récolter une vulgaire chanson et eux, chez Century, vont pouvoir utiliser leur paradis fiscal pour nous lessiver. Et oubliez leur “responsabilité” environnementale. On sait déjà qu’ils vont se sauver loin dans leur paradis fiscal quand ils auront fini de transformer leur site minier en zone toxique qu’il faudra payer, nous, les Québécois, pour nettoyer.
Il y a de quoi se sentir insulté, en tant que contribuables Québécois.
Ce n’est pas illégal, rappelons-le mais c’est tellement insultant.
Dilemme
Des milliers d’entreprises québécoises et canadiennes vont devoir se demander si elles ne devraient pas, elles aussi, suivre la voie tracée par Century.
On le constate, Century a beau se soustraire à plusieurs obligations fiscales “locales”, elle continue d’être avantagée par Philippe Couillard et ses Libéraux. Pourquoi en serait-il autrement pour toute autre compagnie qui opère, elle aussi, depuis les Îles Caïmans?
Alors il est là, le dilemme. Continuer à opérer d’ici et payer des impôts et taxes en quantité appréciable ou aller ouvrir une compagnie aux Îles Caïmans et épargner des fortunes, au plan fiscal.
Dans le premier cas, la société peut continuer à opérer son filet social et ses services mais dans le deuxième, ça devient impossible. Malgré cette évidence, nos gouvernements ne prennent aucun moyen pour éviter cette saignée fiscale.
À vous de voir si vous êtes à l’aise avec ce schème fiscal, basé dans un paradis fiscal. La réponse du gouvernement libéral à cette préoccupante situation se fait toujours attendre.