FutureShop ferme deux magasins de la rive-sud de Montréal

Le 30 janvier 2014, une journée avant la fin de son année fiscale, on se rappellera que BestBuy a licencié quelques 950 employés, aussi bien dans ses bannières BestBuy que FutureShop.

Le géant de la revente d’électronique au détail assurait que ces coupes seraient suffisantes pour remettre l’entreprise sur les rails. On voit aujourd’hui que les gestionnaires de BestBuy ont eu tort et avec la fermeture des FutureShop de Boucherville et de Greenfield Park où était établi le “centre de liquidation” pour l’ensemble des magasins de la région de Montréal.

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Un peu comme lors de la fermeture de 15 magasins, l’an dernier, les employés n’avaient aucune idée que leur magasin fermerait ses portes et pourtant, ce matin, ils se rendent compte que la totalité de l’inventaire de leur magasin a été vidé et toutes les portes et fenêtres sont placardées.

Certains pourraient penser qu’il s’agit d’une méthode passablement sauvage de fermer un magasin et ce serait difficile de les contredire.

logo-tuac-frLa direction de FutureShop —qui est une propriété de BestBuy— prétend qu’il s’agit d’une fermeture de deux magasins “peu performants” de la rive-sud de Montréal mais l’histoire pourrait être plus compliquée car on sait que la quarantaine (40) d’employés du magasin de Boucherville avaient reçu l’aide du syndicat des Travailleurs unis de l’alimentation et du commerce (TUAC) pour demander une accréditation syndicale, le 12 juin 2014… il y a quelques semaines.

En fermant le magasin de Boucherville, FutureShop aurait-il voulu couper-court à cette démarche légitime de syndicalisation de ses travailleurs?

Il se pourrait que cette question doive être tranchée par un juge puisque si l’on se fie à l’affaire du Wal-Mart à Jonquière qui avait, lui aussi, été sauvagement fermé parce que des travailleurs voulaient se syndiquer, il y a peut-être des faits, concernant cette fermeture, qui vont devoir être révisés dans le contexte où les employés de ce “big box” étaient bien accompagnés (par les TUAC) en vue de réussir leur processus d’accréditation syndicale.

Si les TUAC avaient réussi à syndiquer un seul magasin FutureShop, une vague de syndicalisation aurait pu prendre de la vitesse, à travers tous les magasins du pays. C’est peut-être ça que la direction de FutureShop voulait éviter, à tout prix mais pour l’heure, il n’y a encore rien de prouvé.

Pour d’autres employés de FutureShop qui voudraient se syndiquer, à travers le pays, le message est clair à savoir que ceux qui déposent, avec succès, une demande d’accréditation syndicale pourraient voir leur magasin fermer sauvagement ses portes.

Ainsi, c’est bien beau de vouloir un syndicat mais si le patronat ferme les portes du magasin pour éviter l’arrivée de celui-ci, c’est embêtant. Ne plus avoir d’emploi n’intéresse personne, à priori… même si la cause défendue, elle, en vaut la peine.

Précisions qu’un syndicat, comme les TUAC, pourrait négocier de manière plus musclée pour défendre les droits, avantages et compensations financières des employés. Surtout dans une bannière “big box” comme FutureShop et encore plus chez BestBuy où les employés n’ont même pas de commissions… même lorsqu’ils arrivent à vendre les fameux “plans de service” ou les “installations en atelier” qui représentent une importante part du profit généré.

Il faut dire qu’en regardant froidement la situation, les FutureShop sont en train de se transformer en BestBuy où les salaires sont ridiculement bas et où les conditions de travail sont passables mais minimales. La direction ne se prive de rien mais les employés comme les commis ou les vendeurs, eux, n’ont pas cette chance.

Imaginez l’arrivée d’un syndicat dans un tel établissement.

Rapidement, les rapports de force seraient rétablis et les employés seraient capables de se faire entendre parce qu’en ce moment, si l’on se fie à l’approche sauvage avec laquelle la direction de FutureShop ferme ses magasins, les employés ne pèsent pas lourd dans la balance.

De plus en plus de Québécois sont très mal-à-l’aise à l’idée d’encourager un FutureShop ou un BestBuy parce qu’en y achetant des produits, ils enrichissent la direction qui, en retour, en donne le moins possible aux employés. Toujours dans le sens du “minimum exigé par la loi“. Légal… mais pas une cenne noire de plus. C’est ça, le genre d’entreprise capitaliste sauvage qu’on veut, au Québec? Peut-être pas alors dans ce contexte, la syndicalisation prend tout son sens.

