Qu’importe la classe sociale à laquelle vous appartenez, vous savez que vous faites partie de l’un d’elles.
Chaque classe sociale a ses caractéristiques mais la richesse demeure le premier facteur de différentiation.
On reconnaît généralement cinq classes sociales:
- Classe très pauvre, sans-emploi, lourdement handicapé
- Classe pauvre, avec un emploi mal rémunéré et de lourdes obligations
- Classe moyenne variant de 40k$ à 70k$ de salaire annuel
- Classe moyenne-riche où l’on retrouve les professionnels, certains entrepreneurs et les fonctionnaires dans des postes de gestion
- Classe riche avec des individus ayant hérité des fortunes ou d’autres qui se la sont constitué, souvent via leur entreprise
On pourrait se dire que tout ce beau monde se parle et se comprend mais ce n’est pas si simple.
Au Québec, les gens sont courtois (pour la plupart) et aiment entretenir de bonnes relations mais même dans un contexte de bienséance généralisé, c’est souvent plus facile de socialiser dans sa propre classe, ou près de sa classe.
Ainsi, une personne appartenant à la classe pauvre saura mieux comprendre la réalité des très pauvres mais aussi, celle des gens appartenant à la classe moyenne. Et avec les autres pauvres, l’approche sera encore plus facile.
En ayant les même points de repère, la socialisation fonctionne de manière plus fluide. On pourrait paraphraser en disant qu’entre pauvres, c’est facile de se comprendre mais la même logique s’applique pour toutes les classes sociales à savoir qu’entre riches, on se comprend plus facilement, aussi.
Même s’il n’existe aucune règle officielle empêchant les gens de classes différentes de se parler, de se fréquenter ou de faire des affaires ensemble, le système de classes sociales marque une ligne imaginaire qui se franchit difficilement, dans plusieurs contextes.
Par exemple, combien de fois voit-on une membre plus pauvre d’une famille refuser de demander de l’aider à une autre membre de la même famille qui, très facilement, pourrait lui venir en aide? C’est une épidémie dans notre société égocentrique et la personne pauvre souffrira inutilement au point de s’en remettre au suicide avant de ravaler son capital de fierté personnelle pour s’abaisser à demander de l’aide… même si cette aide est demandée à un membre de la famille qui a des moyens financiers tels que procurer de l’aide serait extrêmement facile.
C’est un problème très grave parce que la répartition de la richesse favorise unilatéralement la classe riche qui continue de s’enrichir à un rythme effarant pendant que les autres classes, surtout les trois plus basses s’appauvrissent, à la même vitesse.
La concentration de la richesse ne fonctionne pas, socialement.
Lorsque les riches s’enrichissent encore plus, on remarque qu’ils ne ruissellent pas leur richesse (vers les classes sociales sous la leur, via des emplois payants ou des investissements plus risqués, pour faire tourner l’économie), au contraire, ils la concentrent dans des placements souvent gérés à l’étranger. Leur bonheur personnel est assuré, à vie mais celle des autres ne les concerne pas ou alors, très peu.
Il ne faut pas en vouloir aux membres de la classe riche.
Ils ne font que jouir de leur fortune. Pour eux et via des mécanismes qui les avantagent, eux. Des châteaux dans les campagnes ou dans les quartiers élitistes, des écoles hors-de-prix pour leurs enfants, des voitures au luxe sans fin, des voyages partout dans le monde, de la nourriture fine, de la technologie en quantité et des bijoux! Oui, la vie au 7e ciel de la richesse monétaire.
Comment leur en vouloir?
Ce serait facile de leur demander de se comporter de manière responsable avec leur argent et la réinsérer dans l’économie, pour leur bénéfice mais aussi celui de ceux qui comptent sur leur habileté à ruisseler leur fortune dans la société mais ce n’est pas comme ça que les riches pensent.
Ils sont riches alors ils vivent la grosse vie.
Aucune limite et entre-eux, ils s’assurent de multiplier leur fortune. L’un donne de gros contrats à l’autre. Et vice-versa. L’ami-politicien s’assure de maintenir un maximum d’échappatoirs fiscaux pour les riches et lorsqu’il quitte la politique active, un emploi de rêve l’attend, au privé. L’ascenseur revient et la population, médusée, peine à croire au subterfuge de coulisses, tellement ça paraît “incroyable” et pourtant, c’est ainsi que les riches s’assurent de gagner, sur tous les fronts.
Et c’est bien correct ainsi.
Les riches ne voient aucun problème à voir leur fortune croitre sans cesse. La politique les avantage. La fiscalité les avantage. Les autres classes s’appauvrissent et finissent par offrir leur travail à des prix vraiment bas, ce qui, encore une fois, avantage unilatéralement les riches.
