L’heure de se reposer

Les québécois qui travaillent préfèrent ne pas compter leurs heures mais quand ils le font, ils trouvent souvent qu’ils s’investissent un peu trop, professionnellement.

Entre 35 heures par semaine et 40, il y a un 5 heures qui peut mener à l’épuisement parce qu’un travailleur qui ne se repose pas assez souvent perd inévitablement en productivité. Les humains que nous sommes ne peuvent pas être utilisés comme des machines ou du moins, pas sans de graves conséquences sur notre personne ainsi surexploitée.

Lorsque le nombre d’heures de travail par semaine dépasse les 40 heures, là, c’est clairement du surmenage. À moins qu’il ne s’agisse d’un emploi particulièrement facile, toute heure en supplément du seuil de 40 heures par semaine aura des conséquences négatives sur le moral et la santé du travailleur… ou plus spécifiquement, sur l’humain qui occupe l’emploi.

Ce serait merveilleux pour les employeurs qui aiment repousser les limites d’heures par semaine si les humains étaient des machines! Finis les pauses, les dîners et les congés-maladie! Et ça arrivera, graduellement, pour différents segments du marché de l’emploi car l’automatisation est déjà une réalité dans les usines et dans les technologies de l’information. Il y a alors de nouvelles opportunités d’emploi pour vendre, programmer et entretenir ces robots aux diverses formes mais bon, l’automatisation fait le bonheur des patrons qui exigent désormais un “up-time” de 100%, des robots ou des ordinateurs. Est-ce pour ça que l’appellation “travailleur” est désormais assimilée à celle de “ressource humaine”? L’humain n’est-il devenu qu’une “ressource” parmi d’autres? Si c’est le cas, pas surprenant qu’autant de patrons banalisent l’impact des 40 heures et parfois plus qu’ils “exigent” de leurs… ressources humaines!

Il y a donc une sorte de guerre ouverte contre le repos avec le nombre d’heures de travail comme première salve mais ce n’est pas mieux pour nos enfants qui cumulent une journée complète à l’école avant de revenir le soir, à la maison, pour faire encore des travaux d’école, souvent pendant plus d’une heure, à un moment où ils sont fatigués de leur journée. En fait, à part les personnes âgées qui se bercent dans une chaise à longueur de journée, à peu près tout le monde est surmené, dans notre société moderne où chaque nouvel item technologique a le potentiel pour nous sauver du temps… ou de nous en prendre.

Quiconque veut se reposer, après ses trop longues heures passées au travail, risque —encore— de se faire déranger. Un téléphone ou un courriel du travail, auquel il faut “absolument” répondre peut casser et gâcher le rythme d’un moment qui aurait dû être consacré au repos ou à tout le moins, à autre chose que le travail. Plusieurs travailleurs appellent d’ailleurs leur téléphone mobile une sorte de “laisse électronique” en laissant entendre, à mots cachés, qu’ils sont les esclaves fonctionnels de quelqu’un d’autre et non les maîtres de leur propre personne. C’est très triste comme vision des choses mais c’est un regard assez juste, au final, sur une situation professionnelle qui empiète toujours plus sur les moments de vie privée et de repos.

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En tant que société dite moderne, il va falloir se demander ce qu’on gagne, individuellement et collectivement, à tolérer l’épuisement systémique d’autant de gens qui, en théorie, devraient pouvoir disposer de suffisamment de temps pour profiter pleinement des fruits de leur labeur. En ce moment, les gens travaillent pour payer de lourdes dettes et ne profitent que de façon marginale ou presque accidentelle de leur maigre salaire. Le temps pour penser et apprécier la vie est remplacé par du stress au travail et l’écho de ce stress dans les autres sphères de sa vie.

Le manque cruel de repos chez tant de gens fait les choux gras, entre autre, de la mafia pharmaceutique qui ne “guérit” aucun mal mais qui offre ses “traitements” pour ceux-ci, en créant, au passage et autant que possible, des “clients à vie” qui seront abonnés à leur cocktail de pilules pour “minimiser les symptômes” ou les “contrôler”… mais rarement pour “guérir le mal” à l’origine des fameux symptômes ou “effets observables”.

Autrement dit, notre santé n’est plus une préoccupation pour le patronat parce qu’en fin de compte, une “ressource humaine” trop souvent malade ou autrement improductive, ça se remplace. Tant de gens sont si malheureux dans leur emploi qu’ils sont continuellement prêts à en entreprendre un autre, en pensant que ce sera mieux mais les rêves de jours meilleurs sont trop souvent remplacés par une réalité prenante qui n’offre, finalement, rien de mieux qu’avant. Et la mafia pharmaceutique se frotte les mains en sachant fort bien que ces travailleurs mangeurs de “repas rapides” qui ne prennent même plus de temps de bien mastiquer leur nourriture finiront par tomber, d’une manière ou d’une autre et là, un “bon” médecin, “pusher” de médicaments leur signera un papier qui les abonnera à une quelconque drogue chimique aux multiples effets secondaires pour traiter les symptômes d’un mal qui, lui, ne sera jamais vraiment adressé parce que pour guérir le mal, il faudrait CHANGER DE VIE et revenir à un rythme de travail plus cohérent, pour un humain… mais peu de patrons accepteraient ça!