Il y a eu une époque où les employeurs étaient plus généreux et où la venue d’un syndicat n’était pas aussi pressante mais aujourd’hui, les salaires des employés baissent rapidement alors que ceux de la direction continuent d’augmenter. C’est un non-sens qu’un syndicat pourrait aider à régler avec un rapport de force réel, comparé à la situation actuelle où les employés doivent accepter ce que l’employeur offre. Point final (à part de rares exceptions, surtout pour des emplois de direction où il peut être question d’un avantage supplémentaire, comme une semaine de congé de plus, par année ou 1$ de plus, de l’heure… des pécadilles, en fin de compte).

On se comprend, la situation des employés n’est pas nécessairement mieux ailleurs car les patrons n’y agissent pas forcément mieux mais FutureShop agit de manière très particulière et la population québécoise s’en rend compte, d’où l’énorme malaise qui s’installe, contre eux.

C’est peut-être vrai que les magasins de Boucherville et de Greenfield Park ne fonctionnaient pas si bien que ça mais une autre hypothèse émerge soit celle où la direction aurait fermé Boucherville pour éviter la venue d’un syndicat d’employés et Greenfield Park et bien, c’était pour éviter de ne fermer que LE magasin réclamant une accréditation syndicale.

Au fond, les patrons de FutureShop aiment bien leur formule actuelle où ils dictent absolument tout. On peut comprendre qu’ils voient d’un mauvais œil la venue d’un syndicat parce que leur petit “règne unilatéral” contre les employés pourrait s’écrouler. Une situation “au jour le jour” où l’on imagine que les patrons ne se gênent pas pour “encouragent fortement” leurs employés à atteindre des cibles sans cesse plus exigeante sous peine de devoir faire des choix entre “les meilleurs” et ceux qui ne le sont pas… même de façon subtile, selon le style de gestion du patron en place.

Le “cercle de l’excellence” où les vendeurs sont notés serait-il, en fait, une sorte de “cercle de contrôle” des patrons, sur les employés? Cette course-folle à la performance continuellement rehaussée aurait-elle des impacts négatifs sur les employés? Poser la question, c’est un peu y répondre mais à l’évidence, la situation profite tellement aux patrons que l’idée qu’un syndicat puisse mettre le poing sur la table pour exiger des conditions décentes, au travail, a tout pour les incommoder… au point où ils seraient prêts à fermer un magasin sur le point d’être syndiqué?

Peut-être mais il ne s’agit que d’une curieuse coïncidence, pour le moment.

Ceux qui veulent mieux comprendre ce qui se passe dans un FutureShop, au chapitre de l’ambiance de travail et des jeux de pouvoir qui s’y trament peuvent consulter le site anglophone Glass Door qui permet aux employés de parler des bons et des mauvais côtés de l’employeur. On y trouve de tout. Du bon comme du beaucoup moins bon. On apprend aussi comment les patrons s’y prennent pour mettre de la pression sur chaque employé et sur les équipes.

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Les employés des bannières restantes de FutureShop se feront sûrement rassurer pour leur emploi. La logique voudra qu’avec ces deux fermetures, la bannière renouera —enfin— avec le niveau de profit désiré par les actionnaires mais ce n’est pas si simple, les Québécois ne sont pas dupes et ne retourneront peut-être pas de sitôt dans un FutureShop. Qui plus est, l’économie ne se porte pas mieux et l’endettement des ménages continue de fracasser des records.

BestBuy continue de générer beaucoup d’argent et d’être profitable pour ses dirigeants et actionnaires. Le “ménage” se fait, encore et toujours, sur le dos des petits salariés.

Est-ce que ce dernier épisode de fermeture sauvage de magasins sera le dernier?

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Une réponse

  1. Bonjour;
    Pendant que j’étais de fouiner un peu sur le net et j’ai tombé sur votre blog et je trouve ça pas mal intéressant ce que vous écrivez et je me suis dit que je vais laisser un commentaire.
    Vous avez fait mention du Plan de service et aussi du cercle d’excellence, aviez vous travaillez pour futurechop dans le passé?
    Voyez moi j’ai travaillé pendant 10 ans pour eux et le 30 janvier de cette année, dans une licenciement collectif, ils m’ont coupé paff d’un coup sec. Par contre dans mon cas, je soupçonne le directeur du magasin derrière tout ça car quelque mois avant j’ai subi du harcèlement et de malversation qui me poussent à croire qu’il est derrière ca… En faite j’ai été victime d’un putsch dérivé de la partisanerie compatriotique et du protectionniste.
    Alors tout ça pour vous dire que ce n’est pas toujours vrai ce qu’ils disent han? Tout ce que vous dites dans votre blogue est vrai. Car je vous parle en connaissance de cause. Ils se croient toujours avoir raison et pourtant ce n’est pas toujours le ca.
    Et voila.. C’était mon commentaire pour votre blogue sur Futureshop.
    Wesner

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