Alors tout va bien… jusqu’à ce que les autres classes sociales en aient assez de régresser, continuellement, depuis des décennies.
On peut imaginer que cette trame de fond alimente une dichotomie sociale où les riches veulent se protéger des autres classes sociales parce qu’ils savent que le jour où ils comprendront l’ampleur des inégalités, ils pourraient en être choqués… genre vraiment contrariés.
Mais bon, ça ne risque pas d’arriver parce que c’est bien connu que les très pauvres ne font aucun bruit et n’ont à peu près aucune représentation politique digne de ce nom, le pauvres sont trop occupés à survivre et donc, n’arrivent pas à se mobiliser, la classe moyenne essaie de sauver les apparences et en ce sens, ne ménagera aucun effort pour plaire au patron, quitte à ruiner leur vie personnelle pour continuer à occuper leur emploi (et c’est bien normal, vu l’incroyable concurrence pour les “bons emplois”) et il reste la classe moyenne-riche où l’on retrouve, parfois, des gens qui ont à la fois le temps de penser et les moyens de leurs ambitions.
Autrement dit, les riches ont le beau jeu car ils ont tout le temps du monde pour penser, être patients et faire leurs acquisitions (ou ventes) aux meilleurs moments. Rien ni personne ne peut menacer leur pouvoir économique, politique et psychologique sur le reste de la population.
La classe riche domine et les autres classes obéissent. Parfois en rouspétant mais au final, l’argent achète le consentement. Tout le monde a son prix. Certains s’offrent à des prix de famine et d’autres pour un maximum de compensation salariale et d’autres “avantages”. À chacun ses demandes pour livrer sa pleine mesure.
Et ainsi se perpétue le système de classes, dans notre société.
Avec ses avantages où les rapprochements intra-classes sont facilités mais aussi, ses désavantages où les contacts inter-classes sont moins évidents.
Certes, un pauvre peut entretenir des contacts avec des riches. Il peut s’agir de beaux messages-Facebook à propos de la température ou encore, une invitation à aller prendre un café, histoire de rire et de passer du bon temps mais attention de ne jamais, au grand jamais, parler d’argent. Les deux univers sont trop différents! Par exemple, le pauvre qui ne voyage jamais aura à ravaler sa fierté quand il entendra parler des huit derniers voyages de son “ami” riche… dans la dernière année.
Ainsi, il y a une zone de confort où c’est plutôt facile de parler avec tout le monde, qu’importe la classe sociale mais quand ça vient le temps de parler d’argent, là, les plus riches se trouvent des raisons pour dévier la conversation ou y mettre fin parce qu’ils se doutent qu’au fil de cet échange, ils pourraient se voir plus ou moins forcés de ruisseler une (infime) partie de leur fortune pour le bénéfice d’une autre personne. Ce serait bien dommage parce qu’ils ont déjà assigné ce 30,000$ (par exemple) pour leur prochaine escapade dans un luxueux resort de l’île de Ste-Lucie, dans les Caraïbes.
Et comme cette logique “je-me-moi” des riches est connue de tous, les autres classes ne perdent même plus leur salive à essayer de les convaincre du bien fondé de les encourager… ils se content désormais d’apprécier les personnes pour ces petits moments où l’on parle de température et de sujets n’ayant rien à voir avec l’argent.
Dans une moindre mesure, on retrouve le même genre de dynamique entre les très pauvres et les pauvres qui, sans être riches (loin de là) sont quand même un peu plus riches que les très pauvres. Il n’est alors pas rare de voir le pauvre changer de sujet lorsque le très pauvre essaie de voir s’il n’y aurait pas moyen d’obtenir une aide financière ponctuelle. Le même comportement qu’on retrouve (trop souvent) chez les riches se retrouve donc, aussi, chez les pauvres lorsque sollicités par les très pauvres.
On constate donc que le problème n’est pas tant l’argent que l’égocentrisme extrême.
Dans une large part, nos valeurs liées à la famille et à l’entraîde ont été remplacées par des valeurs individualistes où tout tourne autour du nombril de tous et chacun.
Tu as un problème? Vas voir le gouvernement. Pas ta famille, pas tes amis… le gouvernement. Ils y a sûrement un “programme” pour ton problème, pas vrai?
Notre individualisme favorise une taxation maximale pour alimenter un gouvernement boulimique censé régler tous les problèmes mais quiconque a tenté d’avoir recours aux services du gouvernement sait que ce n’est rien, comparé à la puissance d’une famille qui travaille ensemble, dans un contexte socialement axé sur l’entraide.