Évidemment, il y a des compagnies pharmaceutiques plus honnêtes que d’autres et des médecins qui tentent de voir au meilleur intérêt de leurs patients, soit via la guérison de leur mal. Il vous appartient de les trouver!

Un sage a déjà dit, fais aux autres ce que tu voudrais qu’ils te fassent. C’est très cohérent pour quiconque valorise sa propre humanité tout en réalisant l’importance des “autres”, dans son expérience humaine. On traite bien les autres parce qu’en retour, on s’attend à être bien traités par eux. Il y a d’infinis degrés à cette logique. Certains l’appliquent bien et d’autres, non. Dans ça comme dans autre chose, il y a moyen de changer, d’évoluer mais plus on progresse dans la vie, plus on se rend compte que “les autres” ne devraient avoir qu’une influence “périphérique” sur notre vie alors que c’est à nous que revient, au premier chef, la responsabilité d’orienter notre vie loin de ceux qui entendent nous exploiter, au point où nos moments de repos sont sérieusement compromis, avec toutes les conséquences que ça entraîne.

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Plus que jamais, il faut réfléchir à l’importance du repos.

Les gens qui disent vouloir se “défoncer au travail” et ensuite, se “défoncer dans les loisirs” sont souvent ceux qui, par manque de repos, finissent par “frapper leur mur” les premiers! Quel plaisir y a-t-il à continuellement menacer sa propre santé physique et psychologique à vouloir paraître “plus grand que nature”? Assurément, il y a des raisons, peut-être pas toujours les bonnes mais chaque personne doit comprendre, à sa mesure, l’importance vitale des moments de repos. Sans ces moments, tout est compromis, pouvant aller jusqu’à la vie de l’individu. Qui veut perdre sa vie pour satisfaire un rythme professionnel intenable? Quel patron vaut la peine qu’on passe sa vie à réaliser ses rêves pour mettre les nôtres au placard… trop souvent pour toujours? À quoi bon recevoir un salaire si c’est pour passer à côté de sa propre vie?

N’allez pa poser ces questions à une association de patrons car ils prendront ça comme un signe de “faiblesse” et du “pleurnichage” anti-travail. L’étroitesse de leur discours cache bien leurs secrets comme le fait que malgré les heures plus nombreuses qu’ils cumulent dans leur emploi de patron, ils reçoivent des compensations bien plus élevées que celles de leurs employés ce qui leur permet, ensuite, de vivre sans les stress du manque d”argent ou du manque de ressources. Les patrons vivent dans un luxe généralement inaccessible à leurs travailleurs mais ça, ils n’en parleront jamais. Ils préfèrent faire semblant qu’ils sont “comme les autres” et qu’ils “donnent l’exemple” en travaillant plus d’heures…

Ainsi, les travailleurs doivent trouver la force de se respecter, en tant qu’humain avec des forces et des limites, avant de dire “oui, patron”. À force de dire “oui” au patron, l’individu dit “non” à son propre temps de repos, à ses rêves et… à son meilleur intérêt. Oui, il y aura peut-être quelques dizaines ou centaines de dollars de plus sur le chèque de paie… mais à quel prix?

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Sans son repos, l’humain ne retrouve pas l’équilibre dans sa vie dont il a besoin pour livrer la pleine mesure de son génie et la performance professionnelle qui va avec.

Les patrons des compagnies parmi les plus prospères, dans les sociétés occidentales misent justement sur de généreuses périodes de repos parce que ça permet à leurs travailleurs de revenir au travail avec toute l’énergie positive, la créativité et l’entrain pour livrer un travail généralement impeccable.

Passer outre l’importance du repos, c’est faire un affront à l’expérience humaine telle qu’elle devrait être vécue.

Au fil du temps, les robots et les ordinateurs nous offrent une opportunité unique de réaligner les mécanismes de distribution de richesse de notre société pour permettre des semaines de quatre (4) jours ou des journées de six (6) heures afin que le repos puisse avoir lieu pour tous mais d’ici là, il ne faut pas que les gens s’oublient en se consacrant trop à un seul aspect de leur vie… au détriment des autres.

Tout le monde a sa propre relation avec le repos mais ill vous appartient de façonner la vôtre, en priorisant, autant que possible, votre meilleur intérêt.

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