Et pourtant, on pousse le modèle égocentrique à fond, sachant qu’un jour ou l’autre, le balancier risque de revenir nous hanter à savoir qu’au moment où nous aurons besoin des autres, ils seront aussi absents que nous l’étions lorsqu’ils nous demandaient de l’aide (d’une manière ou d’une autre). Sans être bonasses, il y a moyen de (tenter de) faire abstraction des classes sociales pour explorer de manière plus complète le potentiel de nos relations inter-classes, quitte à s’impliquer financièrement dans le succès des autres (ce qui nous revient à peu près toujours, de toute manière, sous une forme ou une autre).
Ne croyez pas que les choses vont changer rapidement.
Il s’agit simplement de voir à quel point les classes semblent incompatibles mais avec un peu de bonne volonté, nous pouvons tous faire des efforts, à notre mesure, pour bâtir avec les autres au lieu de s’isoler.
Ensemble, nous sommes forts et seuls, nous sommes faibles.
Les riches le savent et c’est pour ça que nos nouveaux milieux de vie sont conçus pour de toutes petites unités familiales. Studios, condos, appartements et maisons de petites tailles pour un ou deux adultes et parfois, un enfant mais plus que ça, le prix explose. Comme les restaurants où les tables accommodent au maximum quatre personnes mais au-delà de ça, c’est compliqué. Un autre signe de la guerre contre les familles parce que c’est bien compris par les riches, l’humain se contrôle mieux lorsqu’il est seul, fragile et nécessairement plus vulnérable alors tout, en société, est transformé pour valoriser l’individualisme.
Il n’y a pas de fin à l’arrogance de l’humain contre le meilleur intérêt du fait collectif de l’humanité. La matrice sociale actuelle n’a qu’un seul but, concentrer la richesse, vers le haut de la pyramide sociale. Les gouvernements qui prétendent vouloir “aider” les pauvres le font parfois mais même là, les dizaines de milliards de dollars en budget pour la “santé” vont surtout dans les poches des élites de la santé et dans celles des “fournisseurs” de leurs “actes” et “traitements”. Comme le complexe militaro-industriel qui profite des conflits (réels ou provoqués), le complexe médico-pharmaceutique comprend l’importance de donner l’impression de “sauver des vies” pendant qu’ils nous forcent à nous endetter pour financer leur version de la “santé”.
Ces forces conditionnent nos vies et les plus riches s’extirpent de ce piège en utilisant leur argent pour se payer un niveau de service à leur mesure. Ceux qui ne peuvent pas avoir accès à ce niveau se résignent à suivre le chemin plus ou moins médiocre qui a été prévu, pour eux. La maladie des uns augmente la richesse des autres. Même chose en toutes choses. Malheureusement.
Ça rend les gens cyniques, froids et calculateurs.
Et ça fait vraiment l’affaire des riches de voir les gens fermer leur cœur parce qu’ils se savent désabusés et trahis mais ne savent pas comment le dire avec des mots. Cette frustration tue notre humanité et facilite la prise de contrôle des élites sur “le reste” de notre société qui sombre dans sa servitude malsaine.
On en est là.
Les masses courent dans la labyrinthe pour survivre et obtiennent de petites douceurs, de temps en temps, pour oublier à quel point il est insoutenable de vivre sa vie en esclave à l’argent, cette fiction inventée et contrôlée par l’élite, pour son enrichissement. L’argent est l’outil ultime d’asservissement des masses, par les élites et c’est probablement parce que c’est si bien caché qu’autant de monde peine à reconnaitre l’aspect subversif de ce qui passe, parfois, dans notre portefeuille, avant de repartir vers les coffres des maîtres de ce jeu où ils sont, ultimement, les seuls à gagner.
Peut-être qu’au fond, les classes sociales sont compatibles. Peut-être.
Il y a tellement de gens de classes différentes qui entretiennent des relations, aussi superficielles soient-elles, qu’il y a peut-être un espoir que les classes finissent par s’hybrider assez pour qu’elles puissent être abolies pour faire place à des liens sans les frontières artificielles créées par l’importance de son patrimoine financier.
Il va falloir demeurer attentif pour voir si tout le monde a suffisamment le gout de sortir de cette puissante matrice de contrôle social pour la briser et la remplacer avec de l’humanité.
Pour l’heure, on peut conclure qu’à plusieurs égards, les classes sociales sont incompatibles mais sait-on jamais, nous sommes peut-être en route vers un monde où l’esclavage sera réellement aboli et où l’humain aurait plus d’importance que l’argent.
Ça reste à voir mais c’est encourageant de penser qu’il y a mieux et qu’on pourrait, collectivement, vouloir tendre vers un modèle social plus inclusif.